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CAFÉ SOCIETY de Woody Allen : la critique du film

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note 3 -5
Carte d’identité :
Nom : Café Society
Père : Woody Allen
Date de naissance : 2015
Majorité : 11 mai 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h36 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique

Livret de famille : Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Steve Carell, Blake Lively, Parker Posey, Corey Stoll, Ken Stott, Anna Camp…

Signes particuliers : A défaut de faire preuve du génie dont on le sait capable, Woody Allen signe un très joli conte romantico-dramatique entre douceur, amertume et profondeur.

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LA CRITIQUE

Résumé : New York, dans les années 30. Coincé entre des parents conflictuels, un frère gangster et la bijouterie familiale, Bobby Dorfman a le sentiment d’étouffer ! Il décide donc de tenter sa chance à Hollywood où son oncle Phil, puissant agent de stars, accepte de l’engager comme coursier. À Hollywood, Bobby ne tarde pas à tomber amoureux. Malheureusement, la belle n’est pas libre et il doit se contenter de son amitié. Jusqu’au jour où elle débarque chez lui pour lui annoncer que son petit ami vient de rompre. Soudain, l’horizon s’éclaire pour Bobby et l’amour semble à portée de main…cafe-society_2L’INTRO :

Pour la troisième fois de son immense carrière, Woody Allen aura connu l’honneur de faire l’ouverture du festival de Cannes. L’incontournable réalisateur new-yorkais n’a, certes, pas besoin de ça au demeurant, mais il aura sans doute apprécié cette énième marque d’amour de la France envers son cinéma au charme unique. Après Hollywood Ending et Midnight in Paris, c’est donc avec Café Society que le désormais octogénaire aura gravi les célèbres marches rouges. Entouré de Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Blake Lively ou encore Steve Carell (remplaçant d’un Bruce Willis viré du tournage au bout de quatre jours), le maestro Woody nous entraîne dans le Hollywood de la fin des années 30, pour un conte romantique plein d’amour, de jazz, de drôlerie acerbe et de mélancolie.cafe-society_3L’AVIS :

Après un bien soporifique Magic in the Moonlight, puis un mitigé L’Homme Irrationnel, Woody Allen redresse la barre et revient en forme avec un nouveau cru annuel qui pourrait bien s’imposer comme l’une de ses plus belles réussites de ces dernières années. Pourtant, Café Society traîne souvent la patte avec son intrigue assez terne et son ton positionné dans un étrange entredeux déroutant. Les amateurs du Woody Allen aux élans verbeux drôles et piquants pourront aussi se montrer déçus de cet effort aux allures de poussif recyclage d’un style que l’on commence à connaître que trop par cœur et que le metteur en scène embrasse à nouveau sans réelle originalité. Une narration enlevée, une ambiance rétro (jusque dans la photo admirable), une bande originale jazzy, une énième illustration de la vacuité de la bourgeoisie comme thématique, quelques tirades satiriques sur la vie… Woody Allen fait du Woody Allen et l’on serait presque tenté de dégainer une fois de plus, l’argument de la fainéantise devant un film sans fraîcheur ni volonté de proposer quelque-chose de différent. Car il faut bien avouer qu’il ne surprend guère sur le fond. Sauf que voilà, Café Society a pour lui, cette intelligence de fonctionner au diapason du sujet qu’il met en scène. Exercice de faux-semblant délicieux quand on y repense et qu’on le laisse mûrir, c’est derrière un visage de façade très superficiel, que ce nouveau trésor « allenien » cache sa plus belle profondeur.

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On pourra voir beaucoup de choses dans ce conte romantique doux-amer teinté d’une profonde mélancolie. Avec brio, Woody Allen s’amuse des codes d’un monde qu’il connaît tellement bien pour l’avoir côtoyer depuis si longtemps maintenant. Hollywood, ce monde du paraître, de la superficialité, ce monde peuplé de figures d’apparats toutes en esbroufe, en égoïsme et en hypocrisie. Ce monde dévoreur inadéquat pour les naïfs et les idéalistes tant il est capable de vous pousser à trahir ce que vous êtes, le strass et les paillettes renvoyant aux chants des sirènes appelant les matelots à venir se perdre et s’abîmer dans ses profondeurs. Toujours aussi cynique, grinçant et acerbe, Woody Allen décortique cet univers qu’il n’a jamais vraiment envié, parce qu’il n’a jamais fait partie de ces sensibles aux appels de la lumière factice, parce qu’il a toujours préféré rester le cinéaste qu’il a toujours été. A travers le personnage de Jesse Eisenberg, c’est quelque-part lui-même que Woody Allen met en scène. Un homme qui tombe dans un monde séduisant, mais qui préfère finalement en contempler de loin la folie désespérante, composant avec lui quand c’est nécessaire tout en s’en méfiant comme de la peste. Un homme fidèle et loyal à sa nature, quitte à renoncer à certaines choses pour mieux ne pas se trahir. Et au-delà de cela, peut-être, qui sait, que ce cher Woody glisse aussi dans cette allégorie crépusculaire, une petite pointe de nostalgie pour son grand amour jamais oublié, sa muse Diane Keaton.

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Cruel, entre sourires et larmes, et bien loin des clichés du genre, Café Society est une ode au « rester vrai », une parenthèse charmante à laquelle on prêterait totalement allégeance si elle avait pu mieux marier ses styles. Car on rit peu dans cette balade romantique plus dramatique que comique. C’est d’ailleurs dans ce versant d’émouvante tragédie amoureuse, que Woody Allen excelle le plus, la part humoristique manquant d’un peu de panache et de folie. Mais quelques répliques existentielles font mouche, le charme de Kristen Stewart fascine, Jesse Eisenberg attire l’empathie, le name-dropping amuse, d’autant qu’il est associé à une critique taquine de son emploi caricatural par ces gens qui aiment à se faire mousser dans ce Hollywood fascinant de futilité, et puis il y a ce plan final, qui emporte tout par sa puissance. Du beau Woody Allen, pas forcément démonstratif et hautement divertissant, mais peut-être l’une de ses plus belles déclarations testamentaires à l’égard du cinéma.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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