Mondociné

CLIP de Maja Milos
Sortie DVD – critique (drame)

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20484397.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre :
note 3
Carte d’identité :
Nom : Klip
Mère : Maja Milos
Livret de famille : Isidora Simijonovic (Jasna), Vukasin Jasnic (Djole), Sanja Mikitisin (Jasmina), Jovo Maksic (Jasnin), Monja Savic (Marija), Katarina Pesic (Ivana), Sonya Janicic (Sanja)…
Date de naissance : 2011
Majorité : 17 avril 2013 (en salles) / 02 janvier 2014 (DVD)
Nationalité : Serbie
Taille : 1h43
Poids : Budget NC

 

Signes particuliers (+) : Un sujet de base intéressant tiré d’un constat terrible sur la jeunesse actuelle incarné par de jeunes comédiens non-professionnels formidables.

Signes particuliers (-) : Maja Milos ère inintelligiblement au simple stade d’un constat archi-rebattu et en bien mieux par d’autres. Elle compense son manque d’emprise et de vision sur son film par une surenchère grotesque de plans chocs et jusqu’au-boutistes englués dans un summum de complaisance et de voyeurisme au point de tomber dans le ridicule.

 

SKINS VERSION SERBIE

LA CRITIQUE

Résumé : Jasna, une adolescente de 16 ans, s’ennuie dans sa petite ville en périphérie de Belgrade, entre les cours du lycée et la vie chez elle, où ses parents n’arrivent plus à dialoguer avec elle. Comme les autres jeunes de son âge, ses seules préoccupations sont de faire la fête, de rencontrer des garçons et de se filmer en permanence avec son téléphone portable. Jasna tombe folle amoureuse de Djole, un garçon de son école. Prête à tout pour lui plaire, Jasna sombre vite dans les excès de l’alcool, du sexe et de la drogue…

20472493.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx L’INTRO :

Quand la jeune réalisatrice serbe Maja Milos se balade sur YouTube, elle y découvre choquée un étalage impudique de vidéos « trash » qui lui donne des idées de films. Car c’est ainsi qu’est né Klip, son premier long-métrage, un film d’auteur dérangeant s’immergeant dans la personnalité de la jeunesse belgradoise (mais pas que) actuelle, abandonnée à tous les extrêmes et passant en revue sans limites, les expériences d’alcool, de drogue, de sexe et de vulgarité. Son intention avec cette première œuvre estampillée « choc » est de souligner ce néo-moyen d’expression de la dite jeunesse à la dérive. Si cette découverte internaute est un scoop perturbant pour elle, pour nous, il n’est pas sans rappeler les travaux d’un Larry Clark il y a quoi… 20 ans, avec seulement internet en plus pour mettre en lumière ces tristes « exploits ». Après deux années de travail d’écriture, une campagne de casting de longue haleine pour recruter de jeunes comédiens non professionnels et un tournage éprouvant étalé sur huit mois, Klip débarque en tentant de faire l’effet d’une bombe, notamment dans les festivals où il est sélectionné.

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L’AVIS :

La violence, la pornographie, l’inconscience, l’absence de repères, Maja Milos brosse un portrait terrible de la jeunesse moderne en tentant de s’imposer sociologue alarmiste par un film à l’aspect « documentaire » dont une moitié des séquences est prises à vif à partir du téléphone portable de sa jeune interprète, une impressionnante il faut le reconnaître, Isidora Simijonovic, qui filme toute sa vie en bonne ado qu’elle est. Klip est un film extrême, trash, particulièrement cru et démonstratif, et c’est bien ça son problème. Car son dispositif participe de creuser sa propre tombe en inversant l’effet de ses intentions primaires.

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Concrètement, Maja Milos semble naïvement tombée de la dernière pluie et nous assène un catalogage des dérives de la jeunesse qu’elle évoque comme si la jeune metteur en scène venait de découvrir à quel point elle était partie en vrille depuis pas mal d’année. Tout ça sans se rendre compte qu’elle ne propose rien de neuf sur la question que d’autres ont déjà fortement creusée et avec nettement plus de talent, de justesse et de finesse. Bilan, Klip ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes sans vision ni véritable propos autre que le sensationnalisme idiot, avec comme seul dispositif, un alignement gerbant de séquences faussement provoquantes (pipes en gros plans, vomi répandu, séquence de sexe hardcore et sans pudeur) qui finissent au final par n’impressionner personne. La cinéaste mise tout sur le repoussement des limites de la vulgarité et de l’obscénité coupable, mais à vouloir jouer la carte de l’excès permanent pour surligner au marqueur les excès en question qu’elle évoque, son Klip bascule dans une complaisance et un voyeurisme gratuit, qui en font un repoussoir pas loin de la bêtise crasse. De « choc », il devient vomitif, de provoquant, il devient ridicule, et cette peinture d’une adolescence sans morale, dignité ou repères, se transforme en un monument de pathétique aggravé par une mise en scène proprement insupportable malgré ses velléités d’être en adéquation avec son sujet et les modes qui le sous-tendent.

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Si Klip se voulait un film authentiquement agressif par un cinéma-vérité, c’est en partie manqué. Certes, il ressemble trait pour trait à ces vidéos gênantes que l’on peut découvrir sur les plateformes vidéos où de jeunes filles de 14 ans se filment dans les pires situations sans pudeur, mais cette « re-création » est insuffisante à faire un film et soutenir un propos. La rhétorique dégradante étant la seule chose que l’on voit dans cette démarche artistique criarde d’exhibitionnisme nauséeux, on n’est pas loin de se demander si même un véritable porno ne serait pas moins abject que cette œuvre sordide tant il vendrait au moins son obscénité comme une finalité assumée. Ici, Maja Milos veut se poser en questionneuse radiographiant une jeunesse qu’elle semble au fond mépriser avec ce portrait glaçant à l’écœurement moralisateur, tant il se dégage de ce catalogue de débauche une absence de fond sérieux. Stupide, inutile, bruyant et facile, Klip tourne en rond autour de sa vaine impertinence jamais rattachée à un semblant d’intentions autres que l’effet « coup de poing trash » étalant avec redondance, nudité, vulgarité, cuite, nudité, sexe dégradant, vulgarité, nudité, sexe dégradant, nudité, fellation en gros plan, une puis deux, puis trois, cuite, vulgarité et ainsi de suite à n’en plus finir… Voilà à quoi se résume un film façonné dès le départ comme une erreur misérabiliste occultant son fond par sa forme excessive. L’effet électrochoc recherché comme un but à atteindre, s’embourbe dans une facture sommaire abrutissante provoquant bien dégoût et malaise comme espéré, mais davantage à l’égard du film que de son propos caractérisé par une absence de discours intelligent. Consternant.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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