Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : The Drop
Père : Michael R. Roskam
Date de naissance : 2014
Majorité : 12 novembre 2014
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h47 / Poids : 12,6 M€
Genre : Polar, Drame
Livret de famille : Tom Hardy (Bob), Noomi Rapace (Nadia), James Gandolfini (Marv), Matthias Schoenaerts (Eric), Jon Ortiz (Torres)…
Signes particuliers : Le réalisateur Michael Roskam, révélé par le puissant Bullhead, traverse l’Atlantique et signe son premier film américain avec un casting 4 étoiles.
UN POLAR « À LA JAMES GRAY »
LA CRITIQUE
Résumé : Bob Saginowski, barman solitaire, suit d’un regard désabusé le système de blanchiment d’argent basé sur des bars-dépôts – appelés « Drop bars » – qui sévit dans les bas-fonds de Brooklyn. Avec son cousin et employeur Marv, Bob se retrouve au centre d’un braquage qui tourne mal. Il est bientôt mêlé à une enquête qui va réveiller des drames enfouis du passé… L’INTRO :
Michael Roskam est un p´tit gars bourré de talent. On l’avait déjà bien remarqué avec son excellent Bullhead, récompensé aux Oscars en 2012. Le cinéaste belge enchaîne cette fois-ci avec un polar américain, son premier film en langue anglaise et accessoirement seulement second long-métrage, soutenu par une distribution quatre étoiles : Tom Hardy, Noomi Rapace, James Gandolfini (dans son dernier rôle avant sa triste disparition) et sa muse Matthias Schoenaerts. Adaptation d’une nouvelle de Dennis Lehane (Mystic River, Shutter Island) que l’écrivain a lui-même supervisé, The Drop en VO, nous entraîne dans les bas-fonds de Brooklyn, direction un « drop bar », ces établissements servant de dépôts à la mafia new-yorkaise…
L’AVIS :
Quand Vient la Nuit n’est pas le film le plus palpitant de l’année. Les briques qui l’érigent, n’ont pas été sculptées dans l’action trépidante, le suspens haletant ou le rythme effervescent. Au contraire, Quand Vient la Nuit est un film lent, mélancolique, un film où se dessine quelque-chose dans l’obscurité des couloirs de son intrigue. Dans la lumière, rien ou presque rien. Des silences, des échanges concis et tranchants comme des lames de rasoir, des rapports de force, des présences fantomatiques, des interactions fascinantes, des scènes intimistes volatiles captées avec grâce. Qu’est-ce qui tient alors l’ouvrage droit dans ses bottes ? La tension. Seulement la tension, rien que la tension. Son atmosphère lourde et suffocante, tout en retenue glaçante, en apesanteur et en incarnation crépusculaire, rappelant en cela le cinéma d’un James Gray voisin, est à elle-seule ce qui tient en haleine de bout en bout dans ce drame envoûtant, sombre, prêt à imploser à chaque instant comme un moteur en sur-régime dont on perçoit la crispation tout en redoutant cet instant T où sa mécanique millimétrée va craquer. Méticuleux sans jamais être rigide et terriblement noué sans jamais perdre le fil de son intensité dramatique, le scénario signé Lehane et magnifiquement mis en image par un Roskam admirable de finesse esthétique, déploie une ambiance de malaise implacable entièrement cristallisé dans les prestations à fleur de peau d’une galerie d’immenses comédiens au sommet de leur art. Quand Vient la Nuit est une audacieuse prouesse. Celle d’avoir réuni suffisamment de talents pour faire d’un film psychologique aux enjeux relativement pauvres, une œuvre splendide et impressionnante de force dévastatrice. Un sacré beau film, faisant honneur aux adieux de James Gandolfini, autant qu’il met en valeur les capacités infinies d’un Tom Hardy inlassablement plus convaincant que jamais.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux