Venue au festival de Deauville pour y recevoir un hommage pour l’ensemble de sa carrière, nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer l’illustre comédienne Patricia Clarkson (actuellement à l’affiche du second opus du Labyrinthe). Rencontre avec une actrice dont le prestige et l’expérience n’ont d’égale que sa gentillesse, sa douceur et sa classe.
Patricia Clarkson en quelques films : The Station Agent, La Ligne Verte, Shutter Island, Whatever Works, Jumanji, Phoebe in Wonderland, Pieces of April, Dogville…
Bonjour. Vous allez bien ?
Patricia Clarkson : Oui, je vais bien. C’est une longue journée, conférence de presse, photocall, aller inaugurer ma cabine sur les planches avec mon nom dessus, interviews… Mais c’est très sympa.
Vous avez travaillé avec de très grands réalisateurs tels que Martin Scorsese, Woody Allen etc… Et pourtant, vous continuez régulièrement à faire confiance à de jeunes cinéastes de la nouvelle génération. C’est important pour vous de continuer à faire de tels choix audacieux ?
Patricia Clarkson : Oui, c’est même essentiel. J’ai eu la chance de travailler avec des grands et j’ai aimé travailler avec eux. Mais, si vous regardez bien ma carrière, vous verrez que si je n’avais pas accepté de travailler avec Thomas McCarthy, je n’aurais pas fait The Station Agent, ou si je n’avais pas accepté le rôle que m’a proposé Peter Hedges, je n’aurais pas fait Pieces of April. Je serais passée à côté de ces rôles, de réalisateurs remarquables, qui ont changé ma vie et ma carrière. Je suis toujours ouverte aux nouveaux réalisateurs. Si j’aime l’histoire, si j’aime le scénario, si en parlant avec eux je ressens une vraie connexion et si j’ai une bonne intuition, j’y vais.
Justement, vous avez tourné avec tellement de monde, avez-vous encore des rêves, des cinéastes avec lesquels vous aimeriez travailler ?
Patricia Clarkson : Il y en a tellement. Il y a beaucoup de grands réalisateurs là-dehors, avec qui j’aimerai travailler. Trop.
À l’image de Kate Winslet ou Meryl Streep, vous avez rejoint une franchise avec Le Labyrinthe. Est-ce que ce genre d’aventure est aussi un moyen pour vous, de jouer un rôle de mentor auprès de jeunes comédiens comme Dylan O’Brien, par exemple ? Vous leur faites partager votre expérience ?
Patricia Clarkson : Pas vraiment. Je pense que Dylan O’Brian et les autres, savent très bien ce qu’ils font. C’est agréable de travailler avec ces jeunes comédiens très talentueux. Ils portent vraiment ces gros films. Moi, je ne suis que la méchante de service et quelque-part, c’est peut-être moi qui apprends d’eux.
Parlons un peu de votre expérience sur la série culte qu’est Six Feet Under. Quel regard portez-vous sur cette expérience, quels souvenirs en gardez-vous, près d’une décennie après la fin ?
Patricia Clarkson : C’est intéressant car, au final, je ne suis apparu que dans six épisodes. Mais le grand Alan Ball (le créateur de la série – ndlr) m’a écrit un personnage extraordinaire… C’est lui qui m’a enrôlé et je lui en suis très reconnaissante car ce fut une expérience incroyable. Je n’étais pas un personnage régulier et je venais sur le tournage genre deux fois par an, pour interpréter Tante Sarah. Mais à chaque apparition, j’avais des scènes fabuleuses, sublimes. Le personnage était si bien écrit. C’est ça Alan Ball, c’est ça la beauté d’Alan Ball. C’est un maître. Ce fut une parenthèse formidable, et j’ai été chanceuse d’en faire partie.
Vu la vitalité et la qualité des productions télévisuelles d’aujourd’hui, seriez-vous tentée de participer de nouveau à une série télé ?
Patricia Clarkson : Non. Je tiens trop à ma liberté. J’aimais Six Feet Under parce que je ne jouais pas un personnage régulier. Il y a vraiment des rôles de femmes remarquables à la télévision aujourd’hui. Mais j’aime trop les films. Je viens juste de jouer The Elephant Man au théâtre à Broadway avec Bradley Cooper, et ça m’a pris toute une année. Cela m’a suffit. J’aime vraiment ma liberté. Je n’aime pas être coincée par un planning à long terme. J’ai fait ça pendant neuf mois parce que Bradley Cooper me l’a proposé, comment refuser ? Mais j’aime l’inattendu.
Vous avez souvent dit que vous aimiez les challenges. Et justement, à ce propos, il y a dans votre filmographie, un film qui représentait un vrai challenge, c’est Dogville de Lars von Trier. Pourriez-vous nous parler de cette expérience incroyable ?
Patricia Clarkson : Ce fut aussi une expérience remarquable. Et elle m’a permis de faire la connaissance de Nicole Kidman, que j’adore. Elle est d’ailleurs venue me voir jouer au théâtre, à Londres, récemment. Travailler avec Lars et cette incroyable distribution, sur ce plateau insensé… Tout ça ne pouvait sortir que de la tête de quelqu’un comme Lars von Trier… Mais ce film a fait de moi une meilleure actrice, il m’a amené vers de nouveaux sentiers en tant que comédienne. C’était crucial.
Justement, comment choisissez-vous vos rôles ? Au feeling ?
Patricia Clarkson : Exactement. Quand je lis un scénario, j’essaie de me mettre dans un lieu calme pour me plonger à fond dedans. Et je regarde s’il me frappe. S’il me percute, alors je fonce. J’ai besoin d’être frappée par un script, c’est déterminant. Je cherche sans cesse le challenge et les nouvelles expériences.
Vous avez une filmographie immensément longue avec beaucoup de rôles. Vous sentez-vous comme une addict à la comédie ?
Patricia Clarkson : Oh, définitivement ! C’est ma vie, et je l’adore. Je pense que jouer la comédie est quelque-chose d’addictif. Et puis c’est un métier tellement gratifiant. De toute façon, je serai incapable de faire autre chose, je n’ai aucun autre talent ! Je ne sais pas jouer du piano, rien !
Vous êtes ici à Deauville pour recevoir un prix pour l’ensemble de votre carrière. En temps qu’actrice expérimentée, quelle jeune comédienne vous impressionne le plus aujourd’hui ? Peut-être quelqu’un avec qui vous avez travaillée ou autre…
Patricia Clarkson : J’avais fait un film avec Elle Fanning, son premier film, Phoebe in Wonderland. Je l’aime beaucoup, elle est extraordinaire. Elle est tellement belle, de l’intérieur aussi. C’était un grand moment que de voir cette si jeune fille prendre son envol.Un grand merci à Patricia Clarkson, aux équipes du Public System Cinema, à Youmaly, et aux autres intervenants de cette table ronde.