A l’occasion de la sortie le 29 octobre prochain du film The November Man, on a eu la chance de rencontrer Pierce Brosnan, en marge du Festival de Deauville. L’ancien James Bond nous a parlé de son retour au film d’action et d’espionnage, de sa carrière, de ses heures « James Bond » etc…
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Bonjour… (et en français dans le texte – ndlr)
C’est votre premier film gros film d’action depuis Meurs un Autre Jour. Qu’est-ce que ça vous a fait de revenir à ce genre de cinéma ? Et pourquoi avoir attendu autant de temps ?
Du bien… Peut-être que j’aurai dû reprendre les armes avant. C’est ce que ma femme m’a sorti l’autre jour, au petit déjeuner. Après… Vous reprenez les armes quand vous devez les reprendre, je suppose. Après mes années James Bond, il y a eu un petit passage à vide. Puis j’ai fait une dizaine de films mais j’avais envie de revenir à l’action. Ma productrice Baum St-Clair est tombée sur ce livre de Bill Granger, The November Man, il y a cinq ans. Et voilà le résultat. Ça a pris 5 ans pour le développer, de façon un peu discontinue. Il y a trois versions du scénario. Donc, c’est vrai que ça a été long mais je suis très fier du résultat. J’ai retrouvé des amis, comme Roger Donaldson (ils avaient fait ensemble Le Pic de Dante – ndlr) ou Marco Beltrami, le compositeur…
Vous avez fait vos propres cascades ?
Oui. (il s’enflamme en voyant passer un ami, le célèbre producteur Brian Grazer). Oui, j’ai fait mes scènes d’action. J’ai travaillé avec mon ami Mark Mottram, qui était ma doublure sur James Bond. On l’a appelé et il a rejoint le projet sans hésiter. Il a ramené son équipe à Belgrade et on travaillé ensemble pour les scènes d’action dans les rues, les poursuites… Belgrade est une ville très spéciale, bruyante, plein de building et de palaces. Et vous pouvez tourner au milieu du trafic automobile, en direct… Bon courage pour faire ça à Los Angeles ! C’était drôle, quand on a tourné la scène d’action dans la rue avec l’embuscade en voiture, il y avait une femme qui chantait de l’opéra à sa fenêtre et… elle a continué à chanter. C’était bizarre. On tournait et elle continuait de faire son truc sans s’occuper de nous. En tout cas, on avait une bonne équipe. Et pour les séquences de bagarre, je peux encore distribuer quelques coups de poings. Du grand jeu d’acteur ! Mais sur ce genre de film qui coûte cher, vous devez aller vite et éviter les erreurs. Donc il faut savoir s’entourer des meilleurs.(Pierce Brosnan et Brian Grazer)
J’ai été très surpris par le ton du film. C’est spectaculaire, intense, drôle mais aussi assez violent et sanglant. Le film n’a aucun complexe…
C’est ce qu’on voulait ! On voulait un film qui soit dur, avec un personnage badass… Un homme qui s’est fait rouler par ses supérieurs. On voulait pousser le bouchon le plus loin possible sur la violence, sans perdre le public non plus, et on voulait jouer avec lui.
Vous aimeriez retourner un jour avec John McTiernan ? (Lors de sa masterclass à Deauville, John McTiernan a confié qu’il aimerait beaucoup retravailler avec Pierce Brosnan, d’autant que son remake de Thomas Crown est le film dont il est le plus fier – ndlr)
Oui, s’il avait le bon projet. Il est ici à Deauville en ce moment, je crois. Je n’ai pas parlé avec lui depuis longtemps.
Et pensez-vous que vous pourriez retrouver le personnage de Peter Devereaux à nouveau dans d’autres films ?
Je vais le faire. On a déjà lancé une suite avec le studio Relativity Media. On adore le personnage qu’on a créé. Les discussions sont déjà lancées pour savoir ce qu’on va faire, comment on va le faire, quelle direction prendre… (avec le passage d’une hôtesse, se pose la question : café ou bière… Mais il n’est que 11h30. Un peu tôt pour une bière. En même temps, il n’y a pas d’heure pour une bière, lâche Pierce Brosnan). On a développé ce personnage avec l’idée d’une franchise pour… occuper mes vieux jours ! (rires) Pour vivre et payer les études de mes enfants ! Et Bill Granger a vraiment créé un personnage extraordinaire et complexe, avec une histoire intéressante, entre la Tchétchénie, la Russie… Tout le contexte géopolitique… D’ailleurs, on est allé présenter le film à Moscou, il y a quelques jours. Ils ont plutôt bien aimé, je crois. A part quelques personnes furieuses de voir que les russes avec le mauvais rôle. Quoique dans ce film, c’est surtout la CIA qui a le mauvais rôle.
Vous aviez déjà avec Roger Donaldson. Est-ce qu’après autant d’années, les choses avaient un peu changées ?
Non, c’était pareil. Le même homme passionné, qui aime faire des films et qui travaille dur. Il est très discipliné, très préparé. Quand il a eu le script, il y avait quelques petites choses qu’il n’aimait pas mais il s’est débrouillé pour faire avec. Peu de réalisateurs font ça. C’est toujours un vrai plaisir de travailler avec lui. Je ne suis pas très client des longs débats. C’est dans le scénario, c’est là, on y va, on tourne, on est prêt. C’est vraiment un super type.
Le film ressemble vraiment à un film d’action old school des années 80 ou 90. Que pensez-vous des films d’action aujourd’hui ?
Je les trouve très bien. Quand j’ai The Bourne Identity pour la première fois, c’était une sensation cinématographique incroyable. C’était entraînant, frénétique… Et j’ai réalisé à ce moment là que… la vie a changé. Je me suis dit « oh, oh… ». Mon époque James Bond était incroyable, je suis fan de ces films, j’aime aller les voir, je suis fan de cinéma, j’ai envie d’être ces personnages ! Quand j’étais un ado, je rêvais de faire des films. Et ce rêve est devenu réalité. Mais rien ne vient sans rien. Il a fallu beaucoup travailler, il a fallu de la persévérance pour sans cesse devenir meilleur…
Comment s’est passé votre travail avec les autres acteurs ? Vous avez beaucoup répété ?
Non, pas vraiment. J’essaie de me souvenir mais je ne me rappelle pas de répétitions. Non, on allait dans la rue et on commençait à tirer ! C’est mieux de ne pas répéter, je trouve. Vous obtenez une instantanéité, une fraîcheur…
Et votre collaboration avec Olga Kurylenko ?
Je l’avais découvert dans Hitman et je l’avais beaucoup apprécié. J’avais trouvé que c’était une femme très sensuelle et une excellente jeune actrice. Elle a la maturité, la force. Et nous nous sommes intéressés à elle car elle avait tous les ingrédients requis. Et c’est extraordinaire à l’écran. Elle joue avec beaucoup de sensualité, beaucoup de féminité et beaucoup de force. Je suis heureux pour elle. Je l’avais vu aussi dans Quantum of Solace et c’était une sacrée James Bond girl ! Mais bon, j’ai eu mes bons moments aussi… Je sais ce que c’est ! (rires) J’espère qu’elle va continuer à trouver de grands réalisateurs, de beaux personnages, parce qu’elle a un très gros potentiel. Comme Luke Bracey, d’ailleurs (qui joue David Mason, ancien partenaire de Peter Devereaux alias Brosnan – ndlr). C’est un diamant brut, qui commence tout juste sa carrière. On a un peu fait ce film avec l’idée d’un passage de flambeau, aussi…
Vous avez joué dans pas mal de James Bond, vous êtes encore en très bonne forme physique, vous êtes vraiment un acteur d’action… Maintenant, on va vous attendre dans Expendables 4, vous savez…
Non ! Je ne crois pas… C’était juste une rumeur. Aucun script n’est arrivé sur le pas de ma porte. Et puis je crois que ça paye mal ! Mais le public aime voir ces gars-là tous ensemble. J’aime ces gars. Ce sont mes héros aussi. Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone, Je trouve qu’il mène vraiment bien sa barque avec les années. Et avoir réuni tous ces mecs ensemble pour faire un tel divertissement, c’est magnifique. En tout cas, il n’y a rien de concret.
Vous seriez intéressé, comme beaucoup de grands acteurs, pour revenir vers la télévision, dans une série télévisée par exemple ?
Vous savez… Le monde de la télévision est tellement stimulant. Beau St-Clair et moi, on a développé un projet de show baptisé Les Croisades. Ça parle des troisièmes croisades. On a fait ça avec Spike TV (une chaîne du groupe MTV).
Vous avez beaucoup de projets qui arrivent. Lequel vous excite le plus ?
Je suis très excité par les trois films qui arrivent. J’en ai fait sept sur les deux dernières années… Le prochain est Survivor avec Milla Jovovich. James McTeigue est super réalisateur. J’ai un film aussi avec les Frères Dowdle qui s’appelle The Coup (les réalisateurs de Catacombes). Deux super jeunes réalisateurs eux aussi. Et le film va être génial. Owen Wilson et Lake Bell sont fantastiques dedans. J’en suis très fier. Et enfin, j’ai The Moon and the Sun, un film qui se passe aux XIVeme siècle. Ça a été une expérience extraordinaire de jouer Louis XIV. Et l’histoire est vraiment très bonne. Je suis très excité par tous ces films.
Vous avez joué un personnage badass et très drôle dans Le Dernier Pub avant la Fin du Monde. Pouvez-nous de parler de cette expérience ?
Je suis super fan de ces mecs là. Shaun of the Dead, Hot Fuzz… J’adore. Quand ils m’ont appelé, j’ai sauté sur l’occasion. Je jouais le professeur Sheperd. Ma tête explosait. J’en suis à un point de ma carrière où c’est juste fun de jouer. Gros films, petits films, film barré, film d’amour… Juste le fun.
Il y a des réalisateurs avec qui vous aimeriez travailler aujourd’hui et avec qui l’occasion ne s’est jamais présentée ?
David Fincher. Martin Scorsese. Les noms m’échappent. Donnez moi des noms, vous aimez qui, vous ?
Steven Spielberg ?
Ah Spielberg. Classique. Un grand. Un très grand maître qui a traversé les décennies.
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