Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Boomerang
Père : François Favrat
Date de naissance : 2014
Majorité : 03 février 2016
Type : Sortie vidéo
(Editeur : TF1 Vidéo)
Nationalité : France
Taille : 1h41 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Laurent Lafitte (Antoine), Mélanie Laurent (Agathe), Audrey Dana (Angèle), Wladimir Yordanoff (Charles), Bulle Ogier (Blanche), Anne Loiret (Anne-Sophie), Anne Suarez (Astrid), Lise Lametrie (Bernadette), Angèle Garnier (Margaux)…
Signes particuliers : Un drame teinté de thriller trop mollement confectionné pour convaincre.
ON NE CHOISIT PAS SA FAMILLE
LA CRITIQUE
Résumé : Boomerang : nom masculin, arme de jet capable en tournant sur elle-même de revenir à son point de départ… En revenant avec sa sœur Agathe sur l’île de Noirmoutier, berceau de leur enfance, Antoine ne soupçonnait pas combien le passé, tel un boomerang, se rappellerait à son souvenir. Secrets, non-dits, mensonges : et si toute l’histoire de cette famille était en fait à réécrire ? Face à la disparition mystérieuse de sa mère, un père adepte du silence et une sœur qui ne veut rien voir, une inconnue séduisante va heureusement bousculer la vie d’Antoine…
Motivé par des raisons personnelles, par son amour du roman de Tatiana de Rosnay dont le film est l’adaptation, et aussi par ses retrouvailles avec Laurent Lafitte, qu’il avait déjà dirigé dans Le Rôle de sa vie en 2004, le réalisateur François Favrat signe avec Boomerang, son troisième long-métrage. Un drame psychologique teinté de thriller à suspense, plongeant un quidam dans son propre passé familial. De secrets en mystères, Antoine (Laurent Lafitte) décide, à l’aube de la quarantaine, d’enfoncer certaines portes restées fermées depuis trop longtemps, au point d’occuper un espace gênant dans un recoin de sa tête, comme une sensation d’incomplétude troublante. Cette volonté de percer des questions restées depuis toujours sans réponse, ne sera pas sans conséquence, pour lui comme pour sa sœur (Mélanie Laurent) ou le reste de sa famille.L’AVIS :
L’idée à la base de Boomerang ne manquait pas d’attrait. Cette volonté de mêler le drame familial et le thriller personnel à enquête, n’avait rien de fondamentalement nouvelle sur le papier, mais pouvait donner lieu à une suffocante immersion rétroactive dans un passé plombé par trop de non-dits émotionnellement handicapants. Et le spectateur d’avoir le loisir d’errer entre son envie de « savoir » et de connaître le fin mot de l’histoire conjuguée à la quête du personnage principal, et la fascination pour ce portrait dramatique tout en paranoïa et en descente aux enfers. Malheureusement, les intentions de François Favrat trouveront très rapidement les limites des murs érigés autour de sa démarche alliant tension et tourments affectifs. Boomerang partait certes d’un bon postulat, mais un postulat qu’il n’a manifestement pas su gérer avec adresse didactique et habileté narrative. Etirant poussivement son récit sans parvenir à lui donner assez de consistance pour tenir la distance, Boomerang ronronne, avance péniblement, s’appesantit sans cesse sur les mêmes séquences et idées, tourne bien souvent en rond, et la balade nonchalante finit par en devenir piquée d’une pointe d’ennui languissant.
Cette sensation de laborieux permanent apposé en toile d’un fond d’un exercice ne manquant pas d’intérêt mais seulement d’exigence à tous les niveaux, vient ensuite se reverser devant la caméra. D’ordinaire plutôt brillant, Laurent Lafitte montre un visage qu’on ne lui connaissait pas jusqu’ici, souvent cabotin, en faisant des tonnes pour s’efforcer d’incarner la trajectoire d’un film tout entier, qu’il porte sur ses épaules. Face à lui, seule Mélanie Laurent trouve en elle assez de justesse de jeu pour éclairer un peu ce drama faussement fin et pas loin d’être véritablement famélique dans ce qu’il propose. Boomerang pâtissait déjà de sa mollesse d’écriture et de ses trop nombreux relâchements, il ne peut même pas s’enorgueillir d’être un bon numéro de comédiens. Un brin désinvolte compte tenu dans son excessive légèreté (voire platitude) là où il nous fait croire à une œuvre souple et profonde, Boomerang est un film que l’on lance mais qui ne nous revient jamais, chutant au loin, au royaume de l’oubli et de l’anecdotique.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux