Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : La Fille de Brest
Père : Emmanuelle Bercot
Date de naissance : 2016
Majorité : 23 novembre 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h08 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel, Charlotte Laemmel…
Signes particuliers : On pensait avoir vu à plusieurs reprises cette année, le pire film de 2016. C’était sans compter sur Ma Famille t’adore déjà.
LE COMBAT DES JUSTES
LA CRITIQUE DE LA FILLE DE BREST
Résumé : Dans son hôpital de Brest, une pneumologue découvre un lien direct entre des morts suspectes et la prise d’un médicament commercialisé depuis 30 ans, le Mediator. De l’isolement des débuts à l’explosion médiatique de l’affaire, l’histoire inspirée de la vie d’Irène Frachon est une bataille de David contre Goliath pour voir enfin triompher la vérité. Si la tempête semble lointaine de quelques années, elle n’est pourtant pas encore terminée et à ranger dans les archives. On se souvient tous plus ou moins du scandale de l’affaire du Médiator, ce médicament utilisé pendant plus de trente ans et qui s’est avéré extrêmement nocif. Une vérité dévoilée au grand jour au terme d’un long et fastidieux parcours du combattant mené par Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest, et que personne ne prenait au sérieux au départ. Aujourd’hui, les laboratoires Servier, producteur du Médiator, n’ont toujours pas été condamné au pénal, preuve que la lutte n’a pas encore trouvée une issue digne. Néanmoins, elle aura permis de faire éclater une, voire des vérités, et d’entraîner des réactions. A commencer par le retrait du médicament potentiellement mortel. Elle aura aussi permis de mettre au jour, les failles du système sanitaire français, et de changer son mode de fonctionnement, pour faire cesser les collusions entre les membres des organismes chargés de protéger la santé des citoyens et les groupes tout-puissants qui abreuvent le marché de pilules.Parce que l’affaire non achevée risque de tomber dans l’oubli passée l’ouragan médiatique d’il y a cinq ans, la réalisatrice Emmanuelle Bercot, fort de son succès cannois (et aux César) l’an passé avec La Tête Haute, a choisi d’en faire le sujet de son nouveau long-métrage. Porté par l’actrice danoise Sidse Babett Knudssen, La Fille de Brest revient sur le combat d’Irène Frachon, et les nombreuses épreuves surmontées pour faire éclater la vérité et reconnaître la dangerosité du Médiator. Tourné sur le ton du thriller et du film-enquête, La Fille de Brest plonge sans ménagement et de manière haletante, dans les arcanes d’un scandale comparable à l’affaire du sang contaminé.Un peu comme avec La Tête Haute l’année dernière, le nouvel effort d’Emmanuelle Bercot oscille sans cesse entre les points forts et les points faibles du cinéma de son auteure. On y retrouve cette capacité à injecter une force terriblement humaine au cœur de ses récits, mais aussi cette rhétorique et ce style qui poussent la sobriété et la pudeur sur le bas-côté, pour mettre en avant l’impact du « choc frontal ». Emmanuelle Bercot a du talent et son cinéma regorge de qualités, mais la finesse n’en fait pas toujours partie. La Fille de Brest est construit en deux blocs plus ou moins distincts. Tout d’abord, une première partie passionnante mais assez factuelle, où l’on est sans cesse à se demander si un documentaire n’aurait pas mieux valu que ce récit très didactique. Car le film n’a finalement pas grand-chose à ajouter à l’histoire connue (ou pas) en terme cinématographique. Dans la seconde, Emmanuelle Bercot apporte enfin un peu plus au simple déroulé des faits et prend de la hauteur d’avec son sujet, dressant ainsi le portrait d’une lanceuse d’alerte qui aura dû beaucoup encaisser pour parvenir à son envie d’aider vraiment les malades. En filigrane, la cinéaste réussit surtout à montrer ce qu’était Irène Frachon, derrière la figure médiatisée et l’emblème d’un combat. Une femme, un médecin, qui ne recherchait ni la notoriété ni la gloire, seulement animée par un idéalisme irréprochable d’aider des malades et de combattre un scandale. C’est dans cette partie que La Fille de Brest se montre d’ailleurs le plus poignant. Au-delà de l’affaire du Médiator, la réalisatrice montre également la difficulté, malgré de bonnes intentions, de mener à bien un combat juste sans faire de dommages collatéraux. Elle montre aussi que toute société a ses failles, même quand elle tente de créer des mécanismes régulateurs pour les éviter. Enfin, elle dénonce l’avidité nauséabonde de ces grands groupes pharmaceutiques souvent plus préoccupés par le profit que par l’humain, état de fait que l’on connaît tous mais qui tend à perdurer.Au final, La Fille de Brest apparaît un peu anecdotique sur le plan cinématographique, moins dans l’importance de ce qu’il entend dénoncer sur les manquements des institutions publiques. Fort heureusement, il parvient à être prenant malgré son sujet peu « vendeur », et s’appuie en grande partie sur son traitement sur le mode du thriller, et sur l’interprétation sincère et dévouée d’une grande Sidse Babatt Knudssen. Reste qu’Emmanuelle Bercot en fait parfois un peu trop, comme souvent d’ailleurs, à l’image de ses séquences de chirurgie (opérations, autopsies) aussi insoutenables que peu utiles, ou de ces plans où elle semble se regarder filmer alors que l’on aurait aimé la voir s’effacer encore davantage derrière son histoire. Comme avec La Tête Haute précédemment.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux