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PETITES de Julie Lerat-Gersant & François Roy : la critique du film

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Nom : Petites
Père : Julie Lerat-Gersant, François Roy
Date de naissance : 2022
Majorité : 22 février 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h30 / Poids : nc
Genre : Drame

Livret de Famille : Pili GroyneRomane BohringerVictoire Du Bois

Signes particuliers : Bouleversant et engagé. 

Synopsis : Enceinte à 16 ans, Camille se retrouve placée dans un centre maternel par le juge des enfants. Sevrée d’une mère aimante mais toxique, elle se lie d’amitié avec Alison, jeune mère immature, et se débat contre l’autorité de Nadine, une éducatrice aussi passionnée que désillusionnée. Ces rencontres vont bouleverser son destin…

 

TROP PETITES POUR ETRE DES GRANDES

NOTRE AVIS SUR PETITES

Premier long-métrage, première claque. Julie Lerat-Gersant rejoint le cercle de ces auteurs qui ont su frapper très fort d’entrée de jeu. Et la jeune réalisatrice de prouver à son tour, que le vivier du cinéma français n’est pas tari et qu’une nouvelle génération se tient déjà prête. Avec Petites, Julie Lerat-Gersant (et son comparse François Roy) s’intéresse à un sujet à la fois difficile, dramatique et quelque peu tabou, les mères adolescentes. Ces jeunes filles qui se retrouvent avec des responsabilités que leur âge ne devrait pas convoquer. Ces jeunes filles qui sont censées se comporter en adulte là où elles ne sont encore que des enfants. La néo-cinéaste plonge sa caméra dans le quotidien d’un foyer pour mères-adolescentes à travers le parcours de Camille qui, comme sa mère avant elle, est tombée enceinte alors qu’elle est mineure. Placée, Camille court après l’amour de sa mère et contre cette institution qui est pourtant là pour la protéger de ce qu’elle ne mesure pas.
Elle-même ancienne tutrice, Julie Lerat-Gersant n’a peur de rien. On le voit déjà rien qu’avec son choix d’un sujet pas évident pour un premier long-métrage, on en a la confirmation quand on lit sa note d’intention. Parmi les références qui sous-tendent tous ses choix structurels, narratifs et artistiques, elle cite Ken Loach, Andrea Arnold, les frères Dardenne et John Cassavetes. Rien que ça. Ken Loach pour son approche de la fiction sociale, Andrea Arnold pour son regard sur la jeunesse (voir American Honey), les frères Dardenne pour leur manière de ne jamais lâcher leur personnage, et John Cassavetes pour sa manière de filmer et de diriger ses comédiens. Et si Julie Lerat-Gersant aurait pu se faire écraser par ces références trop imposantes, elle parvient à prendre le meilleur de chacune d’entre elles, pour signer un petit bijou de cinéma. Petites est le genre de film qui vous prend le cœur, le serre très fort et vous le rend en miettes.
Par essence, son sujet était déjà porteur d’un gros capital émotion. Mais c’est surtout la façon dont Julie Lerat-Gersant et François Roy le traitent qui rend le film si brillant, si puissant, si évocateur. A travers son récit initiatique, la réalisatrice parvient à croquer tant un sujet spécifique que tout ce qui gravite autour de lui. La question de ces mères adolescentes, les paradoxes de cet entre-deux âges, la question de l’éternelle reproduction d’un schéma socio-familial, l’espoir de briser la fatalité de la chaîne, le courage et la patience des éducateurs dévoués, la douleur de certaines situations, les notions de maternité et maternalité et tout ce qu’elles impliquent, la maltraitance infantile, le besoin d’amour et de reconnaissance, la quête de ses origines… Petites parvient à conjuguer avec adresse le portrait intime d’une de ces mères-ado et le tableau général d’une problématique complexe qui, elle-même, negendre mille et une autres problématiques. Le tout dans une fiction certes écrite, mais conservant une part d’approche documentaire au milieu de son « cinéma ». Intelligemment, Petites ne fait pas dans le faux angélisme ou au contraire dans la noirceur complaisante tire-larmes. La cinéaste ne se facilite jamais la tâche car elle est animée davantage par un souci d’authenticité que par une volonté de fictionnalisation, même si les deux coexistent. Et si élans dramatiques il peut y avoir, ce n’est pas par écriture forcée mais parce que le sujet -grave et lourd en soi- les amène inéluctablement. On parle quand même d’enfants qui doivent/veulent/se retrouvent à élever des enfants. Avec un affect d’enfant, avec des réflexes d’enfant, avec une insouciance d’enfant, avec une maturité d’enfant.
Composition de scènes poignantes et de moments solaires, d’instants amers et de notes d’espoir, d’épopée intimiste et de réflexion sociale, d’énergie vivifiante et de mélancolie attendrissante, Petites est un bijou de tendresse, de justesse et de sincérité. Du cinéma à vif qui a des choses à dire et qui les exprime avec un amour débordant. Enfin, impossible de ne pas dire un mot de Pili Groyne, formidable jeune comédienne appelée très certainement à un bel avenir. Trouvée sur le tard, elle porte avec passion ce drame social peuplé d’une jeunesse talentueuse. Magnifique.

 

Par Nicolas Rieux

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