Nom : Madame Bovary
Père : Sophie Barthes
Date de naissance : 2014
Majorité : 04 novembre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Belgique, Allemagne, USA
Taille : 1h58 / Poids : NC
Genre : Drame historique
Livret de famille : Mia Wasikowska (Emma Bovary), Ezra Miller (Léon), Logan Marshall-Green (le marquis), Paul Giamatti (Homais), Rhys Ifans (Lheureuse), Laura Carmichael (Henrietta), Henry Lloyd-Hughes (Charles)…
Signes particuliers : Une nouvelle adaptation du célèbre roman de Gustave Flaubert, avec la jeune Mia Wasikowska en Madame Bovary.
LA TRAGÉDIE D’UNE VIE TROP ORDINAIRE
LA CRITIQUE
Résumé : Emma Rouault, fraîchement sortie du couvent, épouse Charles Bovary, un médecin de campagne qui se réjouit d’avoir trouvé la compagne parfaite. Emma occupe ses journées à aménager sa nouvelle demeure, dessine, joue du piano et reçoit avec élégance les visiteurs. Cette vie monochrome auprès d’un époux sans raffinement est bien loin des fastes et de la passion auxquels elle aspire. Ses rencontres avec M. Lheureux, habile commerçant, le Marquis d’Andervilliers, et Léon, jeune clerc de notaire, vont rompre la monotonie de son existence.L’INTRO :
Pas besoin de se creuser la tête bien longtemps pour deviner de quoi il s’agit ici avec ce Madame Bovary, second long-métrage de la réalisatrice Sophie Barthes (Ames en Stock en 2010), considérée il y a encore quelques années, comme l’un des futurs grands espoirs du cinéma indépendant. La metteur en scène signe une nouvelle adaptation du célèbre classique de la littérature paru dans les années 1850 sous la plume de Gustave Flaubert, roman au parfum de souffre en son temps, ayant fait un pied de nez audacieux à la société de l’époque et ses conventions, au point de voir son auteur attaqué en justice pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs« . Pour son réalisme romantique, assimilé alors à de la vulgarité, et son affront aux dites « bonnes mœurs », prônant l’idéal d’une vie plus libre et exaltée alors que les conventions y sont présentées comme une petite mort lente détruisant à feu doux son héroïne en peine, Madame Bovary fut un écrit témoin d’une époque. Un succès foudroyant et mondial, qui aura connu avant cette nouvelle transposition cinématographique, quantité d’adaptations à l’écran, par Renoir, par Minelli, par Sokourov ou Chabrol, voire par David Lean ou Anne Fontaine, à travers des versions plus libres. Emmené par la jeune Mia Wasikowska, entourée d’une belle distribution allant de Henry Lloyd-Hugues à Ezra Miller, en passant par Paul Giamatti, Rhys Ifans ou Logan Marshall-Green, Madame Bovary a connu les honneurs des festivals de Toronto et Telluride, et sera présenté cette année à Deauville ou à Londres.L’AVIS :
Difficile d’apporter un regard neuf sur un roman aussi souvent porté à l’écran, que ne l’a été le Madame Bovary de Flaubert. Avec un regard de femme (le film a quasiment toujours été adapté par des hommes) posée sur une héroïne écartelée par sa position dans la société masculine de son époque, Sophie Barthes signe une adaptation aussi élégante que les robes de soie de son personnage. À défaut d’être enivrant et très inspiré, Madame Bovary a au moins le mérite d’être appliqué, en plus d’être fidèle à l’ouvrage de Flaubert. Propre et confectionné avec soin, le film scrute, non sans attachement, le parcours tragique de cette jeune femme qui attendait avec impatience de vivre une vie qu’elle s’était imaginée fabuleuse et grisante, avant d’être déçue par la réalité. Sophie Barthes place sa caméra au bord du précipice où se situe sa Madame Bovary, étouffée par sa morne vie, cherchant désespérément l’ivresse tout en essayant de se conformer aux bonnes mœurs à respecter, trouvant finalement refuge dans les dépenses pour embellir une vie sans attrait. La cinéaste étudie avec finesse l’évolution de son personnage, d’abord jeune fille candide, puis femme meurtrie par l’insatisfaction de sa vie de campagnarde alors que ses rêves naïfs s’écroulent autour d’elle, femme évoluant ensuite vers la dépensière capricieuse inconséquente pour finir pauvre créature misérable, broyée par son malheur. Le spectateur passe ainsi par toutes les étapes émotionnelles, empathie, jugement, accablement, tristesse, compréhension, et ne perd jamais de vue le fond du récit, curieusement toujours d’actualité, montrant non sans mélancolie et désespoir, à quel point la banalité d’une existence insuffisamment embrassée, peut vite venir mettre fin aux espoirs de jeunesse et à l’imagination d’une vie au-delà d’un réel trop étriqué.Sophie Barthes signe un bel effort classieux et parfaitement inscrit dans la veine du romantisme littéraire cher à Flaubert. Pourtant, malgré ses intentions dont on ne questionnera jamais la sincérité, son Madame Bovary traîne la patte comme le boiteux au pied-bot que l’on croise au cours de l’histoire. Pour la simple et bonne raison qu’au-delà de ses qualités, ce Madame Bovary 2015 est incomplet, manquant d’un ingrédient essentiel à son plein fonctionnement : la fièvre. Rarement passionnel et passionné, souffrant d’une absence de vision qui apporterait un indéniable « plus » à une histoire mainte et mainte fois traitée au cinéma, Madame Bovary reste trop sage, trop lisse, trop embaumé dans la naphtaline. Les émotions sont là, mais l’on peine à les éprouver au point de rester trop spectateur en retrait de cette tragédie humaine manquant d’emprise sur son sujet. En ressort toutefois, une Mia Wasikowska impeccable et un excellent Rhys Ifans, de quoi contrebalancer la prestation trop faible d’un Henry Lloyd-Hugues tellement transparent, qu’il ne parvient jamais à soutirer une quelconque peine empathique.
LA BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux