Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Couple in the hole
Père : Tom Geens
Date de naissance : 2015
Majorité : 06 avril 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : Angleterre, Belgique, France
Taille : 1h45 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Paul Higgins, Kate Dickie, Jérôme Kircher, Corinne Masiero…
Signes particuliers : Une étrangeté multi-primée au festival de Dinard.
L’ÉNIGME DES DEUX SAUVAGES
LA CRITIQUE
Résumé : Karen et John vivent dans un trou, en pleine forêt, perdus au milieu des Pyrénées. Ils évitent soigneusement tout contact avec le village voisin, mais, lorsque Karen a besoin de médicaments, John croise le chemin d’André, un paysan du coin. Les deux hommes se lient d’amitié et John reprend goût à la civilisation, au grand désarroi de Karen, bien décidée à ne jamais quitter la forêt et leur douloureux secret…L’INTRO :
Grand vainqueur du dernier festival de Dinard d’où il est reparti fièrement avec les prix du public, du scénario et du meilleur réalisateur, Sauvages est le second long-métrage du cinéaste belge Tom Geens, six ans après Menteur. Toujours dirigé par une quête d’un cinéma de l’épure sensorielle (lui qui se revendique de l’influence de Fassbender), le réalisateur nous embarque au cœur des Pyrénées, à la rencontre d’un couple étrange vivant en autarcie au milieu des bois, dans le dénuement le plus total. L’anglais Paul Higgins (In the Loop) et l’écossaise Kate Dickie (Game of Thrones, Prometheus) incarne ce duo de « sauvages » dans une œuvre pas loin de l’ovni cinématographique.L’AVIS :
Qui sont-ils ? Pourquoi vivent-ils ainsi, isolés du monde et terrés aux fonds des bois ? Sont-ils motivés par un engagement écologique ou une réaction envers la société moderne ? Pourquoi ce fermier brièvement rencontré accepte t-il aussi facilement de leur venir en aide comme s’il les connaissait ? Et puis d’abord, pourquoi sont-ils terrifiés à l’idée de croiser la route des villageois du coin ? Et elle, pourquoi est-elle à ce point agoraphobe, au point de refuser de sortir de leur cachette ? Bref, quelle peut-être bien l’histoire de ces deux marginaux vivant selon un idéal primitif ? On comprend aisément pourquoi Dinard aura ainsi récompensé le scénario de Sauvages. Avec son drame intimiste flirtant à la lisière du thriller voire du cinéma de genre, Tom Geens fait preuve d’une maîtrise d’écriture implacable, érigeant son film sur les racines de nombreux mystères le rendant très énigmatique voire même déroutant. Et c’est justement là que Sauvages fait fort, en s’appliquant à distiller ses éléments de réponses minutieusement et avec parcimonie, s’ingéniant constamment à nous lancer sur de fausses pistes pour mieux nous surprendre tant que le tableau général ne s’est pas vraiment dessiné. Cette conduite détruisant sans cesse ce que l’on croit ou pourrait croire et rajoutant en permanence de nouvelles couches d’interrogations, a pour effet de vite rendre l’effort d’autant plus fascinant.Et tout se passe bien pour Tom Geens et son Sauvages. Malgré quelques partis pris discutables qui ne s’avèrent pas forcément payants (comme le choix d’une lumière naturelle et de fait, d’une obscurité quasi-totale gênante dans les scènes de vie dans la grotte où vivent les personnages), Sauvages réussit à nous piéger dans une expérience immersive, presque sensorielle, mais surtout hautement captivante. Tout se passe bien donc, jusqu’au moment de l’épilogue final. Apres une ou deux secousses annonciatrices d’un atterrissage qui risquait d’être compliqué, Tom Geens rate malheureusement sa conclusion. Pas de quoi effacer les très bonnes choses entrevues précédemment mais en revanche, de quoi frustrer alors que l’on se dirigeait vers une petite pépite savamment conduite. Dans son ultime acte, le cinéaste fait preuve d’un étonnant amateurisme qui tranche avec la qualité de ce qu’il avait pu montrer. Un amateurisme, tant dans l’écriture que dans la mise en scène, doublé de maladresses, comme s’il ne savait pas trop bien lui-même, comment conclure son affaire. Dommage.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux