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FENCES de Denzel Washington : critique et test Blu-ray

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note 4 -5
Carte d’identité :
Nom : Fences
Père : Denzel Washington
Date de naissance : 2016
Majorité : 27 juinr 2017
Type : Sortie Blu-ray/DVD
Nationalité : USA
Taille : 2h18 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Denzel Washington, Viola Davis, Stephen Henderson, Jovan Adepo, Russell Hornsby, Mykelti Williamson…

Signes particuliers : Denzel Washington aurait bien mérité un nouvel Oscar.

DENZEL N’EST PAS QU’UN GRAND ACTEUR

LA CRITIQUE DE FENCES

Résumé : Dans les années 1950 à Pittsburgh, Troy Maxson, ancien joueur de la Negro League de baseball, est devenu éboueur. Il vit aujourd’hui avec son épouse Rose, son fils Cory et son jeune frère Gabriel, ancien soldat handicapé suite à une blessure à la tête.

Stephen McKinley Henderson plays Jim Bono, Denzel Washington plays Troy Maxson and Russell Hornsby plays Lyons in Fences from Paramount Pictures. Directed by Denzel Washington from a screenplay by August Wilson.

Pour son troisième long-métrage en tant que réalisateur, dix ans après The Great Debaters, Denzel Washington adapte la célèbre pièce de théâtre d’August Wilson, Fences, récompensée du prix Pullitzer en 1987. L’histoire d’un père afro-américain dans l’Amérique des années 50, qui porte les cicatrices d’un passé difficile au point d’en faire subir les conséquences aux siens, ses deux fils, sa femme, son frère handicapé ou son meilleur ami. Un rôle en or que Denzel Washington n’a pas hésité à endosser, multipliant les casquettes comme il l’avait fait sur ses deux précédents longs-métrages. Sa performance remarquable et remarquée, lui aura valu une nomination à l’Oscar. S’il ne l’a pas emporté, sa partenaire Viola Davis l’a fait pour lui, en plus d’un Golden Globe.

Denzel Washington plays Troy Maxson and Viola Davis plays Rose Maxson in Fences from Paramount Pictures. Directed by Denzel Washington from a screenplay by August Wilson.

Fences n’est pas un film fait pour plaire. C’est un film fait avec le cœur, avec les tripes, avec l’âme. Car Fences n’a pas d’intrigue à proprement parler, pas de péripéties ou de rebondissements pour le rythmer, pas de suspense pour tenir le spectateur en haleine. Fences n’a pour lui, que son formidable personnage central, ce père que l’on tente de cerner, au fil de ses échanges ou confrontations avec les siens. Petit à petit, il se dévoile, volontairement ou involontairement, petit à petit, son passé et son vécu se dessinent, éclairant son présent et posant les premières pierres de son avenir, expliquant ce qu’il est, d’où il vient, pourquoi est-il ainsi, entre la joviale bonhommie et la dureté intransigeante. Et progressivement, avec minutie et intelligence, Denzel Washington de brosser le portrait d’un homme complexe au caractère complexe, tour à tour fascinant ou irascible, aimant ou cruel, philosophe ou entêté, attachant ou antipathique. Un rôle difficile, fort, exigeant, sans cesse sur le fil, et que l’acteur-réalisateur embrasse dans toute sa vertigineuse splendeur, livrant au passage, l’une des prestations les plus étourdissantes de sa carrière, pourtant bien riche en performances exceptionnelles.

Denzel Washington plays Troy Maxson and Jovan Adepo plays Cory in Fences from Paramount Pictures. Directed by Denzel Washington from a screenplay by August Wilson.

On pourra voir dans Fences, un long tunnel verbeux, « monocentré » sur un personnage épuisant d’égocentrisme, sorte de figure excessivement grandiloquente, qui a ce don de rebuter par son omniprésence pesante. Oui, Fences est long. Oui, Fences est bavard. Oui, Fences tourne entièrement autour de ce paternel exténuant. Mais les défauts que lui reprocheront certains, seront exactement les qualités que loueront d’autres. Fences est le genre de film à diviser, le genre de film qui parlera à la sensibilité personnelle de chacun, sans qu’aucun ne détienne la vérité. Valsant avec ivresse tout autour de son imposante figure patriarcale qui a cette force de remplir l’espace, Fences capture des tranches de vie et parle à travers elles, de l’existence, de spiritualité, d’amour, d’amitié, de loyauté, de la discrimination, de la vieillesse, de la fierté, du sens du devoir, de l’honnêteté et de l’honneur, des conflictuelles relations père-fils, des erreurs du passé que l’on assume ou que l’on se reproche à jamais… Beaucoup de choses animent cette fabuleuse composition dramatique de Denzel Washington, trônant supérieurement dans le registre du cinéma « théâtral ». Si la sagacité de la mise en scène s’y fait discrète, l’écriture et le montage auront en revanche plus de mal à cacher leur génie. Fences repose sur une construction dont la finesse n’a d’égale que sa virtuose adresse. Pendant longtemps, on ne comprend pas bien où l’œuvre se dirige, avec un tel personnage aussi captivant à l’écran que frustrant avec ses contours flous. Puis il parle. Encore et encore. Sans arrêt. Verbiage inutile ? Jamais. Sans même que l’on s’en rende compte, ces longues tirades déclamées jusqu’à la lie, construisent le protagoniste, édifient son background, et nuancent son image et notre ressenti à son égard, alors que le spectateur assiste à un étalage de paroles dont il doit démêler le vrai du faux, entre délires alcoolisés, joyeux élans mythomanes et réinterprétation des choses dans le but de se dédouaner de ses fautes passées.fences_5Fin et fertile, alors que tout ce qu’il sème croît et se transforme en or, Fences brille par sa maturité, par sa sagesse, par sa profondeur résonnante, et par la puissance qui se dégage de chacune de ses scènes, toutes plus iconiques les unes que les autres, qu’elles soient drôles, légères, graves ou poignantes. Porté par des acteurs au sommet de leur art, Fences est un coup de génie, un petit chef d’œuvre qui a beaucoup trop de modestie en lui, pour se réclamer d’un tel statut. Néanmoins, avec un film épousant une trajectoire circulaire autour d’un personnage dont le pouvoir aimantant hypnotise l’image et le récit, Denzel Washington signe un drame aux allures de fable universelle sur la vie, dans laquelle beaucoup pourront se retrouver, dans des lignes droites évidentes ou dans des virages nichés en creux. Formidable et riche, suffisamment riche pour faire oublier sa très grande théâtralité.

Fences-Blu-ray

LE BLU-RAY DE FENCES

Universal n’a pas cherché à expédier la sortie vidéo de Fences, malgré le fait établi que le film ne s’adresserait pas à un large public. Édition Blu-ray et DVD, la dernière réalisation de Denzel Washington a donc droit à un distribution classique, sinon mieux. Car côté suppléments, l’éditeur-distributeur a tenu à faire les choses bien avec de beaux prolongements à l’expérience filmique. Plusieurs compléments sont donc proposés, beaucoup tournant autour de la pièce de théâtre d’August Wilson jouée à Broadway et la manière dont a été pensé sa transposition. Les intervenants sont nombreux, de la distribution (la même que sur les planches) au producteur en passant par le monteur et d’autres. Un premier module décrypte justement ce qu’était la pièce à l’origine et la manière donc elle a été adaptée au cinéma. Un second évoque la « troupe » devenue le « casting » du film. Deux autres sujets sont dédiés aux personnages campés par Denzel Washington et Viola Davis et un dernier, analyse le cadre où se déroule la pièce/film, Hill District, quartier cher à August Wilson. Si certains modules se marchent un peu dessus, dans l’ensemble, on saluera le côté très littéraire et la profondeur analytique de ces nombreux entretiens proposés.

 

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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