Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Silent Running
Père : Douglas Trumbull
Date de naissance : 1972
Majorité : 06 juillet 2016
Type : Sortie Blu-ray/DVD
(Editeur : Wild Side)
Nationalité : USA
Taille : 1h28 / Poids : NC
Genre : SF, Drame
Livret de famille : Bruce Dern, Cliff Potts, Ron Rifkin…
Signes particuliers : Fable écologiste et épopée spatiale intimiste, un film culte dont le message est toujours autant d’actualité, 46 ans après sa confection.
SCIENCE-FICTION ET ÉCOLOGIE
LA CRITIQUE DE SILENT RUNNING
Résumé : Suite à un désastre écologique, les derniers reliquats de la biosphère terrestre ont été transférés à bord de vaisseaux spatiaux en vue d’une réimplantation ultérieure. À bord du Valley Forge, le botaniste Freeman Lowell y consacre toute son énergie. Mais un jour la destruction des installations est ordonnée…Hasard et coïncidence, c’est au moment où le monde du cinéma apprend la mort de l’immense Michael Cimino, que s’apprête à sortir en Blu-ray Silent Running, classique de la SF post-moderne des années 70 réalisé par Douglas Trumbull, ce spécialiste des effets visuels (on lui doit ceux révolutionnaires de 2001, L’Odyssée de l’espace ou Blade Runner) qui signait là son premier long-métrage en tant que réalisateur. Le rapport avec Cimino ? Tout simplement qu’avant de se lancer dans sa brillante carrière de cinéaste maudit, Michal Cimino avait débuté en tant que scénariste, et c’est justement lui que l’on retrouve à l’écriture de Silent Running, avec l’aide de Steven Bochco, future légende de la télévision (NYPD Blues). Présenté en son temps à Avoriaz, Silent Running avait rencontré un beau succès critique, malheureusement pas suivi par le public, qui avait un peu boudé cette tentative de science-fiction différente, moins basée sur le spectacle et davantage portée, sur un message fort en faveur de l’écologie, mais surtout mal vendue par son studio à l’époque. Silent Running est une œuvre singulière, du genre à ne pas mettre entre toutes les mains. Ou devant tous les yeux, devrait-on dire. Plus fable écologiste utilisant la SF comme cadre, que véritable aventure interstellaire traditionnelle, Silent Running est un film lent, essentiellement réflexif, pas loin du contemplatif poétique philosophant sur la relation entre l’homme et son environnement, au travers d’une critique amère et mélancolique du système capitaliste pensant d’abord à l’argent et moins à la préservation d’un environnement soumis à une rentabilité qui pourrait bien le mener à sa perte. Sorte de drame humain et naturaliste dans les étoiles porté par un époustouflant Bruce Dern, le film de Douglas Trumbull surfait sur l’ambiance de son temps, reprenant à son compte certaines des idéologies du flower power alors en vogue. De la tenue arborée par son personnage en toge pacifiste à son nom évocateur (Freeman, tout est dit) en passant par sa bande originale distillant une balade musicale entonnée par Joan Baez, Silent Running revendique son côté « hippie » mais le déleste de sa joie colorée, son sujet n’ayant rien de joyeux.Avec Silent Running, Douglas Trumbull mettait en garde l’humanité des puissants avides d’argent. Imaginant un monde où la végétation aurait disparu de la Terre, au point que les derniers vestiges de notre flore ont été transportés à bord d’une station spatiale, le cinéaste se muait en prédicateur prophétique, dénonçant la destruction du sol terrestre par une humanité peu préoccupée par son habitat. Lorsque la mission spatiale est sommée de rentrer à la maison en raison de son coût trop onéreux, un botaniste décide de s’insurger contre cette décision allant à l’encontre du bon sens. Outre son postulat de départ, Trumbull accentue alors le message délivré par son film. Encore une fois, l’argent prédomine sur le devoir de préservation de notre environnement et la rentabilité passe avant une nature perçue comme presque inutile à l’homme, à tort. 46 ans plus tard, force est de constater que Silent Running est toujours terriblement d’actualité.Baignant dans une atmosphère poético-crépusculaire teintée de pessimisme et illustrant son discours naturaliste, semi-humaniste (son héros prend quand même des allures de terroriste écologiste), philosophique et métaphysique, Silent Running est une œuvre précieuse, dont le regard visionnaire a traversé les décennies. Les amateurs de grand spectacle seront probablement déçus d’un film d’anticipation au rythme tout en latence, mais les cinéphiles sauront y voir un effort audacieux et ambitieux, certes un brin daté sur certains points et manquant parfois de crédibilité dans sa narration première, mais hautement profond et bouleversant, ne serait-ce que par son plan final, magnifique d’élévation émotionnelle.
Silent Running sort enfin en Blu-ray, accompagné du DVD et d’un beau livret de 74 pages, largement illustré en photos rares, et dont le texte de Frédéric Albert Lévy (bien connu des amateurs de feu Starfix) revient en détails sur le film de Douglas Trumbull. Techniquement, Wild Side accouche d’une très belle galette haute définition, affichant une image somptueuse tirée d’un master restauré et des pistes sonores proposant du DTS 2.0 en anglais et du Dolby Digital 2.0 en français. Côté « suppléments », un formidable making of d’époque de 52 minutes propose de nous plonger dans les coulisses du film. Egalement au programme, un entretien de 10 minutes avec Bruce Dern, un module de 5 minutes consacré à Trumbull et un entretien d’une demi-heure avec ce dernier.
EXTRAIT :
Par Nicolas Rieux