Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Asylum Blackout
Parents : Alexandre Courtès
Livret de famille : Rupert Evans (George), Dave Legeno (J.B.), Richard Brake (Harry Green), Anna Skellern (Lynn), Kenny Doughty (Max), Eric Godon (Pil), Darren Kent (Pete), Marcus Garvey (William)…
Date de naissance : 2011
Nationalité : États-Unis, Belgique, France
Taille/Poids : 1h25 – 500.000 $
Signes particuliers (+) : Un film à très petit budget mais qui optimise bien chaque dollar dépensé. Propose au moins le minimum syndical.
Signes particuliers (-) : Pas assez jusqu’au-boutiste. Manque de hargne pour happer le spectateur dans son récit qui déroule du coup mécaniquement et trop en longueur. Sinon, rien de bien neuf là-dedans.
JOURNÉE PORTES OUVERTES
Résumé : Une panne électrique plonge un asile psychiatrique dans le noir. Plus rien ne fonctionne. Les malades sont en liberté. C’est le début du cauchemar pour les cuisiniers de l’établissement à la merci de dangereux psychopathes…
Avec The Incident, le réalisateur de pubs et de clips (pour Daft Punk, U2, Jimiroquai, Kylie Minogue ou encore Justice) Alexandre Courtès se lance dans le long-métrage en investissant le film de genre avec cette virée horrifique dans un asile livré à lui-même après une panne de courant et dans lequel se retrouvent piégés l’équipe de cuisiniers, à la merci des psychopathes qui peuplent ces lieux lugubres, sordides et décrépis. Pour le situer, Courtès est celui qui signera, dans la foulée de ce grand saut dans l’univers du cinéma, les segments et pastilles les plus barrés et trash de l’anthologie Les Infidèles, la comédie débridée emmenée par Jean Dujardin et Gilles Lellouche qui a fait « scandale ». On lui doit notamment ceux avec Sandrine Kiberlain ou Manu Payet qui seront particulièrement mémorables à la vision du film. Choisi pour « son univers visuel » par la production du film qui a défrayé la chronique en 2012, retour donc sur le premier film du metteur en scène, un thriller horrifique à petit budget.
Produit pour seulement 500.000 dollars, The Incident est une petite série B d’horreur empruntant au survival en huis clos confiné, où les murs d’un asile se referment comme un piège cauchemardesque sur des protagonistes dépassés par des évènements dont ils ne maîtrisent pas du tout la tournure. Le film fonctionne sur un postulat des plus classiques, celui d’un groupe coincé en milieu hostile, mais s’essaie à distiller une atmosphère malheureusement un peu gâchée par les velléités d’un metteur en scène qui cherche avant tout à se faire la main et qui commet quelques maladresses. Courtès stylise son long-métrage, s’applique, travaille sur la photographie, sur les jeux d’ombre et de lumière, les cadrages, jouent avec les décors (même s’ils manquent de variétés), avec le montage mais oublie qu’un film, et tout particulièrement un film d’horreur, contrairement à l’univers du clip, ce n’est pas d’abord une esthétique mais en premier lieu une ambiance qu’il est important de soigner. Et à plus forte raison au vu de son sujet censé rendre une sensation d’oppression étouffante et inquiétante. Si techniquement le néo-cinéaste confirme qu’il est prêt pour le grand bain, après quelques menus réglages encore à faire, narrativement, The Incident souffre d’un effet de répétition qui le fait passer pour un court/moyen-métrage que l’on aurait étiré douloureusement pour en faire un long. Pas si mal fichu et plutôt haletant dans un premier temps, passé une introduction présentant les personnages dans cet environnement détestable et malgré quelques défauts logiques venant d’un mec qui fait là ses classes, Asylum Blackout (le titre en VO) baisse de régime curieusement au moment où il essaie de s’emballer pour monter crescendo en rythme. La faute a un manque d’inspiration scénaristique pour dynamiser un film qui se résume très vite à une chasse meurtrière en mode cache-cache sanguinolent. Ce manque de diversité dans les péripéties, qui donne lieu à une redondance un brin rébarbative à la longue, affaiblit le film sur la durée alors qu’il avait tout pour être une petite pépite bien troussée et efficace. L’inintérêt des personnages vient alors conforter cet idée : The Incident aurait pu être un moyen-métrage efficace mais il est long semi-raté par manque d’une écriture solide.
Traité sur le ton du film de zombie où les morts-vivants sont remplacés par des malades quasi-zombiesques cernant une bande de cuistos-musicos rockeurs paumés dans cet enfer, The Incident fait quand même bonne figure dans le genre DTV dont on attend pas grand-chose. Même s’il ne propose rien de bien nouveau qui n’aurait pas été déjà vu avant, le film de Courtès aurait pu être mieux, il va sans dire, il aurait gagné à être plus viscéral, plus hargneux, angoissant et tendu, il aurait gagné à mieux choisir son camp et surtout son ton. Correct et regardable, un peu dans la veine d’un 2ème Sous-Sol (en moins bien) où l’on pressent un metteur en scène qui, aguerri, pourrait faire de belles choses à l’avenir, The Incident pâtît probablement aussi de l’expérience de son public-premier qui devient de plus en plus exigeant. Car même s’il a du mérite sur certains points, il est aussi foutrement frustrant. On aurait préféré plus de variations sur le tempo et les tons et notamment de jouer davantage sur la peur inspirée par ces lieux lugubres et confinés au lieu de tout miser sur son histoire et excessivement sur ses quelques scènes chocs cédant parfois à la mode du torture porn. The Incident passe ainsi à côté de l’excellent film d’horreur qu’il aurait pu être à ne pas exploiter au mieux son univers et son cadre mais c’est pas pour autant qu’il mérite d’être boudé. On a vu tellement pire en DTV.
Bande-annonce :