Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : A Walk in the Woods
Père : Ken Kwapis
Date de naissance : 2015
Majorité : 13 janvier 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h45 / Poids : NC
Genre : Comédie
Livret de famille : Robert Redford (Bill Bryson), Nick Nolte (Katz), Emma Thompson (Catherine), Mary Steenburgen (Jeannie), Nick Offerman (Dave), Kristen Schaal (Mary Ellen)…
Signes particuliers : Quelque part entre Wild et The Way, la route ensemble.
LA MARCHE DU SIÈCLE
LA CRITIQUE
Résumé : Célèbre écrivain, Bill Bryson refuse de s’accorder une retraite bien méritée, mais trop tranquille, auprès de son adorable épouse et de sa famille. Au contraire, il se lance un nouveau défi : parcourir les 3500 km de l’Appalachian Trail, sentier de randonnée préservé et sauvage qui relie la Géorgie au Maine. Les difficultés de l’exercice augmenteront lorsqu’il accepte la présence d’un compagnon de route – son viel ami Stephen Katz qu’il a perdu de vue depuis longtemps. Séducteur invétéré particulièrement malchanceux, Katz espère pouvoir échapper à ses dettes et vivre une dernière aventure avant qu’il ne soit trop tard. Seul problème : les deux hommes n’ont pas du tout la même conception de l’aventure…
Décidément, à croire que le « film de randonnée pédestre » va finir par devenir un genre à part entière, à ce rythme là ! On avait eu en 2013, l’émouvant The Way, la route ensemble où un bouleversant Martin Sheen se lançait dans le long périple religieux menant à Saint-Jacques de Compostelle. L’an passé, ce fut au tour de Jean-Marc Vallée de livrer le magnifique Wild, avec une Reese Witherspoon à l’assaut de l’exténuant Pacific Crest Trail. En ce début d’année 2016, c’est maintenant le duo Robert Redford et Nick Nolte qui crapahute des centaines de kilomètres durant, sur l’autre versant américain cette fois, le long du périlleux Appalaches Trail, célèbre sentier de randonnée partant du fin fond de la Géorgie et s’achevant 3500 kilomètres plus loin, dans le Maine. Le dénominateur commun à ces trois films (auxquels on pourrait rajouter dans un registre plus sérieux et historique, le poignant La Marche) ? A chaque fois, des récits initiatiques où les personnages éprouvent un besoin essentiel et fondamental de se retrouver, et de faire le point sur eux-mêmes, à travers une communion émotionnelle avec le spectateur. L’AVIS :
Avec Randonneurs Amateurs, le réalisateur Ken Kwapis (Ce Que Pensent les Hommes, Miracle en Alaska) mène à bien une arlésienne du cinéma qui dure depuis les années 90 : porter enfin à l’écran le célèbre roman A Walk in the Woods de Bill Bryson, où l’écrivain avait couché sur papier, son expédition sur les sentiers des Appalaches en compagnie de son vieil ami retrouvé, Stephen Katz. Un récit à la fois aventureux, tendrement émouvant, souvent cocasse, et sans cesse en équilibre quelque-part entre l’initiatique et le crépusculaire. Alors que Robert Redford cherchait à concrétiser le projet depuis 1998, à l’époque avec son compagnon Paul Newman, c’est finalement 17 ans plus tard que le film a pu être enfin produit et tourné, avec un Nick Nolte remplaçant le défunt Newman.Âgé de 44 ans au moment de son aventure, le Bill Bryson de Randonneurs Amateurs, tout comme son camarade de route, devient un « vieillard » de 70 ans. Une petite trahison au livre originel, à la fois fondamentale et finalement porteuse d’un nouveau regard tirant l’histoire vers une autre dimension, à la recherche d’un fond existentiel sur la mélancolie de la fin de vie et l’espoir d’une dernière quête revigorante. Aussi, la recherche d’une composante humoristique, bien entendu l’âge avancé du duo de « marcheurs-nickelés » devenant le siège de base d’une petite débauche gagesque que l’on ne pouvait que trop bien voir venir. Confortablement installé à cheval entre les tons, tour à tour drolatique ou touchant avec son voyage haut et couleurs et teinté d’un soupçon de mélancolie émouvante, Randonneurs Amateurs ne parvient que trop rarement à venir toucher du bout du doigt ses prédécesseurs, mais sa relative fraîcheur et son tandem d’illustres comédiens, suffit à lui donner un cachet séduisant qui fait mouche par intermittence.Des défauts, le film de Ken Kwapis en regorge, et parfois pas des moindres. Un cruel manque de rythme, un mariage des tons pas toujours adroitement géré (autant par le réalisateur que par son scénariste star, Michael Arendt, qui y a bossé sous un pseudo), de nombreuses facilités, un flot de scènes convenues, des idées mal exploitées, ou encore un manque de moyens laissant transpirer quelques plans bien ignobles sur fond vert. Il y avait matière à faire quelque chose de fort à partir du roman de Bill Bryson, et Ken Kwapis n’était probablement pas le meilleur faiseur pour en conduire l’adaptation. Heureusement, grâce à la truculence du jeu de son duo d’acteurs cabotins, charismatiques et chevronnés, grâce à son esprit de franche camaraderie ou à quelques scènes grisantes entre deux facéties burlesques (le coup des lits superposés nous a achevé), on peut y trouver de quoi se délecter d’un charmant moment de cinéma, agréable bien qu’il ne se donne jamais les moyens de ses ambitions.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux