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DRUNK de Thomas Vinterberg : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Druk
Père : Thomas Vinterberg
Date de naissance : 2019
Majorité : 14 octobre 2020
Type : sortie en salles
Nationalité : Danemark
Taille : 1h55 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique

Livret de Famille : Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Lars Ranthe, Magnus Milland…

Signes particuliers : Sélection officielle Cannes 2020.

 

 

A CONSOMMER SANS MODÉRATION !

NOTRE AVIS SUR DRUNK

Synopsis : Quatre amis décident de mettre en pratique la théorie d’un psychologue norvégien selon laquelle l’homme aurait dès la naissance un déficit d’alcool dans le sang. Avec une rigueur scientifique, chacun relève le défi en espérant tous que leur vie n’en sera que meilleure ! Si dans un premier temps les résultats sont encourageants, la situation devient rapidement hors de contrôle.

Confirmation, Thomas Vinterberg est meilleur quand il œuvre dans son cinéma danois. Après le flop de Kursk, son drame sous-marin basé sur une histoire vraie avec Matthias Schoenaerts et Léa Seydoux, le cinéaste scandinave revient au bercail, là où il a signé ses meilleurs efforts (Festen, La Chasse, La Communauté). Dans Drunk, produit par la boîte de Lars von Trier et labellisé « Sélection Officielle Cannes 2020 », l’ancien cofondateur du Dogme raconte l’histoire de quatre copains professeurs qui s’essaient à une expérience alcoolisée. Selon la théorie d’un psychologue norvégien, l’homme a un déficit naturel en alcool et maintenir un taux d’alcoolémie constant à 0.5 gramme / litre de sang serait bénéfique en tout point. Pourquoi pas ? Ni une ni deux, le quatuor d’amis se lancent dans une expérimentation éthylique qu’il va être difficile de contrôler.

Et Thomas Vinterberg de signer une odyssée enivrante et enivrée, partagée entre le rire et l’émotion. Drunk est un film sur la vie, plus précisément un film sur la monotonie de l’existence, que nos héros vont tenter de combattre en s’essayant à cette expérience grisante mais non sans conséquence, avec l’espoir d’anéantir cette frustration d’un quotidien sans flamme, sans passion, devenu une routine platement triste. Mais attention, si le sujet peut paraître amer ou désespéré, Vinterberg ne sombre jamais dans l’excès de mélancolie plombante. Au contraire, sous ses airs de ballade fataliste, Drunk est une œuvre joyeuse, vigoureuse, elle glisse sur un vent de révolte contre la banalité d’une morne existence. Au diable l’ennui, au diable la déprime et le routinier sans relief, les protagonistes de cette farce tragique sont des comme des étendards que l’on a envie de rejoindre dans cet élan éthylique, on a envie de les suivre, de les embrasser, de les serrer très fort et de partager avec eux cet acte de résistance contre la fadeur d’un train-train misonéiste. Il se dégage une euphorie communicative de Drunk, de quoi contrebalancer la noirceur de la critique sociale qui tapisse les murs de cette expérience « cin-éthylique ».

D’un bout à l’autre, Drunk réussit à imposer un mélange parfait, suave en bouche et doux à l’œil. On y trouve de l’enthousiasmant, du désespoir, de la comédie et du tragique, de l’acerbe et de la vitalité. L’alcool y est un salut autant qu’un dangereux abandon, une solution immédiate et une main poussant dans le précipice. Tout et son contraire comme le geste brouillon d’un cinéaste qui se perd dans son sujet ? Que nenni. Là encore, Thomas Vinterberg fait preuve d’une maîtrise incroyable, le danois affichant constamment une grande hauteur de regard sur ce qu’il raconte. Drunk est un hymne à l’ébriété désinhibitrice. Attention, il y est question de l’ébriété euphorisante, jamais Vinterberg ne franchit la ligne jaune où il viendrait célébrer l’alcoolisme. Sans puritanisme aucun, il tient à souligner la frontière, pour mieux la brouiller et complexifier encore un peu plus les enjeux d’un film où la solution devient le problème. Un peu à la manière d’Un Singe en Hiver d’Henri Verneuil, auquel on pense forcément dans le rire comme dans le drame alors que le film fait état d’une lutte contre une crise existentielle.

Drunk est semblable à une utopie selon laquelle un soupçon d’alcool rendrait le monde plus joyeux, plus léger, plus énergique, moins effrayant et désabusé. Témoin, ce petit passage en images d’archives montrant nos grands politiciens doucement éméchés (Sarkozy y côtoyant Boris Eltsine, Bill Clinton ou encore Angela Merkel bière à la main). Sauf que dans la complexité de notre monde actuel, chaque élan vivifiant a un revers de la médaille. C’est ce qui fait que Drunk reste malheureusement une utopie. La déception est grande mais l’échappée aura été belle, furtive mais si galvanisante. Et au centre de cette virée à l’idéologie ubuesque magnifiée par une mise en scène, une photo et un montage tous justes, Mads Mikkelsen, géant, puissant, attachant, et dont le visage magnétique parle souvent tout seul.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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