Mondomètre
Carte d’identité :
Nom : Land of Mine
Père : Martin Zandvliet
Date de naissance : 2015
Majorité : 29 août 2017
Type : Sortie Blu-ray/DVD
Nationalité : Danemark, Allemagne
Taille : 1h41 / Poids : NC
Genre : Drame, Guerre
Livret de famille : Roland Møller, Mikkel Boe Folsgaard, Joel Basman, Leon Seidel, Oskar Bökelmann, Louis Hofmann…
Signes particuliers : Un petit chef-d’oeuvre !
TRAGÉDIE EN TERRAIN MINÉ
LA CRITIQUE DE LES OUBLIÉS
Résumé : 1945. Danemark. Fin de la Seconde Guerre Mondiale. Plusieurs soldats allemands, à peine sortis de l’adolescence, sont faits prisonniers par l’armée danoise et envoyés en première ligne pour désamorcer les mines enfouies le long de la côte. Pour eux, la guerre est loin d’être terminée. Inspiré de faits réels, Les Oubliés raconte cet épisode tragique de l’Histoire.
En 2009, le cinéaste danois Martin Zandvliet faisait une entrée remarquée dans le petit monde du cinéma avec Applaus, un premier long-métrage qui avait voyagé avec succès de festival en festival. Après un second effort passé plus inaperçu, le cinéaste danois revient aujourd’hui avec son troisième film et quelle claque ! Les Oubliés nous ramène vers la Seconde Guerre Mondiale. « Encore ?! », pourrait-on être tenté de dire. Oui, mais là, c’est différent. Martin Zandvliet nous ramène dans l’immédiat après-guerre, au Danemark, et nous raconte avec force et émotion, un épisode cruel et méconnu.Que ce soit dans le drame avec ces pauvres âmes pas vraiment sorties d’une guerre pourtant terminée, dans le film de guerre avec sa réflexion imparable sur les traces indélébiles que laissent derrière eux les conflits, ou dans le thriller sous très haute tension avec ces mines qui peuvent sauter à chaque seconde sous les pieds de ceux qui tentent de les désamorcer, Les Oubliés voit tout juste, tout le temps, dans chaque plan, chaque scène, chaque idée, chaque direction qu’il emprunte. Martin Zandvliet démine toutes les erreurs qu’il aurait pu commettre et avance avec une intelligence rare, nous attachant petit à petit à chacun de ses personnages, victimes ou bourreaux, si tant est qu’il y ait des bourreaux. Car au fond, c’est bien le vrai message essentiel au cœur de ce magnifique long-métrage porté par une amère mélancolique, et des interprètes immensément talentueux. Dans toutes les guerres, il n’y a au final que des victimes, d’un côté comme de l’autre, d’une manière ou d’une autre. Des victimes accablées par la douleur, la douleur menant à la haine, la haine menant à la vengeance. On en arrive alors à l’histoire mise en lumière par Les Oubliés, récit d’un chapitre peu glorieux de l’après Deuxième Guerre Mondiale. 1945, Danemark. La guerre est finie depuis peu. Il ne reste que des larmes, des hommes morts ou brisés, des ruines, et des mines enfouies par millions un peu partout. Surtout le long des plages danoises, là où la Wehrmacht pensait voir les alliés débarquer. Pour les enlever, le gouvernement décide d’y envoyer les jeunes soldats faits prisonniers pendant la guerre. Ils sont responsables de la guerre, à eux de nettoyer. En les envoyant ainsi à une mort quasi-certaine, une entorse profonde à la Convention de Genève signée en 1929 a été commise. Mais qui allait s’en préoccuper ? Après tout, ce n’étaient que des « boches », des gamins de surcroît, piégés dans une Europe pleine de haine à leur égard. Et bien souvent, l’inhumanité est la tragique réponse apportée à l’inhumanité.C’est assez rare pour être souligné mais Les Oubliés nous positionne du côté des allemands. Pour une fois, ce sont eux que l’on soutient, ce sont eux que l’on veut voir s’en sortir, survivre, rentrer au pays. Ils sont jeunes, ils sont angéliques, ils n’ont rien qui les rattache aux atrocités de la guerre qui vient de défigurer l’Europe. Ils crient même « maman » quand ils ont peur ou quand ils ont mal. Ce sont juste des gamins, emportés par la marche infernale d’une Histoire qui les a dépassés, et aujourd’hui retenus de manière injuste. Zandvliet nous les présente, nous permet de les aimer, d’avoir de la compassion pour eux. Sauf qu’ils sont en sursis, à genoux sur des mines prêtes à nous les arracher à chaque instant. Terrible, tragique et poignant, Les Oubliés est un petit miracle venu de nulle part. Un film qui se fait le témoin d’une page honteuse de l’après-guerre, souvent passée sous silence. Le film s’arrange un peu avec la réalité, désignant notamment le gouvernement danois comme responsable de ces atrocités (plus de la moitié des jeunes soldats expédiés dans ces missions suicides périront) alors que la vérité pointe du doigt les britanniques. Mais au-delà de cette petite trahison historique, Les Oubliés est un film puissant, dévastateur, s’efforçant de dégager de la beauté dans l’horreur. Au lendemain de la guerre, alors que tout n’est que champ de ruines, douleur et rancœur, l’humanité, le pardon et la rédemption tentent de se frayer un chemin. Et Les Oubliés de réussir à être presque lumineux dans son contexte de noirceur.Nommé pour l’Oscar du meilleur film étranger, on regrette que le film de Martin Zandvliet ait été lui-même oublié, mis de côté au profit de l’iranien Le Client d’Asghar Farhadi, dont le sacre semble plus politique qu’artistique. Tour à tout magnifiquement contemplatif ou au contraire tendu comme un arc, Les Oubliés est une superbe tragédie, douloureuse et humaniste, centrée sur des personnages pour qui la guerre aura été injustement double.
LE TEST DVD DE LES OUBLIÉS
Disponible en combo Blu-ray/DVD et en DVD simple, Les Oubliés arrive en vidéo sous la bannière ESC Éditions. Et quelle est belle justement cette édition. Au programme, un joli lot d’interviews avec notamment des entretiens avec le réalisateur Martin Zandvilet (9 min.), les acteurs Joel Basman, Louis Hoffman et Roland Moller (22 minutes au total) et les producteurs du film (22 minutes). Mais ce n’est pas tout puisque la galette nous offre également un petit documentaire (20 minutes) baptisé « Une Petite Histoire du Déminage » cosigné Linda Tahir et Christophe Champclaux. A noter qu’un livret, un dossier pédagogique et un dossier de presse complètent l’édition Steelbook.
BANDE-ANNONCE :
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Par Nicolas Rieux