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MUSARAÑAS (Shrew’s Nest) de Juan F. Andrés & Esteban Roel : la critique du film

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MusaranasMondo-mètre
note 3.5 -5
Carte d’identité :
Nom : Musarañas
Père : Juan F. Andrés & Esteban Roel
Date de naissance : 2014
Majorité : 06 avril 2016
Type : Sortie vidéo
(Editeur : Koba Films)
Nationalité : Espagne
Taille : 1h32 / Poids : NC
Genre : Thriller horrifique

Livret de famille : Macarena Gómez, Nadia de Santiago, Hugo Silva, Luis Tosar, Gracia Olayo…

Signes particuliers : Une petite pépite espagnole au suspens jouissif.

UN « MISERY » VENU D’ESPAGNE

LA CRITIQUE

Résumé : Montse vit avec sa sœur qu’elle a élevée seule à la mort de leur mère. Agoraphobe, Montse a développé un caractère obsessionnel, et se montre parfois extrêmement violente envers sa benjamine. Lorsqu’un voisin se blesse en tombant dans les escaliers, c’est malheureusement à leur porte qu’il frappe pour trouver secours…Musaranas_2L’INTRO :

Également connu sous le titre international de Shrew’s Nest, le thriller horrifique Musarañas est une petite pépite venue d’Espagne, nous rappelant au passage que le genre n’est pas encore mort de l’autre côté des Pyrénées, même s’il a connu un fort ralentissement après un glorieux nouvel âge d’or dans les années 2000. Passé par plusieurs festivals, de Toronto au PIFFF, Musarañas est l’œuvre de deux cinéphiles, Juan Fernando Andrés et Esteban Roel, qui se sont battus pour réussir à transformer un court-métrage de fin d’étude en long-métrage de cinéma. Malgré ses qualités indéniables et son très bon accueil en festivals, Musarañas n’a pas eu la chance de se voir offrir une sortie en salles. Qu’importe, il s’apprête à confirmer que le marché du DTV peut recéler, et ce assez régulièrement, de petites surprises qui méritent largement le coup d’œil.

Musaranas_4L’AVIS :

Coproduit par Alex de la Iglesia pour un budget assez minime, Musarañas n’est pas sans rappeler l’excellent Misery de Stephen King, brillamment adapté à l’écran par Rob Reiner en 1990, avec Kathy Bates et James Caan. Un Misery à la sauce ibérique, mais pas seulement, puisque l’on retrouvera ensuite de nombreuses références ou influences tout au long de cette série B en huis-clos dans un appartement. On pensera au célèbre Les Proies de Don Siegel, au Repulsion de Polanski aussi, à la veine du thriller psychologique à l’espagnole façon Malveillance (avec un Luis Tosar, également de la partie ici) ou encore au cinéma violent et mâtiné d’humour noir de son bienveillant protecteur, de la Iglesia. Mais au-delà de ses références et de ses ambitions limitées, Musarañas est surtout un petit thriller efficace et rondement mené, piégeant le spectateur dans son intrigue captivante et réussissant à le surprendre (ou pas) au détour de quelques twists bien sentis.

Musaranas_3Musarañas démarre comme un mélodrame familial suivant deux sœurs fusionnelles évoluant dans leur appartement. Mais assez finement, le duo de cinéastes laisse traîner quelques indices troublants. On sent bien vite qu’il règne dans ce cocon, un petit quelque-chose d’étrange, de pas net, une sorte de tension sourde qui ne demande qu’à exploser. Juan Fernando Andrés et Esteban Roel prendront leur temps (mais pas trop non plus) pour dessiner leur univers, poser leurs personnages, créer un lien avec le spectateur, les rendre empathiques. Mais passée cette introduction conduite avec minutie, l’heure aura sonné de lâcher la bride et de laisser leur entreprise filer furieusement dans la direction qu’ils souhaitaient emprunter, celle d’une série B dérivant lentement vers l’expression d’une folie psychologique contenue, qui finira par se traduire dans une montée de violence graphique terrible. Du drame au thriller puis au film d’horreur, avec quelques appels à la comédie noire et macabre délirante, Musarañas s’amuse à glisser habilement de genre et genre et le résultat témoigne d’une adresse sans faille qui compense largement son absence d’originalité marquée. La mise en scène léchée, la photographie travaillée et la performance terrifiante de la comédienne Macarena Gomez, ne seront que des arguments supplémentaires à mettre à l’actif d’un film délicieusement malsain, m^mee s’il aurait pu être plus dérangeant. Une petite série B efficace et angoissante, certes anecdotique sur le fond, mais qui saura largement combler une bonne soirée ciné-canapé.

Musaranas

L’ÉDITION DVD

Koba Films ne s’est pas contenté d’expédier sur galette, ce « petit thriller espagnol » en lui accordant une considération minimale. L’éditeur a fait l’effort de lui offrir une édition digne de ce nom, même si malheureusement, elle ne paraîtra qu’en DVD. En complément du film, quelques suppléments viennent donc prolonger le plaisir de la découverte de cette pépite ibérique. Notamment, un petit lot de modules « making of » assez instructifs et qui permettent d’en apprendre davantage sur l’histoire du film, à la base court-métrage d’étudiant devenu long-métrage de cinéma. Toute l’équipe qui aura participé à cette aventure s’exprime ainsi sur la genèse du projet et l’histoire du film, et un module est dédié entièrement à l’élaboration de l’appartement où se déroule ce huis-clos suffocant. Au total, pas loin d’une demi-heure de suppléments.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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