[Note des spectateurs]
La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : Gisaengchung
Père : Bong Joon-Ho
Date de naissance : 2018
Majorité : 28 février 2020
Type : sortie en coffret steelbook collector
Nationalité : Corée du Sud
Taille : 2h12 / Poids : NC
Genre : Drame, Thriller
Livret de famille : Song Kang-Ho, Lee Sun-kyun, Cho Yeo-jeong…
Signes particuliers : Pour fêter sa pluie d’Oscars, Parasite débarque dans un superbe coffret Steelbook !
BONG JOON-HO FILME UN AFFRONTEMENT SOCIAL INTENSE
LA CRITIQUE DE PARASITE
Synopsis : Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne…
Il s’en est passé des choses pour Parasite depuis le mois mai dernier où Bong-Joon-ho a raflé la prestigieuse Palme d’or cannoise avec son fabuleux thriller dramatico-social qui avait littéralement fait exploser la Croisette de jubilation. Depuis, le réalisateur de The Host, Snowpiercer et Okja a été surpris par une extraordinaire moisson d’Oscars, dont celui suprême du Meilleur Film. Au nez et à la barbe de toutes les productions américaines. Un couronnement qui a même fait rager le Président fou Donald Trump. Pour rappel (si vous vivez dans une cave depuis un an), Parasite est un face à face saisissant entre deux familles, une riche et une pauvre, dans une satire sociale plus mordante qu’un bulldog enragé. La rencontre entre la famille désargentée de Ki-Taek et celle du richissime homme d’affaire Mr Park, qui débouchera sur un engrenage insoutenable.
Dire que Bong Joon-Ho nous a pondu quelque chose d’immense serait un euphémisme. Dire que cela faisait longtemps qu’une palme d’or n’avait pas été aussi méritée serait même encore loin de la réalité. Non content d’avoir signé son meilleur film à ce jour, le génial cinéaste coréen a asséné une énorme claque au public cannois, une véritable symphonie vacharde qui tutoie à chaque instant la quintessence d’une partition quasi parfaite ou presque. Avec Parasite, Bong Joon-Ho entreprend beaucoup de choses et les réussit toutes, une à une, sereinement, sans fausse note, avec une maestria et une maturité stylistique indiscutable. Étincelant, le résultat a la densité d’un chef-d’œuvre, la puissance d’une découverte mémorable et la marque de ces exploits cinématographiques semblables à aucun autre.
Drame ? Thriller ? Comédie ? Film social ? Le pari de Bong Joon-Ho était de réunir toutes ces composantes dans un film cohérent. Pari gagné. Parasite est tout cela à la fois et bien plus encore. Presque un ofni dont l’audace n’a d’égale que son génie et l’intelligence qui articule continuellement tous ces visages brillamment maîtrisés. Il y a d’abord la comédie noire dans laquelle Bong Joon-Ho semble tant se régaler sur cet effort à la lisière du surréalisme. Hilarant de bout en bout, Parasite est tellement barré qu’il prend vite des airs de farce cruelle et méchante dessinant un affrontement diabolique entre deux classes sociales. Le côté social entre justement en piste et vient offrir au film toute sa consistance. Rien n’est jamais gratuit dans Parasite, parabole de la profonde fracture sociale qui défigure la société coréenne d’aujourd’hui. Il y a d’un côté ces pauvres qui vivent à hauteur de caniveau, dans des sous-sols infects ou au mieux, dans des entresols miteux avec la fenêtre à ras des couloirs de pisse et de vomi si chers aux imbibés et aux SDF bourrés. Pas de travail, pas d’argent, une médiocrité comme seconde peau. Le portrait dressé par Bong Joon-Ho à travers la famille du misérable Ki-Taek est rude. Rude mais jamais caricatural ni cynique. Le cinéaste évite justement l’erreur d’en faire des clichés miséreux. Il brocarde un peu, il grossit certains traits pour orchestrer son affrontement, mais il ne rabaisse pas ses personnages en faisant dans l’amalgame facile « pauvreté = stupidité ». Au contraire, c’est même leur intelligence maligne qui va leur permettre de s’incruster dans la vie de cette famille riche qu’ils voient comme une Némésis sociale ennemie. Et tout le film d’être construit sur un jeu de miroir où le luxe des uns s’oppose à la pauvreté des autres mais où finalement tous se rejoignent dans une certaine médiocrité humaine. Bong Joon-Ho déploie des trésors d’images paraboliques pour illustrer ce fossé avec une sagacité rare.
Puis vient la patte du thriller, angoissant, viscéral, parfois suffocant ou anxiogène, mais toujours parfaitement imbriqué au rire, ce qui donne au film ce ton si caustique, déjanté et étourdissant d’intelligence. C’est l’une des choses qui surprend le plus dans Parasite, cette capacité qu’a le film de tendre le suspens jusqu’à l’insoutenable tout en créant l’hilarité générale avec ses ressorts. Plus l’affrontement devient pressurisant, plus le burlesque le magnifie et sublime cette étude de la société coréenne dysfonctionnelle où les fossés créent de l’envie, et l’envie mène à la violence et à la folie. Parasite est un regard acerbe sur la petitesse humaine générée par la médiocrité de notre système défaillant. On pourrait passer des heures et des heures à analyser ce grand film ultra-nihiliste de Bong Joon-Ho, ses scènes symboliques, sa mise en scène fabuleusement virtuose, ses dialogues tranchants, la profondeur qui fait corps avec le ludique jouissif de l’entreprise. Mais pour cela, il faudrait entrer en détails dans un film qui veut s’offrir de manière énigmatique au public pour lui laisser le plaisir de la découverte. Et ce serait criminel d’en dire trop car bon sang, quel choc, quelle baffe, quelle sacrée pièce de cinéma !
LE BLU-RAY COLLECTOR DE PARASITE
Chez The Jokers, on a su travailler habilement la communication autour de Parasite pour en faire un véritable phénomène de mode, au même titre que le Joker de Todd Phillips par exemple. Alors que le film vient de ressortir en salles dans une (superbe) version Noir et Blanc supervisée par Bong Joon-ho en personne, l’heure du coffret collector a sonné. Une nouvelle vie puisque les fans pouvaient déjà se délecter du simple Blu-ray (ou DVD) depuis le 4 Décembre dernier. Mais cette fois, il n’est plus question d’une « simple » édition. Cette fois, place au coffret prestige avec le film et une pelletée de suppléments, le tout dans un écrin de toute beauté.
Techniquement tout d’abord, la galette HD envoie du lourd. L’image est splendide, chose logiquement attendue de la part d’un éditeur aussi cinéphile. Très respectueux du travail du cinéaste, The Jokers a soigné le passage vers le Blu-ray ou le DVD. Le DVD se défend bien malgré son débit et propose une image plutôt correcte pour du DVD. Rien de comparable avec le Blu-ray bien entendu, qui offre pour sa part une qualité visuelle extraordinaire, remarquable notamment dans le rendu de la palette colorimétrique du film. Il n’y a pas un détail qui échappe à l’oeil du spectateur, on est dans une quasi perfection. Côté son, les pistes VOST offre au choix du Dolby Atmos ou du 2.0 DTS-HD Master Audio selon votre équipement. Là aussi, le travail est au-delà du propre. Les détenteurs d’un matériel plus avancé profiteront du mixage très soigné envoyant une puissance et une spatialisation fantastique. Les autres ne seront toutefois pas en reste. Car si tout le monde n’a pas la chance d’avoir de l’Atmos chez soi, la piste 2.0 DTS-HD Master Audio a de solides arguments pour elles. La netteté acoustique est moindre mais elle est d’un bel éclat et d’une finesse impeccable. Pour les non-amateurs de VO, une VF est également proposée, avec un doublage plutôt réussi comparé à celui de la Palme d’or précédente (le Une Affaire de Famille de Kore-eda qui était affublé d’un doublage français épouvantable). Ici, ce sera du DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0. Ici encore, le résultat est limpide.
Passons aux suppléments, le point fort de cette édition puisque la précédente de décembre n’en comportait aucun. Ils sont regroupés sur un Blu-ray dédié. The Jokers n’a pas lésiné ni sur la quantité, ni sur la qualité. Les festivités commencent avec un documentaire de plus d’une heure revenant sur la conception de Parasite en faisant intervenir tout le monde, de Bong Joon-ho à ses comédiens en passant par l’équipe technique. Le « film » retrace chaque étape de la création du film en mêlant entretiens, photos, extraits du film, images du tournage, storyboard… Aussi passionnant que sympathique à regarder. Suit l’intégralité de la Masterclass de Bong Jooon-ho au festival Lumière de Lyon. Un échange de près de 1h20 avec Bertrand Tavernier et Didier Allouch. Là encore, bonne humeur et analyse passionnante sont au programme. On pourrait penser qu’après cela, on sait tout sur le film. Mais non. L’aventure « bonus » continue avec Bong Joon Ho – Les Racines du mal, émission diffusée sur OCS et conduite par Stéphane Charbit. Le journaliste s’entretient avec le cinéaste qui témoigne une nouvelle de son incroyable culture et intelligence en évoquant notamment ses références. Plus anecdotique et sur un ton « rigolo », une visite dans les coulisses du doublage du film en compagnie du youtubeur spécialisé Misterfox (env. 22 min). Parce que Bong Joon Ho est un homme de storyboard, un module de 7 minutes nous propose ensuite l’analyse comparative d’une séquence du film entre le storyboard et le résultat final. Et enfin pour terminer, le critique Stéphane du Mesnildot nous apporte son éclairage sur le film. Une analyse de près d’un quart d’heure qui, aussi intéressante soit-elle en soi, n’apporte pas grand-chose après l’ensemble des autres suppléments qui avaient déjà décortiqué le film sous tous les angles. Bien entendu, teaser et bande-annonce referment la marche de ce festival de suppléments formidables.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux