La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : Les Misérables
Père : Ladj Ly
Date de naissance : 2019
Majorité : 20 novembre 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h42 / Poids : NC
Genre : Drame, Policier
Livret de famille : Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga…
Signes particuliers : Un film choc sur la situation dans les banlieues françaises.
PRIX DU JURY À CANNES
NOTRE AVIS SUR LES MISÉRABLES
Synopsis : Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…
Film choc sur les tensions dans les cités entre une jeunesse aux abois et des policiers en difficultés, Les Misérables avait fait l’effet d’une petite déflagration au début de la dernière compétition cannoise. Certains l’ont vu rapidement très haut dans le palmarès, il raflera finalement le prix du Jury. Premier long-métrage du réalisateur Ladj Ly, issu du mouvement Kourtrajmé, le film est l’adaptation d’un précédent court tourné en 2017 et doit son titre au célèbre roman de Victor Hugo, parce que les habitants des cités sont ainsi perçus, comme des « misérables ». On y suit une équipe de policiers de la BAC de Montfermeil entre bizutage du petit nouveau (Damien Bonnard), gestion des tensions et risques de dérapages dans ce microcosme aux allures de cocotte-minute constamment sous pression. Une bavure commise en pleine intervention sera justement le principal ressort d’une œuvre qui s’invite sur le terrain de la chronique politique ramassée sur deux jours houleux.
Percutant, c’est le terme qui convient le mieux pour parler des Misérables, en bien comme en moins bien. D’abord, parce que c’est ainsi que se veut le film de Ladj Ly, comme un drame percutant mettant aux prises le spectateur et la réalité sociale d’un microcosme difficile aux tensions qui semblent presque insolubles. Ensuite, parce que c’est aussi la petite limite de ce regard qui entend fonctionner comme un uppercut frontal mais que l’on aurait finalement aimé voir plus percutant encore, plus nerveux, plus mordant, plus audacieux dans son entreprise. Néanmoins, si l’on évite de peu le coup de poing estomaquant, en partie parce que Ladj Ly dessine finalement des personnages assez archétypaux caractérisant plus une intention générale que des motifs nuancés, Les Misérables n’en demeure pas moins une plongée frontale efficace, portée par une énergie et une sincérité de chaque instant, comme ce fut le cas avec La Haine il y a 24 ans dont il pourrait être le rejeton moderne à défaut d’en être une revisite aussi marquante.
Le fait d’avoir choisi un flic naïf fraîchement débarqué dans cette « jungle » ouverte comme porte d’entrée dans ce monde, permet au spectateur d’avoir un point d’ancrage identificatoire au moment de s’amarrer à l’immersion proposée par Ladj Ly. Cette attache humaine va nous mener de bout en bout jusqu’à l’idée générale orchestrée par le cinéaste et son film, idée qui renvoie directement à une citation de Victor Hugo inscrite à l’écran : “Il n’y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs”. Le film de Ladj Ly mène finalement à la même réflexion que le dernier Kheiron. L’un utilise le drame, l’autre utilisait la comédie, avec des desseins identiques. Là où le réalisateur fait fort en revanche, c’est dans son approche très documentariste, caméra à l’épaule au contact même de ce qu’il filme, dans sa capacité aussi à essayer d’éviter les clichés faciles et le simple reportage social. Ladj Ly tente d’insuffler un parfum de fresque romanesque à son entreprise, tout en gardant le recul-frein d’une observation de la réalité, sans basculer dans le misérabilisme et sans trop prendre parti, quoiqu’il finisse par le faire un peu malgré lui, car son brûlot est davantage social que politique.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux