Carte d’identité :
Nom : Free Fire
Père : Ben Wheatley
Date de naissance : 2017
Majorité : 14 juin 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : Angleterre, France
Taille : 1h30 / Poids : 10 M$
Genre : Action, Comédie
Livret de famille : Brie Larson, Cillian Murphy, Armie Hammer, Sharlto Copley, Sam Riley, Jack Reynor, Michael Smiley…
Signes particuliers : Une comédie d’action déjantée où ça canarde dans tous les sens… au point de se tirer une balle dans le pied au passage.
RÈGLEMENT DE COMPTE À O.K. CORRAL
LA CRITIQUE DE FREE FIRE
Résumé : Une vente d’armes clandestine doit avoir lieu dans un entrepôt désert. Tous ceux qui y sont associés se retrouvent face à face : deux Irlandais, Justine, l’intermédiaire, et le gang dirigé par Vernon et Ord. Mais rien ne se passe comme prévu et la transaction vire à l’affrontement. C’est désormais chacun pour soi… pour s’en sortir, il va falloir être malin et résistant.
Ben Wheatley n’est pas un réalisateur comme les autres. Quoiqu’il touche, l’épouvante avec Kill List, la science-fiction avec High Rises ou la comédie noire avec Touristes, il ne fait rien comme les autres et n’a de cesse de livrer des œuvres singulières à l’univers qui l’est tout autant. Avec Free Fire, le britannique marginal s’attaque à la comédie d’action. Et comme on pouvait s’y attendre, son petit dernier s’aventure loin des codes traditionnels d’un genre qu’Hollywood a bien formaté, préférant flirter volontiers avec le polar décalé et le thriller hard-boiled, le tout saupoudré d’une légère dose de cool-attitude déglinguée. Tout pour plaire.Produit vintage assumant sa filiation avec les séries B d’un autre temps, Free Fire est un délire conceptuel réunissant des truands dans un entrepôt pour un deal d’armes qui va tourner au vinaigre. Un malencontreux hasard va tout faire déraper, et les camps en présence vont se tirer dessus dans un duel de pieds-nickelés quasi-westernien, filmé en temps réel et en huis-clos. Et donc ? Et donc rien, si ce n’est 1h30 de bataille rangée dans cet hangar miteux et désaffecté, soudainement peuplé de personnages tous plus couillons les uns que les autres. Et Free Fire de viser un balancement permanent entre le délicieusement violent et le ridicule pathétique drôlissime. Dans l’idée, Ben Wheatley avait presque tout bon. Malheureusement dans les faits, c’est une autre histoire. Comme bien souvent avec les « films à concept », Free Fire va déraper, comme la transaction qu’il montre à l’écran. Parce que Ben Wheatley n’est pas Tarantino, ou éventuellement Shane Black, et que son effort va vite se prendre les pieds dans le tapis, avant de se cogner la tête contre les limites qu’il s’est lui-même imposées à force de multiplier les mauvais idées semblables à des impasses. Ces maladresses coupables auront vite fait d’enterrer ce qui aurait pu génial dans ce portnawak radical, teinté d’un ton burlesque surréaliste.Trop statique (résultat d’une bien mauvaise idée de scénario contraignant les personnages à ramper tout le long), avec un rythme qui lui fait défaut, un second degré mal exploité, et des personnages qui peinent à exister tant ils sont relégués dans l’ombre d’un exercice de style prenant trop de place, Free Fire est une amère déception à défaut d’être un mauvais film. De ce genre de petite péloche dont on voit sans cesse l’énorme potentiel pour faire éclore une série B old school qui aurait fait le bonheur des amoureux des années 80, mais qui passe totalement à côté de ses intentions. Le ballet pétaradant que filme Wheatley aurait pu être jubilatoire si le cinéaste s’était davantage lâché sur la forme plus que dans l’esprit, quitte à se laisser pleinement glisser vers ce style pop, fun et cartoonesque, qu’il semble regarder de loin en nous le faisant miroiter sans jamais nous l’offrir vraiment. Finalement, il n’aura jamais su mettre moteur et soupapes au diapason, comme il n’aura jamais su conjuguer cet esprit barré et une mise en scène adéquate. Free Fire s’embourbe et décline lentement dans l’ennui, tant on se retrouve spectateur de protagonistes auxquels on n’a jamais l’occasion de s’attacher, lesquels animent une danse macabre très répétitive, dans les actes comme dans les salves d’humour noir. Frustrant.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux