Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Starred up
Père : David Mackenzie
Livret de famille : Jack O’Connell (Eric), Rupert Friend (Oliver), Ben Mendelsohn (Nev), David Ajala (Tyrone), Salm Spurell (Hayes), Peter Ferdinando (Spencer), Raphael Sowole (Jago), Anthony Welsh (Hassan), Gershwyn Eustache Jnr (Des), David Avery, Sian Breckin…
Date de naissance : 2014
Majorité : 4 juin 2014 (en salles)
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h45
Poids : Budget NC
Signes particuliers (+) : La révélation d’un comédien exceptionnel dans un drame intense et âpre.
Signes particuliers (-) : Les Poings contre les murs n’apporte pas grand-chose de neuf au registre du film de prison et écume pas mal de choses déjà-vues depuis le revival du genre et avant.
LES POINGS DANS LE VIDE
LA CRITIQUE
Résumé : Eric est un jeune délinquant violent prématurément jeté dans le monde sinistre d’une prison pour adultes. Alors qu’il lutte pour s’affirmer face aux surveillants et aux autres détenus, il doit également se mesurer à son propre père, Nev, un homme qui a passé la majeure partie de sa vie derrière les barreaux. Eric, avec d’autres prisonniers, apprend à vaincre sa rage et découvre de nouvelles règles de survie, mais certaines forces sont à l’œuvre et menacent de le détruire… L’INTRO :
D’Un Condamné à Mort s’est Echappé à Un prophète, de Luke La Main Froide à Le Trou, de L’Evadé d’Alcatraz à Dog Pound, le cinéma dit « carcéral » ou « de prison » est un genre très ancien qui a imposé ses classiques au fil des décennies depuis les années 40, avec une étonnante diversité pour un tel registre pourtant autocentré sur un microcosme codifié et organisé en vase clos. En plein revival du genre depuis quelques années, avec comme néo-marque de fabrique une recherche d’un réalisme brut de décoffrage déniant les clichés manichéens et la fictionnalisation lissant la dureté du milieu comme une réponse au rocambolesque de la série télé Prison Break (Hunger, R, Dog Pound, Cell 211, Un Prophète, ou la série Oz comme précurseur instigatrice) le cinéma de « prison » impressionne par sa capacité à délivrer quasi-systématiquement de bons, voire de grands, films. Dernier né de cette tradition, Les Poings Contre les Murs signé du réalisateur britannique David Mackenzie (Toy Boy, Perfect Sense). Un drame carcéral écrit par à l’expérience par Jonathan Asser, thérapeute dans une maison d’arrêt londonienne, narrant le quotidien d’un jeune délinquant violent lâché dans l’enfer d’une prison pour adultes. L’AVIS :
La première impression qui jaillit comme une fulgurante sensation dans Les Poings Contre les Murs est la performance étourdissante de son comédien principal, Jack O’Connell. Visage charismatique, présence incandescente et puissance épidermique se dégagent de cet acteur de 24 ans aperçu dans Eden Lake, Harry Brown ou la suite de 300. Littéralement habité par son rôle, O’Connell n’est pas seulement l’interprète de ce jeune détenu violent cherchant à s’imposer dans ce monde impitoyable, il EST littéralement cette forte tête désaxée ayant vrillée du droit chemin, résultat d’un bagage social douloureux et torturé ne pouvant que produire un déraciné. Face à ce dévoreur d’écran, seul Ben Mendelsohn (Poppy Cody dans le fabuleux Animal Kingdom) peut tenir la distance, en père truand devenu une figure de la prison où atterrit son rejeton qu’il ne connaît guère mais avec qui il va enfin développer une relation complexe entre tendresse et duel de coqs.
Drame intimiste s’attachant aux détails les moins glamours du quotidien éprouvant du milieu carcéral, récit émotionnellement fort d’une quête de reconnaissance filiale, portrait saisissant d’un jeune homme devenu un animal réagissant et évoluant à l’instinct de survie, Les Poings Contre les Murs est un film choc aux aspérités nombreuses, ancré dans le réalisme âpre et tendu de l’univers qu’il dépeint. Sans détours ni faux-semblants, la plongée sordide et douloureuse de David Mackenzie cherche l’uppercut frissonnant sans imposer de vérités mais en apposant un constat terriblement fort marqué par une réelle emprise sur son sujet. Impossible de rester de marbre devant ce tourbillon de violence et d’amour tardif unissant un père et son fils dans une intrigue radicalement épurée, basée sur une simplicité formelle et narrative laissant place à une chronique documentaire oppressante d’une précision radicale.
Mais en dépit de ses qualités personnelles, le problème est que Les Poings Contre les Murs n’apporte rien de plus au moulin du genre. Rien que l’on n’aurait pas déjà vu dans un Dog Pound par exemple. Rien que l’on n’aurait pas saisi dans le lointain et terrible Made in Britain d’Alan Clarke. Si en soit Les Poings Contre les Murs est une œuvre bouleversante, désenchantée et fiévreuse, en revanche, elle peine davantage à se démarquer dans la globalité de son genre, handicapée par une sensation de déjà-vu.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux