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TOTAL RECALL : MÉMOIRES PROGRAMMÉES (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Total Recall
Parents : Len Wiseman
Livret de famille : Colin Farrell (Douglas), Kate Beckinsale (Lori), Jessica Biel (Melina), Bryan Cranston (Vilos), John Cho (McClane), Bill Nighy (Matthias), Bokeem Woodbine (Harry), Will Yun Lee (Marek)…
Date de naissance : 2012 / Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 2h01 – 200 millions $

Signes particuliers (+) : Un univers futuriste visuel intéressant et bien imaginé. Des effets spéciaux réussis, un rythme soutenu et quelques séquences bien troussées.

Signes particuliers (-) : Bourrin, fatigant et sans personnalité, une décharge d’action non-stop lassante qui tourne à vide au-delà de son spectaculaire.

 

PLEASE, RECALL VERHOEVEN…

Résumé : Douglas McQuaid, modeste ouvrier dans une usine, fait des cauchemars récurrents et rêve de changer de vie. Il tente d’avoir recours aux services proposées par la mystérieuse société Rekall, qui vend des souvenirs implantés directement dans la mémoire. Quand tout foire en pleine implantation, Dennis va découvrir beaucoup de choses sur son passé…

Le jour où le producteur Toby Jaffe est retombé sur la nouvelle Souvenirs à Vendre de Philip K. Dick et s’est dit qu’il y avait matière pour une nouvelle vision complètement différente de l’original, il aurait mieux fait de se casser une jambe. Le jour où il en a parlé à un autre célèbre producteur hollywoodien, Neal H. Moritz, il aurait mieux fait de se casser une jambe. Et le jour où les deux exécutifs ont décidé de confier le bébé au médiocre Len Wiseman (Die Hard 4, les Underworld), ils auraient mieux fait de se casser à l’unisson tous les os de leur corps respectifs. Mais comme le destin n’était pas de notre côté sur ce coup là, alors voilà qu’en cet été 2012, on se retrouve à devoir se farcir cette nouvelle adaptation de la fameuse nouvelle de Philip K. Dick qui a du pain sur la planche pour passer derrière le culte Total Recall de Paul Verhoeven, réalisé en 1990 avec Schwarzy et Sharon Stone en têtes d’affiche. Le cinéaste néerlandais avait pris quelques libertés avec l’œuvre de Dick, notamment en situant son intrigue sur la planète Mars. Wiseman opte pour plus de fidélité (enfin…) et pose ses bagages sur notre bonne vieille planète bleue en imaginant un univers futuriste pas si inintéressant au demeurant. Pour remplacer les anciennes stars du grand classique SF des nineties, il fait appel au beau rebelle irlandais Colin Farrell (bon dans un film sur deux et malheureusement ce ne sera pas pour celui-ci) et à sa nana à la ville (celle de Wiseman hein, pas de Farrell), la piteuse Kate Beckinsale, aussi mignonne qu’elle est mauvaise comédienne et qui traverse le film en faisant une moue comme si elle était en train de poser pour sa photo de profil Facebook entre deux froncements de sourcils pour surligner qu’elle est méchante et en colère. Et dire que ça, c’est censé repasser derrière Sharon Stone. Enfin, la nymphette Jessica Biel et le classieux britannique Bill Nighy complètent ce casting pas vraiment rêveur.

Avec l’aide du spécialiste Patrick Tatopoulos et de ses 200 millions de dollars de budget, Len Wiseman s’attèle donc à compenser son manque d’idées à apporter à l’impeccable film de Verhoeven en recréant numériquement un très imaginatif univers futuriste qui, il faut lui reconnaître au moins ça, est plutôt riche et foisonnant en détails en plus d’être très bien design-é. Le seul ennui, c’est que ce visuel sera finalement la seule caution d’existence à son film. Car en dépit de cette qualité, rien ne justifiait finalement l’existence de cet actionner qui contrebalance la pauvreté de sa relecture par une profusion d’effets digitaux et surtout d’action non-stop à donner la migraine. Exténuant, éreintant, Total Recall – Mémoires Programmées se résume à une cavale de deux longues heures interminables menée sur un rythme d’enfer, usant pour les mirettes comme pour le cerveau assailli d’images speedées en permanence. Wiseman parsème son film de quelques beaux plans ou séquences comme des moments de bravoure d’un artiste pauvre en inventivité (l’attaque des locaux de la société Rekall est pas si mal avec son plan-séquence dynamique, la première course-poursuite dans la ville entre Farrell et Beckinsale recèle de quelques jolis plans) mais ils sont noyés dans un blockbuster qui oscille quelque part entre la série B friquée m’as-tu-vu et le massif divertissement spectaculaire sacrifiant la profondeur au détriment du sacro-saint « plein-la-gueule » fatiguant. On serait tenté de tirer à boulets rouges sur cette belle connerie de remake mais on a envie de se montrer indulgent, tempérant sa bêtise par son beau production-design qui fait preuve de recherche et d’un minimum de cassage de tête pour essayer de développer un bel univers futuriste. La balance penche définitivement dans le mauvais sens, alors qu’on voit Wiseman essayer de copier Michael Bay en se la jouant plasticien talentueux, devant le vide sidéral laissé par cette histoire de pacotille de quête rédemptrice d’un homme largué dans une machination manichéenne organisée par des puissants qui le dépasse (Wiseman essaie aussi d’être Verhoeven façon Robocop, c’te bonne blague) qui coule à pic car ne parvenant pas à exister entre deux scènes d’action efficaces. De toute façon, on n’attendait pas grand-chose à la base de cette série AB-. Wiseman distrait aléatoirement mais si seulement cela avait été moins foutraque et surtout plus court (le final n’en finit plus) ou plus long (s’il avait voulu, comme annoncé dans les notes d’intentions, développer les personnages et l’univers, ce qu’il rate en beauté)… De toute façon, on a décroché depuis bien longtemps entre le mauvais jeu généralisé du casting, la foire pétaradante migraineuse excessivement spectaculaire et le recyclage à tout va de tout un tas d’illustres œuvres passées, de Blade Runner à Minority Report en passant par Robocop, l’original (à qui il fait des tonnes de clins d’œil) et le cinéma bourrin moderne de course-poursuite musclée à la Jason Bourne.

Total Recall 2012 n’a plus grand-chose de savoureux et n’a pas vraiment ni style ni intelligence. C’est juste un gros film d’action viril qui gonfle les pecs pour nous en foutre plein la tronche, ce qu’il arrive à faire par moments d’ailleurs, on peut le lui concéder. Bon d’accord mais comme dirait l’autre… What else ? Aussi vite oubliée que vue, (un comble pour un film sur la mémoire), cette mouture n’est pas le pire du cinéma pop corn hollywoodien actuel mais ses limites et son artificialité l’enfoncent devant l’aura intact de son prédécesseur.

Bande-annonce :

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