Nom : Les âmes sœurs
Mère : André Téchiné
Date de naissance : 2022
Majorité : 12 avril 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de Famille : Benjamin Voisin, Noémie Merlant, Audrey Dana…
Signes particuliers : Beaucoup d’émotions.
Synopsis : David, lieutenant des forces françaises engagées au Mali, est grièvement blessé dans une explosion. Rapatrié en France, il souffre d’amnésie et commence une longue convalescence sous le regard dévoué de sa sœur Jeanne. Dans la maison familiale des Pyrénées, entre montagnes et lacs, Jeanne tente de raviver sa mémoire, mais David ne parait pas soucieux de se réconcilier avec celui qu’il était.
VERTIGE DE L’AMOUR
NOTRE AVIS SUR LES AMES SOEURS
L’infatigable André Téchiné fait son grand retour post-Covid, cinq ans après L’adieu à la nuit avec Catherine Deneuve et Kacy Mottet-Klein. Le plus long espacement entre deux films du cinéaste, d’ordinaire si régulier. Réunissant deux des comédiens les plus brillants de leur génération (Noémie Merlant et Benjamin Voisin), Les Âmes Soeurs suit les pas d’un frère et d’une sœur qui se retrouvent dans un contexte dramatique. Militaire, David est rapatrié d’urgence du Mali après que son unité ait sauté sur une mine. De longues semaines de convalescence plus tard, sa sœur Jeanne récupère un frère qui a perdu la mémoire. David est désormais une page blanche qu’il ne veut remplir qu’avec l’avenir. Le passé, il refuse d’en entendre parler, sa mémoire, il préfère la laisser où elle est.
Les Âmes Soeurs est l’histoire d’une reconstruction… voire d’une construction tout court selon comment on aborde les choses. Et à travers elle, un concentré de Téchiné. Si le cinéaste accepte l’idée, il réfute l’avoir voulu intentionnellement. Pourtant, Les Âmes Soeurs est bel et bien comme une réunion de plusieurs de ses thèmes chers dans un seul long-métrage. Les relations familiales cabossées, les liens frère-sœur fusionnels, les traumas de la guerre, l’hésitation identitaire… Mais malgré cela, jamais le film ne tombe dans l’effet « compilation » d’un cinéaste néo-octogénaire au crépuscule de sa carrière. Si Téchiné recroise logiquement des thématiques qui lui parlent, il les intègre dans une nouvelle proposition à l’image de son style que l’on connaît bien. Le cinéaste a toujours eu ce don pour composer des histoires à la fois simples et troubles, des films reposant sur des récits fluides et efficaces mais qui se chargent de complexités aux entournures. Simplement : Les Âmes Soeurs est un beau film à l’histoire bouleversante et captivante. Trouble : Téchiné aime casser l’apparente linéarité de son récit en parasitant sa trajectoire directe par des pas d’à-côté qui viennent la densifier, la complexifier, la rendre plus passionnante. Ici, de la simple idée d’une amnésie consécutive à un trauma, Téchiné piste la complication en imaginant des interractions impossibles entre un « patient » et son « infirmière ».
A la fois élégant et psychologiquement déstabilisant, Les Âmes Soeurs est un drame au romanesque sensible et tragique qui s’aventure vers des sentiers complexes, que Téchiné dissèque avec une grande pureté. Seul regret, le film aurait été probablement plus intelligent sans une « révélation » finale sur le passé des personnages (que logiquement nous tairons), laquelle est censée éclairer la première partie du film en changeant un peu l’orientation dramatique de l’histoire… mais pas nécessairement pour le meilleur. En effet, si l’on y réfléchit bien, en mettant le film à plat et en la supprimant net, on peut se rendre compte que le récit pourrait parfaitement fonctionner sans ce ressort narratif. Ce qui de fait, interroge sur sa réelle utilité et pertinence.
Par Nicolas Rieux