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THE DISASTER ARTIST de James Franco : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : The Disaster Artist
Père : James Franco
Date de naissance : 2018
Majorité : 07 mars 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h44 / Poids : NC
Genre
: Comédie, Biopic

Livret de famille : James Franco, Dave Franco, Seth Rogen…

Signes particuliers : L’histoire du pire film de tous les temps

JAMES FRANCO EST TOMMY WISEAU

LA CRITIQUE DE THE DISASTER ARTIST

Résumé : En 2003, Tommy Wiseau, artiste passionné mais totalement étranger au milieu du cinéma, entreprend de réaliser un film. Sans savoir vraiment comment s’y prendre, il se lance … et signe THE ROOM, le plus grand nanar de tous les temps. Comme quoi, il n’y a pas qu’une seule méthode pour devenir une légende ! 

De pire des tacherons moqué à réalisateur culte étrangement adulé à travers le globe par des armées de cinéphiles conquis par sa marginalité tarée, Tommy Wiseau a connu une destinée aussi étrange qu’improbable. En 2003, sans rien n’y connaître en matière de production et de cinéma, le mystérieux Wiseau écrit, réalise et produit le nanar The Room, une comédie mélodramatique dans laquelle il tient (ou plutôt tente de tenir) le premier rôle. A ce jour, le rejeton de Tommy Wiseau est considéré comme le pire film de tous les temps. C’est simple, The Room culmine tellement haut dans la nullité, qu’il déclenchera bien malgré lui, une vague de sympathie noyée dans l’hilarité générale. De purge risible à fantastique navet culte, The Room est devenu un objet de fascination, un fier représentant de ces films que l’on regarde perversement pour le plaisir de la moquerie. A tel point qu’aujourd’hui, 15 ans plus tard, The Disaster Artist profite de la hype et participe d’orchestrer le culte autour de Tommy Wiseau et de son « film ». Réalisé et interprété par un James Franco qui partage avec Wiseau, ce mélange d’adoration et de moquerie du public, The Disaster Artist revient sur l’épopée artistique d’un tournage catastrophique qui aura donné lieu a un film tout aussi catastrophique. Pour se faire, The Disaster Artist se base sur le livre éponyme de Greg Sestero, meilleur ami de Wiseau et acteur de The Room, campé par Dave Franco dans le film de son frère.

Un artiste entré dans la légende pour sa médiocrité, un film devenu culte pour sa nullité, un biopic racontant son histoire, alimentant encore un peu plus le mythe, The Disaster Artist rappelle a bien des égards, le Ed Wood de Tim Burton. Sauf qu’il y avait du cinéma chez Ed Wood derrière la cheaperie de ses séries B flirtant avec le Z. Plan 9 from Outer Space était mauvais par exemple, mais il y avait de la passion, un vrai amour du cinéma, une sincérité touchante. Quoiqu’on en dise pour justifier le plaisir sadomasochiste de sa vision, The Room est nul. Juste nul. Se pose alors la question de l’effet pervers provoqué à sa décharge, par ce Disaster Artist. Le film de James Franco renforce le culte autour d’une patate cinématographique innommable. A l’heure où quantité d’excellents films en provenance des quatre coins du globe peinent à se frayer une place vers les écrans, à l’heure où quantité de petits bijoux peinent à exister, à se monter et à être vus, n’y a t-il pas quelque chose de tragique à voir une purge absolue, atteindre une telle notoriété, et derrière le public se passionner à ce point pour elle ?

Reste le film en lui-même, qui au-delà de ce qu’il participe à créer, se défend comme une amusante curiosité, à l’image de ce dont il s’inspire. C’est avec beaucoup de respect que James Franco aborde son sujet. L’acteur-réalisateur aurait pu s’enfoncer dans la moquerie crasse et méchante, il n’en fait rien. Visant un mimétisme total, tant dans son look et son jeu que dans ce qu’il recrée de The Room, James Franco parvient à tisser un lien d’empathie entre le spectateur et son Tommy Wiseau de cinéma. Un sentiment qui permet au film de tenir en équilibre entre l’amusement et le pathétique, le regard ne basculant jamais dans l’excès de l’un ou de l’autre. Et The Disaster Artist de réussir à être à la fois drôle et touchant, sorte de portrait d’un monstre attachant, d’un looser rigolo, d’un artiste raté, et d’un raté qui se voulait artiste.

Sympathique, The Disaster Artist se suit d’un œil distrait à défaut de captiver, mais malgré toute l’implication d’un excellent Franco (logique, on lui demande d’être pas bon et excessif et ça, il sait faire), le film ne réussit pas à s’élever au-delà de l’anecdote. Parce que finalement, de son sujet, James Franco ne fait pas grand chose de plus qu’une comédie illustratrice. L’acteur reconverti metteur en scène (histoire d’être encore plus Wiseau) ne parvient pas à lui apporter un prolongement qui nourrirait une réflexion sur le star system et le processus créatif. Franco se contente de capitaliser sur son héros singulièrement fou, ce qui de fait, limite la portée de son Disaster Artist.

BANDE ANNONCE :


Par Nicolas Rieux

One thought on “THE DISASTER ARTIST de James Franco : la critique du film

  1. Bonjour,
    Je viens de lire votre article, quelques heures après avoir vu le film. Habituellement, j’apprécie les articles de ce site pour leur justesse, leur finesse d’analyse et leur ton humoristique ou mordant.
    Mais aujourd’hui, quelle déception ! Pour une fois, j’ai eu l’impression que l’article est passé à côté du film.

    Peut-être est-ce une déformation professionnelle mais en visionnant « The disaster artist » j’ai découvert un visage innatendu à cet homme étrange qu’est Tommy Wiseau. En lisant les nombreuses présentations du film ou en visionnant »The Room », j’en avais eu simplement l’image habituellement présentée d’un artiste raté et imbu de sa personne.

    Mais cet homme aux réactions d’un enfant, au manque flagrant de compétences sociales, cet homme qui ne comprends pas le second degré et à la paranoïa dérangeante, cet homme ne nous donne-t-il pas une possible clé pour comprendre son retrait dans un autre univers ? Ne mentionne-t-il pas un grave accident auquel il a failli ne pas survivre ?
    Cette anecdote a provoqué un déclic qui m’a fait percevoir le film très différemment.

    Pour moi, ce film est un exemple du combat des personnes différentes, inadaptées (j’ose même dire : handicapées) pour trouver leur place dans un univers qui n’est pas le leur. Leur combat pour exister dans ce qui les fait vibrer, ce qui les fait exister sans marquer leur différence.
    Ce film est du même coup une ode à l’amitié qui transcende cette différence, qui accepte, qui accompagne, qui se sacrifie parfois et qui finit même par baisser les bras parfois.

    Si « The Room » est effectivement un film nul, qui ne m’a personnellement arraché qu’un sourire de commisération, « The disaster artist » est un film vibrant et juste sur le destin d’un homme exceptionnel qui a finalement réussi à trouver le moyen de réaliser son rêve, d’une manière innatendue.

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