Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Little Big Man
Père : Arthur Penn
Date de naissance : 2014
Majorité : 19 octobre 2016
Type : Sortie Blu-ray
Nationalité : USA
Taille : 2h19 / Poids : 15 M$
Genre : Aventure, Western
Livret de famille : Dustin Hoffman, Faye Dunaway, Martin Balsam…
Signes particuliers : Un quatrième film vient compléter la belle collection « Coffret Ultra-Collector » entamée par Carlotta. Et c’est un chef-d’oeuvre !
L’ÉPOPÉE D’UN PETIT GRAND FILM
LA CRITIQUE DE LITTLE BIG MAN
Résumé : Âgé de 121 ans, Jack Crabb, seul survivant du massacre de Little Big Horn, raconte son histoire à un journaliste. Adopté par une famille de Cheyennes, ce visage pâle est surnommé Little Big Man à cause de son immense courage. Un jour, toute sa tribu est massacrée par les Blancs et Jack est alors recueilli par un pasteur et sa femme. Mais le jeune homme est partagé entre ses origines indiennes et son nouveau peuple… Fort du succès de son chef d’œuvre précurseur qu’était Bonnie & Clyde, l’un des films incarnant parfaitement la néo-modernité d’un Hollywood en pleine transformation à la fin des années soixante, Arthur Penn s’est imposé comme un cinéaste à la fois talentueux et capable de tenir les rênes d’une grosse production. Passé le plus mineur Alice’s Restaurant en 1969, il se voit confier Little Big Man, grande épopée westernienne hors normes par son mélange des tons, incorporant les codes du genre tout en leur tordant le cou un à un avec son ton humoristique lui conférant un caractère débridé dès plus iconoclaste. Porté par un formidable Dustin Hoffman, glorifié par les succès du Lauréat et de Macadam Cowboy, Little Big Man appartient aujourd’hui aux meilleures œuvres du panthéon cinématographique américain. Un chef d’œuvre, un de plus pour Arthur Penn, dont on se délecte sans modération à chaque vision tant sa richesse est infinie.Little Big Man est un film particulier à bien des égards. Sur le papier, il pourrait s’apparenter à un lointain aïeul de classiques plus récents tels que Danse avec les Loups. Une fresque imposante suivant un personnage aux 1001 vies, voguant au gré d’aventures extraordinaires. Mais sur la forme, le film d’Arthur Penn est presque unique en son genre. Les péripéties traversées par son Jack Crabb (Hoffman) sont comme des saynètes, des tranches de vies traitées à chaque fois selon un ton différent. Alternant aventure, romance, comédie, drame, Little Big Man n’est pas juste un film, ce serait presque comme une anthologie chapitrée, plusieurs films en un, mais sans jamais que cette apparente dispersion ne se ressente une seule seconde. Au contraire. Intelligent et démesurément doué, Arthur Penn fait preuve d’une maîtrise fascinante pour balader son personnage dans des tableaux aux allures d’épisodes, alors qu’en fond, se déroule une page de l’histoire américaine. La conquête de l’Ouest, le mode de vie des indiens, celui de la société du XIXème, la guerre contre les indiens, la naissance des réserves, Little Big Horn… Etalé sur près de 30 ans et raconté par un héros qui en a aujourd’hui 121 et qui se remémore son existence rocambolesque face à un journaliste, Little Big Man nous plonge dans un récit trépidant, sans cesse entre la drôlerie cocasse, l’aventureux et l’émotion.Avec Little Big Man, Arthur Penn a osé le pari audacieux de revoir complètement l’une des plus grandes pages de l’histoire américaine et d’en déconstruire l’imagerie mythique. Sous l’œil de sa caméra aiguisée, la conquête de l’Ouest devient un objet de dérision et le héros bravache devient une sorte de looser picaresque comique. Et malgré l’humour qui habite l’essence même du film, le cinéaste ne tombe jamais dans la futilité. Little Big Man réussit à dire beaucoup de choses, tant sur les fondations de l’Amérique, que sur l’époque contemporaine dans laquelle il s’inscrivait (dans la période Guerre du Vietnam). Mais pardessus tout, ce portrait d’un culturellement déraciné, mi-blanc mi-indien, est un plaidoyer profondément humaniste, dénonçant la folie des hommes à travers le regard d’un vieux centenaires se rappelant de son dégoût pour ses congénères, capable d’une cruauté tragique. Bref, un chef d’œuvre, à redécouvrir dans une édition de toute beauté, anoblie par une somptueuse restauration en haute définition.Pour accompagner le film que l’on revoit sous un nouveau jour dans cette édition ultra-collector, Carlotta Films a encore vu les choses en grand. Pour accompagner ce monument du cinéma américain, un splendide livre largement illustré nous plonge tant dans le film que dans le cinéma d’Arthur Penn. Un entretien réalisé par Robin Wood avec le maître, une partie consacrée au tournage de Litle Big Man, une revue de presse contenant des articles passionnants… Un fort bel ouvrage de 160 pages qui complète les nombreux suppléments présents sur la galette Blu-ray. Une introduction du toujours excellent Philippe Rouyer, également auteur d’un sujet de 25 minutes revenant sur le film, un documentaire de 26 minutes en immersion sur le tournage, les bandes annonces d’époque et un module sur les transformations physiques de Dustin Hoffman… Que du bonheur pour les cinéphiles que nous sommes.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux