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PIG de Mani Haghighi : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Père : Mani Haghighi
Date de naissance : 2018
Majorité : 05 décembre 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Iran
Taille : 1h47 / Poids : NC
Genre : Comédie, Policier

Livret de famille : Hasan Ma’juni, Leila Hatami, Leili Rashidi…

Signes particuliers : Une comédie satirique qui tente des choses sans toujours les réussir.

UN DÉLIRE IRANIEN ENGAGÉ

LA CRITIQUE DE PIG

Synopsis : Un mystérieux serial killer s’attaque aux cinéastes les plus adulés de Téhéran. Hasan Kasmai, un réalisateur iranien, est étrangement épargné. Censuré depuis des mois, lâché par son actrice fétiche, il est aussi la cible des réseaux sociaux. Vexé, au bord de la crise de nerfs, il veut comprendre à tout prix pourquoi le tueur ne s’en prend pas à lui.. et cherche, par tous les moyens, à attirer son attention.

Attention, gigantesque ofni magnifiquement perché à l’horizon ! Si l’on a l’habitude des drames iraniens dressant des constats sur une société bridée par les traditions, on a moins l’habitude de voir le pays des Kiarostami, Asghar Farhadi et autre Jafar Panahi nous pondre des comédies punk furieusement barrées. Avec Pig, le réalisateur Mani Haghighi se lance vaillamment dans une douce folie sacrément loufoque, où un humour ubuesque répond à une urgence de dénoncer les maux d’un Iran qui voudrait entrer de plein pied dans la modernité mais qui reste retenu par le poids de sa politique rétrograde. Et c’est par le prisme d’une charge comique contre la censure artistique qu’Haghighi élabore son propos, peignant le portrait drolatique d’un cinéaste aux allures de vieil adolescent mal léché de 50 balais, interdit de travailler dans le cinéma par le gouvernement iranien en réaction à ses œuvres critiques. Quand un mystérieux tueur assassine les cinéastes en activité en leur gravant « porc » sur le front avant de leur couper le carafon, Hassan ne comprend pas pourquoi il est épargné, lui le metteur en scène égocentrique qui se considère comme le plus brillant de sa génération. Il va alors faire les cent pas dans la cave de sa mère où il habite, en ronchonnant et ruminant sa frustration dans ses vieux t-shirt de hard-rock ou planqué derrière ses lunettes en plastique colorées.

Dans l’idée, Pig pourrait être jubilatoire, parce qu’il est grinçant, parce qu’il est libre, parce qu’il est porté par une fraîcheur plaisante, et parce qu’il fait amusément écho à une triste réalité (on pense aux Panahi et Farhadi qui ont des démêlés avec la justice iranienne). Mais l’essai manque d’être transformé car Haghighi ne témoigne pas de la maîtrise nécessaire pour canaliser le déjanté de sa forme pour lui permettre d’adroitement épouser la vaillance du fond. Pig glisse peu à peu vers la curiosité absconse à la douce folie un peu trop hermétique et brouillonne pour vraiment convaincre. Dommage car le postulat avait tout pour séduire avec ce mélange de drame, de thriller policier à tendance giallesque et de comédie cartoonesque frappée du ciboulot. Pig ne ressemble à rien dans le paysage cinématographique iranien mais sa différence ne suffit pas toujours. N’est pas Kaurismaki (voire les frères Coen) qui veut, et le cinéaste s’empêtre un peu dans sa marginalité foudroyante.


BANDE-ANNONCE :

Par David Huxley

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