Carte d’identité :
Nom : Dumbo
Père : Tim Burton
Date de naissance : 2018
Majorité : 27 mars 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h52 / Poids : NC
Genre : Aventure, Famille
Livret de famille : Colin Farrell, Michael Keaton, Danny DeVito, Eva Green, Alan Arkin, Nico Parker, Finley Hobbins…
Signes particuliers : Dumbo s’envole, Tim Burton reste au sol.
UN MARGINAL RACONTE L’HISTOIRE D’UN MARGINAL
LA CRITIQUE DE DUMBO
Synopsis : Les enfants de Holt Farrier, ex-artiste de cirque chargé de s’occuper d’un éléphanteau dont les oreilles démesurées sont la risée du public, découvrent que ce dernier sait voler…
Disney poursuit sa campagne d’adaptation au cinéma de ses grands classiques animés en version live action. Après La Belle et la Bête, Cendrillon ou Le Livre de la Jungle et en attendant Le Roi Lion et autres Aladin ou Fantasia (sic), c’est au tour de l’éléphanteau Dumbo de passer par la case prises de vues réelles pour une nouvelle version ciblant notamment les jeunes générations. Et pour bien faire, Disney ne s’est pas contenté d’aller chercher un bon faiseur d’images pour mettre en scène son conte animalier. Le studio de Mickey a fait appel au talent singulier de Tim Burton (comme pour les Alice au Pays des Merveilles), lequel avait l’occasion espérait de se relancer un peu après pas mal de films en demi-teinte grâce à une aventure pleine de drames et de magie. Tout ce qu’il aime en somme !
La rencontre entre Dumbo et le style de Tim Burton avait de quoi séduire sur le papier. L’univers coloré du cirque, une histoire de marginaux, une ode à la différence et à l’étrangeté (Burton peut se retrouver lui-même dans Dumbo), le mélange de tragique émouvant et de magie féérique, le registre du conte, ses possibilités visuelles… Burton avait tout de LA très bonne idée pour conduire ce nouveau projet disneyien. Mais malheureusement, le rendez-vous est manqué. On espérait voir le cinéaste poser sa patte inimitable sur le projet, lui injecter une personnalité affirmée, en faire quelque chose de fort et d’original réinventant le célèbre conte. Plus clairement, on n’espérait pas voir juste une adaptation de Dumbo en prises de vue réelles mais un Dumbo par Tim Burton. Et étonnamment alors qu’il a eu une grande liberté pour s’éloigner de la fable animée de 1941 (logique, le film ne faisait alors qu’une heure là où celui-ci en fait deux), on découvre le cinéaste assez effacé, comme les faiseurs qui sont passés avant lui sur ce type de transposition casse-gueule. Il y a un peu de Burton dans ce Dumbo, surtout quand il discourt sur la différence et les marginaux qui vivent « au bord » de la société, mais il n’y en a pas assez. Vraiment pas assez. Sans véritable inspiration ni créativité, le cinéaste se contente de mettre en images son scénario sans jamais trop déborder du cahier des charges qui semblait l’accompagner sur le tournage. Conçu comme un produit mollasson sans âme ni grandes émotions, Dumbo est curieusement aussi plat et sans surprise qu’un voyage sur l’autoroute en Scénic toutes options. En gros, une balade sympathique mais soumise à une sensation de confort anesthésiant qui en viendrait presque à nous endormir, bercé par les images trop proprement emballées qui illustrent un scénario prévisible où l’on a toujours un temps d’avance sur chaque scène. On finit par regarder l’affaire d’un œil distrait, passif, presque détaché voire désintéressé de ce qui se joue à l’écran.
Au-delà, on peine à voir la réelle plus-value apportée par ce live action, là où même Le Livre de la Jungle de John Favreau réussissait à provoquer quelque-chose. Pourtant, compte tenu de la durée très « moyen-métrage » du dessin animé originel et des impératifs d’un long-métrage actuel, il y avait une énorme latitude pour apporter plein de nouvelles choses à l’œuvre. Mais Tim Burton passe à côté, signant un conte somme toute assez fade, certes fonctionnel et pas désagréable mais sans grande originalité. Seul intérêt, le message sur la beauté des marginaux qui peuvent s’appuyer sur leurs différences pour réaliser de grandes choses et sur la cause animale (en même temps sur la base d’une telle histoire, il aurait été difficile de passer à côté), mais aussi un discours critique très inattendu contre le capitalisme qui gâche les belles choses fragiles par spéculation, via le portrait d’un parc d’attraction à la magie féérique de façade qui cache en coulisses, un ultra-cynisme gerbant. Sauf que ce « Dreamland » rappelle furieusement une sorte de « Dark Disneyland », ce qui ne manque pas de surprendre de la part d’une production Disney. Le second degré serait-il permis chez Mickey ? Si c’est le cas, c’est bien nouveau et appréciable ! Bref, quoiqu’il en soit, une seule envie à la sortie de ce Burton mineur, se replonger dans le délicieux dessin-animé cajoleur d’il y a… 78 ans !
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux