Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Pacific Rim
Père : Guillermo Del Toro
Livret de famille : Charlie Hunnam (Raleigh), Idris Elba (Stacker), Rinko Kikuchi (Mako), Charlie Day (Newton), Max Martini (Herc), Rob Kazinsky (Chuck), Ron Perlman (Chau), Clifton Collins Jr (Tando)…
Date de naissance : 2013
Majorité à : 17 juillet 2013
Nationalité : USA
Taille : 2h10
Poids : 200 millions $
Signes particuliers (+) : Un gigantesque spectacle à échelle étourdissante proposant de raviver notre âme d’enfant en nous balançant au milieu d’une grosse empoignade impressionnante entre robots géants et immenses créatures monstrueuses. Souvent jubilatoire, bien filmé, avec une 3D réussie et animé d’une sincérité et d’une générosité d’exécution exaltante, ce qui en fait un excellent plaisir estival et une belle distraction cinématographique pleine de souffle épique et de fun divertissant.
Signes particuliers (-) : Pas beaucoup de place à la finesse d’écriture dans cette superproduction de synthèse ébouriffante qui manque un poil d’émotions, à la direction artistique inégale entre le magnifique et le moins flatteur. Un peu long et une maîtrise cédant parfois aux « folies visuelles » mal canalisées.
TRANSFORMERS vs GODZILLA
Résumé : Dans un futur proche, la race humaine est confronté à une terrible menace venue des tréfonds de l’océan : les kaijus. D’immenses monstres marins ravageant toutes les villes sur leur passage. Pour faire face, l’humanité s’est associée pour donner vie au projet « Jeagers », d’énormes robots conduit en tandem par un duo de pilotes reliés neurologiquement. Après une première victoire, l’on pensait être débarrassé. Mais ce n’était que le début d’une guerre sans merci et destructrice…
Quel gamin n’a jamais joué, rêvé ou imaginé des combats entre des robots et des monstres ? Guillermo Del Toro, lui, est un môme, un qui a grandi physiquement mais qui reste un môme dans sa tête pleine de bonhomie mais remplie d’idées folles. Un peu comme son ami Peter Jackson, par exemple, avec qui il sort de l’aventure éprouvante The Hobbit sur lesquels il était scénariste. Ce cinéaste éclectique même s’il a toujours évolué dans le genre (L’Echine du Diable, Blade 2, Le Labyrinthe de Pan, Hellboy) fait partie de ces réalisateurs encore animés par une véritable âme d’enfant, une sorte de geek passionné de cinéma, qui a eu la chance de passer d’un fauteuil de salle obscure à derrière une caméra pour matérialiser et fabriquer ce qu’il aimait (et aime toujours) dévorer : des films ! Des films mais surtout du spectacle, de la magie, de l’impressionnant. C’est de cette passion là qu’est né Pacific Rim, son nouveau et huitième long-métrage, un blockbuster de SF colossal et ambitieux mettant aux prises des robots géants et des monstres venus des tréfonds des océans avec la race humaine en danger au milieu de cette guerre déchainée. Un grand film d’aventures titanesque au pharaonique budget de 200 millions de dollars, calibré comme une pure attraction estivale…
Il aura bien fallu l’association de deux gros studios (Legendary et Warner) pour matérialiser les folies du script de Pacific Rim, massive méga-production née de l’esprit du scénariste Tarvis Beacham (Le Choc des Titans – sic) lors d’une ballade en bord de plage. Très rapidement, Del Toro se rattache au projet et ensemble, les deux hommes vont commencer à élaborer l’univers presque apocalyptique du film où l’humanité est confrontée à la menace des Kaijus (une référence ouverte à Godzilla et aux films de monstres japonais dits « Kaijus Eiga »), de gigantesques créatures destructrices sorties d’une brèche marine dans les entrailles de notre planète. Face à ces attaques régulières et barbares, le genre humain a dû répliquer en fabriquant ses propres monstres, de nature à pouvoir rivaliser, les Jeagers, d’immenses robots de plus de 70 mètres suréquipés en armes et commandés par une association de deux pilotes à chaque fois, compatibles pour être reliés mentalement. Bien évidemment, de telles velléités spectaculaires, réclamaient le concours des meilleurs et c’est aux portes d’ILM que les producteurs et Del Toro (coproducteur) sont allés frapper pour la partie effets spéciaux. Côté casting, quasiment pas de stars (le budget était déjà assez gros comme ça) pour soutenir l’affaire. Charlie Hunnam (Cold Mountain, Le Fils de l’homme), peu connu du grand public, tient la vedette du film, entouré du plus connu Idris Elba (qui sort d’un film de SF avec récemment Prometheus) ou de la nippone Rinko Kikuchi (Babel) et d’un parterre de seconds rôles dont Ron Perlman évidemment, qui ne pouvait manquer un film de son pote Del Toro.
On connaît la sincérité et la générosité du cinéma de Guillermo Del Toro, véritable geek parmi les geeks, qui aime à retranscrire à l’écran ce que lui-même aurait aimé y voir en tant que spectateur. C’est ce qui explique d’ailleurs l’attachement de son public à ce cinéaste atypique, d’abord cinéphile passionné avant d’être un artiste accompli. Del Toro est en effet, un des nôtres, nous amateurs de spectacle et de rêverie. Et comme à son habitude, il va mettre le paquet avec Pacific Rim et les deux heures du long-métrage ne seront que la confirmation de son envie débordante d’entraîner le spectateur dans une folle aventure épique et furieuse, un gros spectacle ébouriffant plein de souffle et de grandeur sans limite. Pour aider à l’immersion dans cet univers fabriqué de toutes pièces, Del Toro va recourir à la 3D, la mode actuelle, et si d’aucun n’avait envie de s’exclamer au « Oh non, encore », rassurez-vous, elle est tout simplement magistrale et utilisée avec talent. Elle va surtout participer à rendre au mieux ces batailles hallucinantes entre ces géants robotisés et ces monstres patibulaires (renvoyant directement à Godzilla justement et dans une moindre mesure, à Predator mais à échelle de building). Car l’essentiel du film est là, dans ces moments de bravoure transcendants que Del Toro filme avec beaucoup d’inspiration et de créativité pour bien rendre la barbarie furieuse et gigantesque de ces combats entre monstres et forces de la nature, bagarres à échelle vertigineuse à laquelle la mise en scène s’adapte. Del Toro élève la hauteur de son métrage vers l’impressionnant, réduisant l’humain à taille de fourmi pour privilégier un regard ample et massif tourné vers les cimes des immeubles au milieu desquels deux adversaires se livrent une guerre terriblement destructrice. A ce niveau là, Pacific Rim se pose également là dans la destruction de masse intense où les plus hauts monuments volent en éclat sous les coups envoyés entre engins mécaniques et dinosaures terrifiants. Deux ennemis qui ont fait l’objet d’un immense travail d’élaboration en images de synthèse et si les « kaijus » ne sont pas saisissant de beauté bien qu’honorablement réussis, les Jeagers eux en revanche, n’ont rien à envier aux Transformers de Michael Bay en termes plastiques de finitions.
Au final, Pacific Rim est donc un beau spectacle, une distraction estivale entraînante et exaltante à prendre comme telle. Guillermo Del Toro n’accouche pas d’un chef d’œuvre du genre ni d’un film impérissable et les défauts sont nombreux. Mais la débauche d’action bien exécutée (même si de temps à autre, il se laisse un peu trop emporter) et le calibrage du scénario résolument tourné vers les ficelles les plus classiques du registre, font la blague. Divertissement bruyant, plein de fureur et ultra-spectaculaire, Pacific Rim fait passer un bon moment entre action, effets visuels splendides et humour (un peu trop appuyé cela étant dit). Un moment sympathique et agréable même s’il a la finesse d’exécution de ses immenses et lourdes machines de fer de 75 mètres. On reconnaît bien la patte Del Toro dans la générosité du spectacle proposé même si on pourra lui reprocher (un peu comme son précédent Hellboy par exemple), une longueur un poil excessive contenant un peu de déchet et une « production design » pas toujours plaisante (les séquences sous-marines autour de la brèche ne sont pas très belles, de même que le retranscription du concept de la « dérive » où les deux esprits des pilotes fusionnent, le design de certaines créatures ou les fréquentes teintes). Par ailleurs, dans ce foisonnant entertainement épique, les personnages ont tendance à un peu se noyer au milieu de l’action (un défaut récurrent dans quantité de blockbusters) illustrant le fait que la « geekerie » de Del Toro est quelque part à la fois son avantage et sa faiblesse. Avantage car il matérialise du rêve grandeur nature comme un enfant dans un parc d’attraction mais faiblesse quand il se laisse souvent aveuglé par sa passion avec un recul mitigé sur la globalité de son œuvre privilégiant le spectacle à l’émotion.
S’il est difficile de ne pas penser à Transformers ou au Godzilla d’Emmerich (d’autant que Del Toro en appelle souvent au style du metteur en scène d’Independence Day dans sa mise en scène et la tournure de certains angles de son script) en découvrant Pacific Rim, force est de constater que le film de Guillermo Del Toro est un poil au-dessus de la trilogie de Michael Bay (sauf en purs termes esthétiques) et sans aucun souci largement devant le semi-échec du germano-américain. Pacific Rim est bel et bien un bon gros blockbuster estival attendu, certes un peu bas du front, pas très finaud et bourré de défauts, mais quand même un flamboyant spectacle généreux qui nous convie à ravoir 10 ans dans nos têtes en regardant des robots géants se bastonner avec des monstres tout aussi colossaux. Les scènes d’action sont régulièrement démentes et même si le film n’est une « belle œuvre de cinéma appelant à réfléchir blablabla », c’est juste un méga-plaisir coupable régressif et impressionnant qui derrière ses grosses ficelles, veut juste proposer de s’évader vers un univers SF aux ambitions grandissimes voire jouissives tout en rendant un bel hommage moderne aux Kaiju Eiga. C’est parfois un peu facile sur le fond mais sur la forme, c’est aussi très agréable d’être de nouveau comme un gosse émerveillé dans une foire majestueuse si étourdissante.
Bande-annonce :