Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Everybody wants some
Père : Richard Linklater
Date de naissance : 2015
Majorité : 20 avril 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h56 / Poids : NC
Genre : Comédie
Livret de famille : Blake Jenner, Glen Powell, Tyler Hoechlin, Zoey Deutch, Ryan Guzman, Wyatt Russell, Dori Madison…
Signes particuliers : Avec son sens délectable de la mise en scène de la nostalgie, Richard Linklater nous ramène dans un temps qui semble si lointain sans l’être. Toute une époque !
BACK TO THE EIGHTIES
LA CRITIQUE
Résumé : Suivez les péripéties d’un groupe d’amis qui découvre les libertés et les responsabilités de l’âge adulte. Et soyez prêts à passer le meilleur week-end de votre vie.
L’INTRO :
C’est toujours un réel plaisir que de retrouver le cinéaste Richard Linklater. De sa trilogie des Before (Sunrise, Sunset et Midnight) à l’iconoclaste A Scanner Darkly, en passant par l’expérimental Slacker ou l’ambitieux Boyhood, le metteur en scène a su se forger une filmographie forte et éclectique, incarnant à merveille le cinéma indépendant américain dans toute sa splendeur et sa diversité. Le voici de retour aujourd’hui avec Everybody Wants Some, sorte de suite spirituelle à son Dazed and Confused (1993) mais aussi, quelque part, à son précédent Boyhood. En effet, le premier tournait autour d’un groupe de lycéens vivant leur dernier jour de cours, avant de dire adieu à cette période importante de leur vie. Le second, narrait le portrait d’un adolescent, de son enfance à son premier jour à l’Université. Et justement, voilà le sujet de Everybody Wants Some, nouveau long-métrage qui s’attache au dernier weekend de liberté d’un groupe d’étudiants prêts à vivre leurs grands débuts à la fac, dans une Amérique des années 80 où régnait encore un certain idéal de la douceur de vivre et de la passion de la jeunesse.L’AVIS :
Richard Linklater a toujours eu un faible prononcé pour les récits initiatiques. Et c’est exactement ce dont relève Everybody Wants Some, portrait « choral » de quelques jeunes trublions sur le point de quitter définitivement leur ancienne vie de lycéens pour entrer de plein pieds dans l’âge adulte, devant ainsi apprendre l’autogestion, les responsabilités et découvrir ce qu’ils veulent être à l’avenir tout en profitant de la jouissance du moment présent. Une immersion qui se fera par le regard de Jake, jeune homme débarquant de sa campagne profonde et devant apprivoiser ses nouveaux colocataires, des sportifs comme lui, incarnant l’avenir de l’équipe de baseball universitaire locale. Ils sont cool, ils sont beaux (d’où moins ils font tout l’être), ils ont la classe, ils sont déjantés, ils sont jeunes, ils veulent mordre la vie à pleine dents. Et de fêtes alcoolisées en délires génialement dingues, de fous déhanchements musicaux en envie bestiale de « serrer des jolis culs », cette meute de mecs en chaleur va vivre un weekend où « tout le monde veut en croquer un bout« . Un weekend qui s’annonce épique, et qui le sera, pour eux comme pour nous, le temps de deux heures entre légèreté, tendresse et hilarité.On se sent toujours bien dans le cinéma de Richard Linklater, parce que le cinéaste a ce pouvoir de raviver des souvenirs, de faire vibrer notre nostalgie, de parler directement au spectateur tant il sait, mieux que personne, amener le particulier vers les sentiers de l’universalité. La découverte d’un nouveau monde, le passage à l’âge adulte, la peur mêlée à l’attrait de la nouveauté, l’envie de se faire adopter, les expériences fondatrices de la jeunesse, l’amour, l’insouciance, qui l’on est, qui l’on veut devenir, comment et pourquoi. Voilà quelques clés qui soutiennent ce nouvel effort du réalisateur, dont l’action se déroule sur un weekend totalement débridé, en compagnie d’une poignée de protagonistes hauts en couleurs. Everybody Wants Some prend vite des allures d’album grisant, swingant avec énergie et entrain au son d’une B.O. eighties délicieusement iconique (Van Halen, Blondie, The Cars, Dire Strait, Sugar Hill Gang, Patti Smith, ZZ Top, The Knack etc…). Everybody Wants Some est une excitante balade rieuse et survitaminée, inscrite dans le sillage de ces nouveaux dieux de la fac, auxquels on s’attache avec passion, ne serait-ce qu’après cette introduction faisant exploser les basses sur le légendaire My Sharona des Knack avant une traversée de ville en bagnole d’anthologie, au rythme endiablé du Rapper’s Delight de Sugarhill Gang.Richard Linklater nous a toujours habitué à travers ses œuvres follement existentielles, à discourir sur une multitude de choses en connexion profonde et étroite avec la vie en général. Et c’est peut-être la seule limite que l’on regrettera avec ce nouveau Everybody Wants Some, dont on peine à dégager clairement le propos et la finalité au-delà de son délicieux portrait plein de panache. Et même si l’on traverse avec bonheur cette virée, on pourra parfois être amené à se lasser un peu sur la durée (un poil longue) de cette ode enthousiaste à l’idée de se sentir intensément vivant.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux