Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : A Glimpse Inside The Mind of Charles Swan III
Père : Roman Coppola
Livret de famille : Charlie Sheen (Charles Swan), Jason Schwartzman (Kirby), Patricia Arquette (Izzy), Bill Murray (Saul), Aubrey Plaza (Marnie), Mary Elizabeth Winstead (Kate), Katheryn Winnick (Ivana)…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 24 juillet 2013 (en salles)
Nationalité : USA
Taille : 1h26
Poids : Budget NC
Signes particuliers (+) : Une loufoquerie pop-référentielle ancrée dans un univers atypique et portée par un prestigieux casting.
Signes particuliers (-) : Charles Swan est une épuisante virée excentrique poussive et déconnectée de l’humilité, n’allant jamais plus loin que son principe d’existence, enchaînant ses saynètes maladroitement en se reposant sur sa seule rhétorique pop séductrice foutraque sans jamais créer d’émotion ou embarquer. Paresseux, bancal, redondant et tellement superflu qu’il frôle le pastiche du film d’auteur cool-vintage.
DANS LA TÊTE DE COPPOLA II
Résumé : Californie, années 70. Charles Swan est un graphiste à succès, un homme à femme et un conjoint. Quand sa petite-amie le plaque, excédée par ses coucheries, il se voit contraint de se lancer dans une remise en question intérieure…
On n’avait plus revu Roman Coppola derrière une caméra depuis bien longtemps, précisément depuis son seul et unique long-métrage à ce jour, l’apprécié CQ en 2001. Douze années durant lesquels le fils aîné de Francis Ford n’a pourtant pas chômé puisqu’il a été tour à tour acteur, scénariste, producteur, assistant réa ou réalisateur de seconde équipe, notamment pour son père, sa sœur ou son ami Wes Anderson. C’est donc tout heureux de le retrouver à la direction d’un nouveau film que l’on s’est précipité pour découvrir son nouveau et second film au titre à rallonge, Dans la Tête de Charles Swan III, une comédie dramatique excentrique réunissant un casting incroyable avec en tête, le fantasque peu en odeur de sainteté du côté d’Hollywood, Charlie Sheen, libéré du poids du tournage de sa série Mon Oncle Charlie et qui vient du coup occupé le premier rôle du film de son ami d’enfance. Un film qui plonge dans la remise en question d’un graphiste à succès dans les années 70, éprouvé par le drame personnel de sa petite-amie qui le quitte, lassée de ses frasques avec d’autres femmes.
Charlie Sheen porte sur ses épaules un film entièrement centré sur sa personne mais ce n’est pas pour autant que Dans la Tête de Charles Swan III en oublie les rôles secondaires. Et le défilé est impressionnant. Jason Schwartzman (cousin de Roman Coppola), Bill Murray, Aubrey Plaza, Patricia Arquette, Mary Elizabeth Winstead… Une belle brochette de comédiens qui compose l’étonnant entourage de Charles Swan peuplé de personnages, à son image, hauts en couleurs. L’idée de Coppola était à la fois de cerner ce moment particulier dans une rupture, où l’on est tiraillé entre nostalgie et amertume, entre le manque de l’autre et l’envie de le détester de toutes ses forces mais également de le croiser avec une période qu’il affectionne, les années soixante-dix qui a vu exploser le graphisme (le cinéaste étant un fervent amateur de ce type d’art), notamment sous l’impulsion d’une de ses idoles devenue également un cher ami, Charles White III, à qui il adresse autant un clin d’œil qu’il n’y rend hommage.
Film atypique et totalement loufoque, Dans la Tête de Charles Swan III est une folie cinématographique et cinéphilique, un film pop acidulé traversé de fantaisies délirantes nourrissant son décalage et son univers cliquant et séducteur. En cela, on pourrait rapprocher le film d’une sorte de croisement au carrefour des univers de Wes Anderson, Spike Jonze, Michel Gondry voire même le français Quentin Dupieux. De nobles références attirantes mais trompeuses… Car Dans la Tête de Charles Swan III est loin de côtoyer les sommets des bons films de ce quatuor de metteurs en scène. Œuvre chic et choc, Dans la Tête de Charles Swan III est surtout une poussive expérience d’un auteur virant presque à la supercherie artistique, poussant sa rhétorique auteurisante artificielle jusqu’à des excès fatigant et usant. Outre le fait que le film a du mal à dépasser son simple postulat d’existence pour devenir autre chose qu’un « effet de cinéma », cet OVNI déglingué doux-amer finit vite par lasser par sa folie permanente effrénée et ses multiples tentatives voyantes de séduire le public par son jeu de références branchées clinquant, son ton rétro et son décalage délirant qui finalement ne mènent à pas grand-chose d’autre que la simple prose artistico-poétique foutraque. Pire, Roman Coppola aboutit même à une sorte de pastiche de film d’auteur « cool » qui tient de l’arnaque indépendante pénible, n’emportant jamais l’adhésion. Sa focalisation incessante sur son univers qui relève de la seule « intention », amène Dans la Tête de Charles Swan III a être totalement dénué d’émotion alors que défile sa BO pop-classe-vintage épuisante faisant presque passer l’ensemble pour un long clip illustré. La musique illustre t-elle le film ou inversement, le film illustre t-il la BO ? Le débat reste entier tant l’amour de Coppola fils pour le « bon son » l’aveugle et étouffe son œuvre.
Excentricité forcée manquant autant d’humilité que de simplicité et de légèreté (un comble tant le film s’évertue à s’y engouffrer), Dans la Tête de Charles Swan III enchaîne les séquences/saynètes délirantes ou décalées sans art de l’écriture d’un « tout » homogène et plaisant et l’ensemble sonne faux, bancal, maladroit et sacrément paresseux par sa redondance artistique et narrative. Reste un film fantasmagorique vide et apprêté, recherchant le statut d’œuvre culte à la CQ sans jamais y parvenir un instant, se vautrant dans le superflu perpétuel et monotone où les bonnes idées tombent en lambeaux pelliculés devant le mur érigé par une tentative faussement charmeuse. Second film, premier échec d’un petit malin virant au bobo-intello ridicule.
Bande-annonce :