[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Corps Etranger
Mère : Raja Amari
Date de naissance : 2016
Majorité : 21 février 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : France, Tunisie
Taille : 1h32 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Hiam Abbass, Sara Hanachi, Salim Kechiouche…
Signes particuliers : Remarquable Sara Hanachi.
L’HISTOIRE D’UNE FUITE VERS L’ÉMANCIPATION
LA CRITIQUE DE CORPS ÉTRANGER
Résumé : Samia, échoue comme beaucoup de clandestins sur les rivages de l’Europe. Hantée par l’idée d’être rattrapée par un frère radicalisé qu’elle avait dénoncé, elle trouve d’abord refuge chez Imed une connaissance de son village, puis chez Leila pour qui elle travaille. Entre les trois personnages, le désir et la peur exacerbent les tensions…
Pour son troisième long-métrage, la réalisatrice Raja Amari s’intéresse à la condition des immigrés, ces êtres déracinés dont les corps sont soudainement étrangers au lieu où ils atterrissent. Mais de corps il est également question sur un autre niveau de lecture, quand le film parle des corps à travers le désir, notamment le désir féminin. Et Corps Étranger d’être à la fois un film féminin et un film féministe, Raja Amari soutenant la volonté d’émancipation des femmes vivant encore dans des pays au joug masculin féroce et tyrannique. A l’écran, l’odyssée de cette immigrée qui fuit la Tunisie pour aller tenter sa chance en France est incarnée par la jeune Sara Hanachi, dont c’est la seconde apparition après Parfum de Printemps. Sa fuite, elle, est matérialisée par ce frère radicalisé qui la hante… Et parce que Corps Étranger est aussi un récit de transmission d’une génération vers l’autre, Sara Hanachi est accompagnée de l’extraordinaire et expérimentée Hiam Abbass, toujours aussi fascinante à l’image.
L’intelligence du film de Raja Amari, et ce qui orchestre au passage tout son propos, est d’avoir associé immigration et fuite vers l’émancipation, imbriquant ce départ d’un pays patriarcal et la naissance et la prise de conscience du désir féminin. Un moyen de rappeler la condition des femmes dans les pays où leur féminité est étouffée, un moyen de donner la parole à leur pouvoir de séduction contraint, et une vraie représentation digne en brandissant leur désir de liberté, d’autant plus présent qu’en France, la jeune femme se retrouve aux prises avec un homme du pays qui tente à son tour, de la diriger et de juguler son élan d’affranchissement. D’un intimisme qui sonne juste, Corps Étranger se perd parfois à vouloir évoquer trop de choses en même temps. La première partie (sur l’immigration) apparaît ainsi très maîtrisée et captivante, là où la seconde (invitant le désir et un trio ambigü) paraît plus brouillonne, plus écrite et moins authentique. Mais le geste n’en reste pas moins pour autant pertinent et tenu avec beaucoup de finesse.
BANDE ANNONCE :
Par Nicolas Rieux