Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Miele
Père : Valeria Golino
Livret de famille : Jasmine Trinca (Irene/Miele), Carlo Cecchi (Carlo), Libero De Rienzo (Rocco), Vinicio Marchioni (Stefano), Iaia Forte (Cleli)…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 25 septembre 2013 (en salles)
Nationalité : Italie, France
Taille : 1h36
Poids : 1,6 million €
Signes particuliers (+) : Un premier exercice courageux pour la comédienne Valeria Golino qui s’immerge dans un débat de société délicat sans pour autant chercher à se montrer définitive dans son approche, préférant laisser au spectateur le choix des clés d’appréhension de ce drame touchant et intéressant au lieu de lui asséner un quelconque parti pris.
Signes particuliers (-) : Par souci de trop bien faire et de s’intégrer dans un courant auteuriste plaisant aux festivals, Golino se perd un peu dans une mise en scène très maniérée qui n’aide pas vraiment son film assez froid, à gagner en émotion, de même que son absence de direction claire l’abandonne à une forme de confusion de pensée et de réception. Déroutant.
MIELE OU LA VASTE QUESTION DU SUICIDE ASSISTÉ
Résumé : Sous le pseudonyme de Miele, Irene est une jeune femme que sa famille croit étudiante. En réalité, elle aide clandestinement des condamnés à mourir dignement. Jusqu’au jour où tout dérape avec le cas d’un homme see faisant passer pour très malade afin d’obtenir son aide alors qu’en réalité, il souffre de dépression et n’a plus goût à la vie…
La délicieuse actrice italienne Valeria Golino démontre qu’elle est multi-talent en signant avec Miele sa première réalisation, trois ans après s’être essayé à l’exercice avec un court-métrage. Et pour une première, elle ne choisit pas la facilité, se confrontant à la très sensible question de la mort assistée (ou euthanasie) avec un drame d’auteur se glissant aux côtés d’une jeune femme activiste qui pratique clandestinement ce procédé par conviction qu’il est certains cas où la dignité humaine l’exige. Miele est donc un nouveau film qui vient s’ajouter aux nombreux autres récents qui ont osé abordé cette question au combine délicate, et à plus forte raison dans nos sociétés chrétiennes qui refusent le dialogue. C’est le cas notamment en Italie où l’église a, comme on peut s’en douter, une emprise encore très forte sur la culture morale du pays. Depuis quelques années, le cinéma semble être devenu un médium d’expression privilégié sur le sujet et nombreux sont les auteurs qui se mobilisent pour dénoncer l’absence l’immobilisme face à ce problème de société. Pour n’en citer que quelques-uns, le franco-américain Le Scaphandre et le Papillon de Julian Schnabel (2007), l’espagnol Mar Adentro d’Alejandro Amenabar (2004) ou encore You Don’t Know Jack, téléfilm américain de Jack Kevorkian produit par HBO, avec Al Pacino (2010). Présent dans de nombreux Festivals dont Cannes 2013, dans la sélection « Un certain Regard », Miele a permis à Valeria Golino de faire une entrée remarquée dans le monde des metteurs en scène.
Adaptation d’un livre italien intitulé Vi Perdono et écrit sous un pseudonyme par le romancier Mauro Covacich, Miele n’est pourtant pas un film-manifeste sur l’euthanasie, Golino préférant y voir une profonde immersion introspective dans l’intimité d’une jeune femme essayant de s’épanouir personnellement alors qu’elle touche de très près cet univers sombre et douloureux en permanente confrontation avec la douleur et la mort. Le film est autant une chronique sur le parcours personnel de cette jeune fille égratignée et les questions qui la taraudent, qu’un aperçu des questions que peut soulever ce débat sociétal encore fermé. C’est peut-être d’ailleurs un peu là les limites d’un film qui ne prend pas vraiment position, les thématiques et convictions s’y entremêlant sans qu’aucun point de vue ne s’en dégage, comme des contrecourants tourbillonnants sans pouvoir trouver de direction claire. La démarche est pourtant compréhensible et entendable, Miele préférant mettre les lumières les interrogations en présence sans apposer une solution toute faite ou un avis définitif sauf que l’on a du mal à dégager de ce maelström les différents points de vue, aucun personnage évident n’étant là pour vraiment défendre le point de vue contradictoire à celui de l’héroïne qui doit du coup composer elle-seule avec les deux perspectives. Miele parle de la solitude d’une femme peut-être trop imprégnée par la mort pour goûter aux joies de la vie, du droit de chacun à disposer librement de sa vie et de sa fin, tout en soulignant qu’il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir soutenir l’exigence que requiert l’aide apporté a ceux qui veulent en finir. Golino garde ses distances en étant en effet ni pro, ni anti-euthanasie, et dans le même glisse des idées renvoyant à l’un comme à l’autre dans un film peu évident, un peu confus et surtout au final très froid, peinant à bouleverser et à cueillir avec la palette d’émotions qu’il tente de déployer, entre celles délivrées par son fort sujet d’actualité et celles sorties des tréfonds de son joli personnage un peu perdue dans sa vie et ses idéaux mis à mal.
Un exercice vain ? Pas complètement non plus puisque Miele essaie d’être ambitieux dans sa démarche, s’acharnant à conjuguer un réel personnage fort et son sujet troublant, sans que l’un ou l’autre ne prenne vraiment l’ascendant, tentative qui malheureusement finit par défaillir d’instabilité. Car si la cinéaste se dépêtre par moments plutôt bien et avec une vraie maîtrise, de son exercice d’auteur difficile esquivant le caricatural ou la réduction, toutefois, ce premier effort manque d’une visée, d’une direction, et ne rend pas toujours justement la confusion morale de son personnage, peut-être parce que ce dernier étouffe au final le fond des thématiques que le film entend faire résonner. On se retrouve du coup à ne pas trop savoir quoi penser de cette œuvre qui s’essaie à l’envoûtant, peut-être trop d’ailleurs, ce qui l’amène à quelques maladresses comme le déroulé de la plat list de l’iPod de la cinéaste venant illustrer ce drame un peu plat et pas suffisamment escarpé malgré son sujet complexe, manquant un peu de relief et d’aspérités exception faire de deux-trois moments inspirés. En résumé, un premier film parfois bancal et manquant d’épure et de simplicité dans son traitement, caressant régulièrement dans le sens du poil de façon factice et forcée, les envies masturbatoires d’une certaine critique amatrice d’auteurisme maniérés aux plans abscons, mais qui laisse néanmoins entrevoir un certain potentiel notable chez une cinéaste en devenir, capable d’images sublimes, et qui n’est pas la seule à briller puisque l’on ne manquera pas, tout de même, de souligner la performance sobre de la comédienne Jasmine Trinca.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux