Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : La Cara Oculta
Père : Andrès Baiz
Livret de famille : Quim Gutiérrez (Adrian), Martina García (Fabiana), Clara Lago (Bélen), Alexandra Stewart (Emma)…
Date de naissance : 2011
Majorité au : 04 juillet 2012 (en salles)
Nationalité : Espagne, Colombie
Taille : 1h36 / Poids : 2,6 millions $
Signes particuliers (+) : Un petit bijou de série B, thriller malin comme le diable, à la fois efficace et surprenant, en plus d’être porté par de très bons comédiens (dont la belle Clara Lago). Noir, ironique, nihiliste, tendu, Hitchcock aurait pu apprécier cet effort modeste mais astucieux, réalisé avec élégance et inspiration.
Signes particuliers (-) : Inside trouve ses limites dans le fait qu’il faille absolument ne rien en savoir pour en profiter au mieux.
HITCHCOCK, OÙ ES-TU ?
Résumé : Adrian, chef de l’orchestre philharmonique de Bogota, est un jeune homme à qui tout a réussi. Pourtant, quand sa petite-amie Belen le quitte subitement sans prévenir, il sombre. Noyant son chagrin dans un bar, il fait la rencontre de Fabiana qui tombe tout immédiatement amoureuse de lui. Mais ce nouveau départ est contrarié par les soupçons de la police au sujet de la « disparition » de Belen qui finalement, pourrait bien ne pas s’être enfuie comme Adrian le prétend…
L’histoire de Inside, alias La Cara Oculta est symptomatique du traitement infligé au petit cinéma de genre et à plus forte raison, quand il est issu d’une patrie exotique qui n’a pas l’habitude de se frayer un chemin dans les salles obscures. Une production douloureuse, une sortie presque technique chez nous à l’été 2012 qui l’a fait passé totalement inaperçu malgré sa sélection au Festival Policier de Beaune la même année, puis une sortie en DVD neuf mois plus tard à nouveau dans une triste semi-indifférence. Néanmoins, on pourrait presque se féliciter de l’avoir vu sortir, ce qui est déjà pas mal car honnêtement, Inside revient de très loin. Pour la faire courte, il est un cinéaste colombien répondant au nom d’Andrès Baiz, un passionné qui a eu la chance de faire ses études à New York et de se frayer un chemin dans la production de cinéma, travaillant sur des films de premier plan comme A Tombeau Ouvert de Scorsese ou Zoolander de Ben Stiller. Devenu critique, il réalise son premier long-métrage en 2007, un polar qui a connu une bonne carrière en festivals. Quand il tombe sur un script de série B écrit par Hatem Khraiche, un jeune scénariste qui a officié sur des courts, Baiz sent tout de suite le potentiel pour un superbe thriller roublard à la limite du genre. Le metteur en scène se lance dans l’aventure mais les embûches seront nombreuses. De grosses difficulté de financement l’attendent avant que deux structures de production, une colombienne et une espagnole, ne s’y penchent. Mais cela ne suffit pas. Puis le gouvernement espagnol lui octroie une bourse d’aide. Toujours pas assez. Tout se décantera le jour où la solide 20th Century Fox entrera dans la danse. La Cara Oculta recevra l’appui de sa branche internationale. Le tournage commence. Course contre la montre face aux délais extrêmement courts, inondation de la maison choisie comme décor, autres problèmes météorologiques divers contraignants, le tournage du film aura été chaotique mais avec sang froid, Andrès Baiz l’aura mené à bout, en s’appuyant sur son scénario qu’il savait excellent et sur ses trois comédiens vedettes hispanophones talentueux, le classe Quim Gutiérrez, la sexy Martina Garcia et la magnifique Clara Lago dont on vous avez récemment parlé au détour de notre papier sur le film The End où elle illuminait un casting assez médiocre.
Il est extrêmement compliqué de chroniquer un film comme Inside, petite pépite discrète mais bourrée de talent à tous les étages. La raison ? Le film est de ce genre de production qui fonctionne sur un twist majeur de tiers de film qu’il serait criminel de dévoiler tant il gâcherait le plaisir de découvrir cet authentique bijou modeste mais si bien exécuté, qu’il éclairera une soirée même mal engagée. On pensait être en terrain connu avec l’entame de script de Inside, qui semble dévoiler ses ficelles très/trop vite. Et pourtant, c’est sans compter sur la ruse d’un arc dramatique redoutablement conçu et intelligemment mis en scène, jouant sur les ruptures de la narration (qui semble décousue et finalement pas du tout) pour mieux nous immerger dans sa rocambolesque histoire d’une cohérence plutôt maligne. Sombre, cruel, presque sadique, Inside aurait pu prétendre à être un fil d’horreur mais Andrès Baiz préfère s’orienter vers le thriller haletant à couper le souffle mettant en scène une nouvelle forme de « torture » non sans génie et inspiration.
Inside a un petit quelque chose de magistral à son modeste niveau, un peu à la façon d’un Malveillance de Jaume Balaguero. Une ambiance presque hitchcockienne croisée ce qui aurait pu être un épisode de La Quatrième Dimension, des Contes de la Crypte ou d’Alfred Hitchcock Présente. Attention, rien de fantastique ou de réellement horrifique au programme mais un thriller habile jouant un jeu de miroir tendu non sans un nihilisme défiant les lois de la bonne morale conventionnelle. Terriblement efficace, avec un soupçon de sensualisme délectable (les deux comédiennes n’hésitent pas à se dénuder pour notre plus grand plaisir), Inside est une sorte de romance contrariée par une noirceur et une ironie terrifiantes, une péloche sacrément efficace et psychologique qui n’invente rien mais qui roule proprement et avec concision sur la voie dans laquelle elle s’engage avec au passage, une élégante réalisation léchée et un charmant côté à l’ancienne qui ne fait que renforcer la sympathie l’on pourra éprouver en la découvrant. Un vrai régal angoissant et une intense surprise astucieuse. On recommande au plus point, de préférence sans trop en savoir, voire mieux, sans rien en connaître du tout. Le plaisir n’en sera que meilleur ! On ne vous en dira pas plus pour préserver sa fraîcheur qu’il est primordial d’entretenir.
Bande-annonce (que l’on vous déconseille très fortement si vous tenez à profiter pleinement du film) :