Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Las horas muertas
Père : Aaron Fernandez
Livret de famille : Kristyan Ferrer (Sebastian), Adriana Paz (Miranda), Eliseo Lara Martínez (Jacinto), Fermin Martinez (Gerry), Bertolo Campos (Severino), Rebeca Villacorte (Lucha), Norma Pablo (Maria)…
Date de naissance : 2013
Majorité : 23 juillet 2014 (en salles)
Nationalité : France, Mexique
Taille : 1h40
Poids : Budget NC
Signes particuliers : Drame lancinant calqué sur le rythme de son sujet, Palma Real Motel est une échappée hors du temps séduisante mais un peu vaine au bout du compte.
BALADE HORS DU TEMPS À VERACRUZ
LA CRITIQUE
Résumé : Sur la côte de Veracruz, Sebastian, 17 ans, doit reprendre seul la direction du petit motel de son oncle. Il loue les chambres à l’heure à des couples adultères et des amants de passage. Parmi eux, une belle jeune femme, Miranda, vient régulièrement retrouver un homme marié qui lui fait souvent défaut. Pendant ces heures creuses, Sebastian et Miranda font peu à peu connaissance et laissent s’installer entre eux une troublante complicité. L’INTRO :
Non, Palma Real Motel n’est pas une publicité pour une enseigne affiliée à une chaîne d’hôtels majorquine mais un petit film d’auteur signé du franco-mexicain Aaron Fernandez, cinéaste remarqué en festival avec son premier long-métrage, Pièces Détachées, sorti en 2008. Pour sa deuxième réalisation, Fernandez aura mis six ans. Six longues années d’un processus d’écriture extrêmement lent, débuté en 2008 dans le cadre du programme de soutien de la Cinéfondation qui vient en aide à de jeunes metteurs en scène essayant de développer un scénario. Ce n’est qu’en 2012 que Fernandez a pu enfin tourner Palma Real Hotel, parfois titré Les Heures Creuses en référence aux journées de Sébastian, jeune garçon assurant l’intérim à la tête de l’établissement de son oncle en convalescence…
L’AVIS :
Plus qu’à une véritable histoire tenue par des enjeux dramatiques forts et clairement identifiables, avec Real Palma Motel, Aaron Fernandez essaie de nous immerger dans une atmosphère, dans une ambiance en apesanteur hors du temps, s’efforçant de capturer le quotidien qui passe et la monotonie des journées de son jeune protagoniste attachant, contemplant le balai des allers et venues des clients de passage de son petit hôtel de la côte véracruzienne, entre couples adultères et amants se retrouvant pour une poignée d’heures. Un récit simple comme le confesse son auteur, mais délivrant doucement sa destinée de joli parcours pseudo-initiatique pour ce post-adolescent, tissant à la longue un lien d’amitié troublant avec une cliente régulière, souvent esseulée au détour des retards ou des faux bonds de son amant marié, et qu’il apprend à connaître dans ces « heures creuses » en suspens.
Aaron Fernandez livre un film intimiste et contemplatif à la justesse séduisante, maîtrisé dans ses ambitions et incarné dans son contexte atypique dégageant un étrange pouvoir de fascination. Les heures passent, les moments de fortune partagés ensemble se répète et une relation tout en retenue et en pureté narrative et formelle s’installe… C’est dans cela que Les Heures Creuses est le meilleur. Car tout attachant qu’il soit, son problème est que l’effort a beau être teinté d’un charme indéniable (à l’image de son jeune et talentueux comédien au capital sympathie ravageur) il n’en reste pas moins assez vain. Au point que l’on ne cerne même pas vraiment ce qu’a voulu concrètement raconter Fernandez avec son récit nourri par une simplicité résonnant avec le vide qui l’anime. La démarche est pourtant explicable par la mise en abîme de ce que son raconte son histoire, mais l’exercice ressemble à une envie de faire du cinéma d’auteur bien calibré pour les festivals, mais sans trop savoir quoi dire dedans. Récit d’une romance éphémère naissante, Les Heures Creuses manque de relief, d’une vision, d’un angle (le cinéaste suit son personnage mais dérive parfois vers ses rôles secondaires sans que ces écarts apportent quelque-chose de nourricier au fil conducteur). Et même s’il n’est jamais désagréable ou irritant, pas plus qu’il n’est ennuyeux d’ailleurs, même s’il est capable de globalement attendrir et séduire au gré de cette douce fresque intimiste, son problème est de nous laisser avec un étrange sentiment de vacuité avec comme seule réflexion : « Voilà, voilà… Et ? ». Il lui reste sa mise en image absolument magnifique.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux