Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : The BFG
Père : Steven Spielberg
Date de naissance : 2015
Majorité : 20 juillet 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h57 / Poids : 140 M$
Genre : Conte fantastique
Livret de famille : Mark Rylance (Dany Boon en VF), Ruby Barnhill, Penelope Wilton, Rebecca Hall, Rafe Spall…
Signes particuliers : Spielberg et Roald Dahl, une association dont on a rêvé, mais en mieux.
UN RETOUR EN DEMI-TEINTE POUR LE GÉANT SPIELBERG
LA CRITIQUE DE LE BON GROS GÉANT
Résumé : Le Bon Gros Géant ne ressemble pas du tout aux autres habitants du Pays des Géants. Il mesure plus de 7 mètres de haut et possède de grandes oreilles et un odorat très fin. Il n’est pas très malin mais tout à fait adorable, et assez secret. Les géants comme le Buveur de sang et l’Avaleur de chair fraîche, sont deux fois plus grands que lui et aux moins deux fois plus effrayants, et en plus, ils mangent les humains. Le BGG, lui, préfère les schnockombres et la frambouille. À son arrivée au Pays des Géants, la petite Sophie, une enfant précoce de 10 ans qui habite Londres, a d’abord peur de ce mystérieux géant qui l’a emmenée dans sa grotte, mais elle va vite se rendre compte qu’il est très gentil. Comme elle n’a encore jamais vu de géant, elle a beaucoup de questions à lui poser. Le BGG emmène alors Sophie au Pays des Rêves, où il recueille les rêves et les envoie aux enfants. Il va tout apprendre à Sophie sur la magie et le mystère des rêves… Avant leur rencontre, le BGG et Sophie avaient toujours été livrés à eux-mêmes, chacun dans son monde. C’est pourquoi leur affection l’un pour l’autre ne fait que grandir. Mais la présence de la petite fille au Pays des Géants attire bientôt l’attention des autres géants… Sophie et le BGG quittent bientôt le Pays des Géants pour aller à Londres voir La Reine et l’avertir du danger que représentent les géants. Mais il leur faut d’abord convaincre la souveraine et sa domestique, Mary que les géants existent bel et bien ! Tous ensemble, ils vont mettre au point un plan pour se débarrasser des méchants géants une bonne fois pour toutes…Quand un immense conteur adapte un autre immense conteur. Le Bon Gros Géant, c’était la rencontre de rêve entre Steven Spielberg et Roald Dahl, entre un cinéaste adulé pour son fabuleux pouvoir illustratif intergénérationnel, et un écrivain au talent inné pour embarquer ses lecteurs, petits et grands, dans des récits magnifiquement enchanteurs (Charlie et la Chocolaterie, James et la Grosse Pêche). C’était la promesse d’un spectacle magique, du genre à inonder les mirettes, de paillettes nées d’un songe éveillé, couché gracieusement sur pellicule. Enfin, Le Bon Gros Géant était aussi la promesse de retrouver le fabuliste Spielberg, au détour d’un projet qui lui seyait à merveille car imprégné de ses thématiques les plus chères sur l’existence d’un autre monde féérique derrière la terne réalité parfois cruelle. Dévoilé en avant-première à Cannes en mai dernier, Le BGG n’aura pourtant pas fait l’unanimité, laissant sur le carreau, de nombreux spectateurs partagés entre frustration et désarroi, confrontés à une rencontre qui n’aura justement, pas provoqué les étincelles attendues. Pas loin de 35 années séparent le roman pour enfants jadis écrit par Roald Dahl et cette adaptation live par Spielberg, triste échec au box office américain.Le Bon Gros Géant est mignon, tendre, à hauteur d’enfants, avec ce joli mélange de douceur et d’amertume qu’a toujours si bien maîtrisé le maestro Spielberg. Malheureusement, en dépit de toutes les qualités que l’on pourra lui trouver, de son enchantement visuel au charme de l’histoire de Dahl, en passant par les beaux messages et valeurs qu’il déploie sur la différence, l’amitié, et la compassion, Le BGG souffre d’une étonnante platitude, de son manque d’âme et de ses longueurs berçant le spectateur dans un faux rythme permanent dont il ne se dépêtre jamais. Autant de points noirs que l’on n’a pas coutume de retrouver dans le cinéma spielbergien. Sans être un mauvais film, Le Bon Gros Géant est juste un Spielberg en mode très mineur, poussivement incarné, étrangement plein de leçons de vie mais dans le même temps, narrativement inconsistant, en plus d’être tenu par des enjeux finalement peu porteurs. Entre ravissement intermittent et alanguissement traduisant un léger ennui poli, Le BGG ne se fait jamais détester, pas plus qu’il ne se fait véritablement apprécier non plus. C’est au final plus de l’indifférence que l’on éprouve à sa découverte, alors que le meilleur (l’amusant phrasé du géant ou les hilarantes scènes avec le frétibulle, boisson pétillante aux bulles coulant à l’envers et aux conséquences… gazeuses) y côtoie un bien curieux sentiment de soporifique. Un sentiment d’ordinaire exclu des codes du cinéma selon Steven Spielberg, père spirituel de nombreux cinéphiles.Sympathique mais « attachiant », Le BGG est un conte-spectacle poético-initiatique auquel il manque un petit quelque-chose difficilement perceptible. Peut-être un soupçon de saveur, peut-être un supplément d’âme qui lui apporterait davantage d’émotion, de manière à se hisser à la hauteur de l’incroyable expressivité de son géant en motion capture, dont le regard dit beaucoup, alors que le film, frustre en racontant peu. Une chose est sûre, il lui manque surtout du génie et une réelle maîtrise d’écriture pour parfaitement illustrer ses nombreuses idées. C’est probablement le point sur lequel le film étonne le plus, la maîtrise et la virtuosité ayant toujours été les points forts de papa Spielberg. La relative magie qui opère en pointillé séduira les plus petits, comme les plus grands d’ailleurs, mais l’illusion peine à tenir sur la (longue) durée des deux heures du film, Le BGG finissant par trahir l’impression de voir une nouvelle étirée en long. Impression d’autant plus surprenante que le roman de Dahl n’est pas connu pour sa concision, fort de plus de deux cents pages.Comme si l’on assistait à une poussive introduction de deux heures nous plongeant dans un univers incroyable sans jamais vraiment déboucher sur quelque-chose de fort, exploitant de surcroît très maladroitement son potentiel « aventureux », Le BGG est drôle et touchant par à-coups, mais il laisse ruisseler un pouvoir enchanteur qu’il ne parvient pas à canaliser, ou plutôt, sur le dos duquel il ne parvient pas à capitaliser afin de conférer énergie et entrain à son récit. A l’arrivée, c’est bien à son inégalité que Le Bon Gros Géant doit ses ennuis. Son géant magnifique et sa jeune et joyeuse comparse insomniaque font tout pour se frayer un chemin vers notre cœur, mais Spielberg ne leur rend pas la tâche facile. Armé de bonnes intentions, il ne trouve que rarement le juste tempo immersif, un peu comme lors de son adaptation brinquebalante de Tintin. Déception que l’on voudrait quand même aimer au-delà des changements opérés sur l’histoire originelle, Le Bon Gros Géant n’emporte pas. Il se regarde, entre séduction occasionnelle et détachement dommageable. Comme un bon gros coup d’épée… dans l’eau.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux