Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Would you Rather
Père : David Guy Levy
Livret de famille : Brittany Snow (Iris), Jeffrey Combs (Lambrick), Johnny Coyne (Bevans), Sasha Grey (Amy), Lawrence Gilliard Jr. (Dr Barden), Enver Gjokaj (Lucas), John Heard (Conway), Charlie Hofheimer (Travis), Logan Miller (Raleigh), June Squibb (Linda)…
Date de naissance : 2012
Majorité au : inconnue
Nationalité : USA
Taille : 1h33
Poids : Petit budget
Signes particuliers (+) : Une série B à concept dont on attendait rien et qui s’avère une sympathique surprise. Un divertissement très correct, assez efficace et distrayant avec un soupçon de noirceur qui lui apporte un peu de relief. Soigné et bien exécuté, Would you Rather ? fait largement la blague.
Signes particuliers (-) : Des clichés, des facilités et un manque de viscéral qui lui aurait conféré une toute autre dimension.
QU’EST-CE QUE TU PRÉFÈRES ?
Résumé : Riche héritier d’une noble famille, Shepard Lambrick œuvre pour venir en aide aux désespérés grâce à sa fortune. Pour pouvoir bénéficier de son aide, il suffit simplement de remplir une formalité : venir participer à un dîner-concours sur le thème de « qu’est-ce que tu préfères ? ». Le gagnant repartira riche et comblé. Enfin presque comblé…
Remarqué en 2004 avec un petit court-métrage qui tient encore aujourd’hui une très bonne côte dans le milieu (Guess Who’s Coming), David Guy Levy n’a malheureusement pas vu sa carrière vraiment décoller par la suite. Reconverti producteur, l’apprenti cinéaste ne reviendra à la réalisation que six ans plus tard pour un nouveau court qui lui ouvrira les portes du long. A Love Affair of Sorts sera son premier en 2011 et ce drame peu remarqué lui mettra le pied à l’étrier avant de connaître une promotion l’année suivante. Would you Rather est donc sa seconde réalisation dans le long-métrage, son premier film accueillant quelques noms connus au générique. D’un côté la jeune et pimpante Brittany Snow (la jolie blondinette de la série Harry’s Law) et de l’autre, l’expérimenté Jeffrey Combs, star culte du cinéma de genre depuis son rôle du savant fou Herbert West dans la série des Re-Animator, autour, entre autres, ce vieux briscard abonné aux seconds rôles John Heard ou l’ex mannequin porno star depuis vue dans la série Entourage, Sasha Grey. Avec un modeste budget en poche, David Guy Levy va emballer un petit thriller à tendance horrifique quasiment en huis clos et basé sur un script d’un type touche-à-tout (de producteur à superviseur des effets spéciaux en passant par monteur, scénariste ou coordinateur artistique) au nom à coucher dehors, un certain Steffen Schlachtenhaufen (amusez-vous).
Would you Rather ? est une série B à classer dans la catégorie de ce que l’on appelle les films à concept, ces péloches souvent de genre s’appuyant essentiellement sur une idée de départ, un pitch malin et (censé être) innovant à partir duquel elles brodent un scénario rarement transcendant mais visant un maximum d’efficacité. Le registre offre énormément de déchets via des films qui n’arrivent au final pas à bien exploiter ce concept de départ passé la surprise de sa découverte. Mais bonne surprise, Would you Rather fait partie des quelques-uns qui se situent dans l’entredeux, pas assez bon pour intégrer la haute sphère de ceux qui brillent de roublardise et d’inventivité, mais pas mauvais non plus, se hissant au-dessus de la masse ou pataugent ceux qui se sont éventés comme des pétards mouillés. Comme son titre le laisse entendre, il va essayer de jouer sur une habile variation du fameux jeu d’enfants « qu’est-ce que tu préfères ? ». Un amusement récréatif sympathique qui va le devenir vachement moins entre les mains d’un Jeffrey Combs jubilatoirement psychopathe patenté…
Pour la plupart, on connaît tous bien le sketch hilarant d’un Pierre Palmade en forme qui listait une série de propositions déjantées du type « tu préfères avoir des dents en bois ou une jambe en mousse ? ». Mais que se passerait-il si le jeu tournait au cauchemar bien réel et qu’il faillait choisir entre perdre un œil ou tuer quelqu’un ? C’est tout le concept plutôt délectable proposé par Would you Rather au détour d’un scénario rivalisant de cruauté et de cynisme sombre. Un pitch plutôt rusé mais qu’il fallait encore convertir en un divertissement ludique et agréable à suivre. Pari tenu pour David Guy Levy qui va tirer de sa maigre idée, une sorte de DTV alimentaire. Would you Rather ne fondra pas en bouche, ne se savourera pas, ne fera pas jouir vos papilles gustatives et ne marquera pas durablement votre palais. Son intérêt est juste de vous caler l’estomac entre deux séances plus consistantes. Une sorte de kebab cinématographique, sympa à dévorer sans pour autant procurer un immense plaisir gastronomique.
Court, efficace mais aussi mineur et anecdotique, Would you Rather est un moment plaisant, le genre de divertissement de samedi soir sans prétention qui ne transcende pas son concept mais qui l’utilise de façon assez maligne en allant à l’essentiel. On aurait aimé plus de rythme, plus d’âpreté, plus de diversité aussi dans les jeux cruels proposés, mais en l’état, cette modeste péloche tient la route au-delà de ses nombreux clichés et facilités et se regarde agréablement d’un œil distrait. David Guy Levy jongle avec beaucoup d’espièglerie sadique pour mettre nos nerfs à rude épreuve et injecte à son thriller machiavélique une petite dose de noirceur amère qui lui confèrera un peu de relief, ce qui fait souvent cruellement défaut à nombre de films jouant cette carte du film reposant sur une unique idée de lancement. Progressivement, la mécanique et le huis clos déployés deviennent stressants, alors que quelques surprises savamment distillées font leur effet. Si l’ensemble ne dévoile pas un génie dingue à clouer sur son fauteuil et aurait gagné à être plus rugueux, intense et ambitieux dans ses intentions au lieu de dérouler son intrigue avec une forme de nonchalance qui pique la place à la tension viscérale, Would you Rather arrive à distraire et c’est déjà mal venant de ce genre de petit DTV dont on attend pas grand-chose et qui devient au final une surprise honnête lorgnant du côté d’Agatha Christie. Cerise sur le gâteau outre sa belle affiche élégamment rétro, c’est plutôt bien filmé, avec une photo soignée, un joli décor et une BO plus que correcte.
Bande-annonce :