
Nom : Shelby Oaks
Père : Chris Stuckmann
Date de naissance : 19 novembre 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h31 / Poids : NC
Genre : Horreur
Livret de Famille : Camille Sullivan, Sarah Durn, Brendan Sexton…
Signes particuliers : Plutôt pas mal.
Synopsis : Obsédée par la disparition de sa sœur, une femme s’engage dans une quête désespérée qui la conduit au cœur d’un mystère terrifiant, orchestré par un mal insaisissable.

LE CRITIQUE QUI DEVIENT CINEASTE
NOTRE AVIS SUR SHELBY OAKS
Vidéaste et critique de cinéma spécialisé dans le cinoche de genre, Chris Stuckmann a eu le courage de tenter ce que bien d’autres n’oseront sans doute jamais faire : s’exposer et franchir le mur qui sépare les réalisateurs qui réalisent des critiques qui critiquent. Après un appel à financement participatif qui a rencontré un franc succès (sa fanbase a massivement répondu à l’appel), Stuckmann signe son propre film. D’horreur bien sûr. Et pas intérêt de se planter quand on passe son temps à juger le travail des autres…
Entre le faux documentaire, le thriller d’enquête, le film fantastique et le found footages (ouais tout ça), Shelby Oaks raconte l’histoire d’une femme obsédée par la disparition mystérieuse de sa sœur douze ans plus tôt. Cette dernière était la leader d’un groupe de vidéastes enquêtant sur des histoires paranormales… jusqu’à une nuit terrifiante où tout a basculé.

L’entame nous laisse penser que l’on va se taper un énième found footages à la Blair Witch signé d’un petit malin qui n’a pas été mis au courant que des Blair Witch, il y en a eu 500 depuis, au bas mot et sans compter les centimes. Avec son passif de critique de film d’horreur, Chris Stuckmann avait clairement intérêt à proposer autre chose s’il voulait garder un semblant de crédibilité. C’est en partie le cas. Shelby Oaks ne se contente pas de rejouer la partition usée jusqu’à la moelle des images retrouvées dans lesquels on se plonge, mais articule son histoire sur deux temporalités et deux styles, d’une part le found footage avec les images exhumées (coup classique) et d’autre part, l’enquête une douzaine d’années plus tard réalisée de manière plus conventionnelle et qui va nous expédier dans un cauchemar terrifiant. Et le film de se balader entre le thriller à énigme, le faux documentaire et le found footage horrifique flippant, entre autres choses. Mais avec quelle maîtrise ?
Shelby Oaks est de ces films où l’on peut choisir de voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. D’un côté, sa structure jouant avec plusieurs styles est plutôt intéressante et maîtrisée par Chris Stuckmann. Le fait de ne pas être coincé uniquement dans le concept du found footage donne au film un air plus élaboré et permet de jouer autrement avec le coup des « images retrouvées » qui ne se suffisent plus à elles-mêmes mais permettent de faire progresser l’autre histoire, celle de l’enquête « aujourd’hui », pour comprendre le fin mot de l’histoire. Mais à l’opposé de ce ressort bien senti, Stuckmann ne témoigne pas toujours d’une folle originalité ni dans un univers ni dans l’autre. Traduction, on a connu de meilleures enquêtes horrifiques comme on a vu de meilleurs found footage (de Blair Witch à Grave Encounters) et quand le film vient flirter du côté de l’épouvante ésotérique, on pense encore à d’autres références. Comme Ari Aster ou Mike Flanagan, ce dernier étant un salutaire producteur exécutif. Clairement, Chris Stuckmann est un jeune cinéaste qui cherche sa voie, et pour l’instant il semble encore très influencé par son héritage de cinéphile assez évident, affiché ça et la aux quatre coins de son entreprise. Néanmoins, une promesse est là et elle donne envie de suivre la suite.

Car s’il y a bien une chose que le néo-réalisateur réussit, c’est imposer une ambiance. D’un bout à l’autre, Shelby Oaks angoisse avec une tension d’abord rampante, puis glace le sang ou terrifie quand il monte dans les tours, avec des pics d’effroi chargés en adrénaline. Et à l’heure où l’on reproche à bien trop de films de genre d’être formatés ou prévisibles, Shelby Oaks a ce mérite de surprendre à plusieurs reprises. Il dessine un début de found footage avant de proposer autre chose, les jump scare ne tombent pas là où l’on pense qu’ils vont tomber, le film ne se dirige pas là où l’on pense qu’il va aller, il ne se clôture pas ni où ni comment l’on s’attendait qu’il se clôture… Alors oui, tout n’est pas bon ou adroit dans l’écriture, tous les effets ne fonctionnent pas forcément, et l’ensemble fait un peu encyclopédie de l’épouvante moderne brassant un peu tout à la fois, du found footage aux effets gores, du jump scare au surnaturel ésotérique, du poisseux au malaisant, en passant par les longs silences effrayants (vous savez ceux avec la buée qui sort d’une bouche tétanisée d’effroi) voire une pincée de survival. Tambouille trop mélangée ou grosse générosité débordante ? Chacun ira de son avis, surtout après un final qui ne manquera pas de faire parler.
Par Nicolas Rieux
