Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : The Believers
Père : John Schlesinger
Date de naissance : 1987
Majorité : 04 novembre 2015
Type : Sortie vidéo
(Éditeur : Wild Side)
Nationalité : USA
Taille : 1h38 / Poids : 17 M$
Genre : Thriller, Epouvante
Livret de famille : Martin Sheen (Carl), Helen Shaver (Jessica), Harley Cross (Chris), Robert Loggia (McTaggert), Elizabeth Wilson (Kate), Harris Yulin (Calder), Lee Richardson (Dennis), Richard Masur (Wertheimer), Jimmy Smits (Lopez)…
Signes particuliers : Un thriller ésotérique témoignant par intermittence du génie de Schlesinger.
RITUELS, VAUDOU & SACRIFICES
LA CRITIQUE
Résumé : Cal Jamison, psychiatre pour la police de profession, est muté à New York après le décès de sa femme. Là, il doit enquêter sur l’immolation de deux jeunes adolescents. Pour mener à bien son enquête, il décide d’infiltrer une secte qu’il croit à l’origine de ses actes barbares.L’INTRO :
Lorsqu’il réalise Les Envoûtés, la carrière de l’illustre britannique John Schlesinger se prépare à son doux déclin. Celui qui a jadis signé des œuvres engagées et marquantes de l’histoire du cinéma américain telles que Macadam Cowboy ou Marathon Man, a pourtant réalisé trois ans plus tôt, une autre de ses grandes réussites avec Le Jeu du Faucon. Mais ce précurseur d’un cinéma marqué par une extrême noirceur qui aura tant brillé dans les années 70, survivra mal aux changements des années 80. Tourné en 1987 et adapté du roman La Religion de Nicholas Conde, Les Envoûtés entraîne le spectateur dans la descente aux enfers d’un psychiatre de la police (Martin Sheen) confronté à une enquête sur des meurtres horrifiants ayant un rapport avec des rituels avec la Santeria, une religion sud-américaine native des Caraïbes régie par de nombreux rituels aux codes très stricts. Pour la première fois, Les Envoûtés sera disponible en HD dans une nouvelle version restaurée.L’AVIS :
John Schlesinger a toujours été l’un des grands cinéastes de l’inconfort au cinéma. Un metteur en scène dont le talent monstre s’est toujours mis au service d’histoires poussant le spectateur au bord du précipice du malaise, sans jamais que cela ne soit gratuit, bien au contraire. Tout au long de sa carrière, Schlesinger s’est appliqué à exorciser à travers son travail, les maux de l’Amérique, souvent avec un regard radical caractérisé par une vision très sombre de la société. Avec Les Envoûtés, il oppose la raison et le mystique, en pointant du doigt que tout n’est jamais toujours tout blanc ou tout noir, que les certitudes ancrées peuvent vite être ébranlées, et peut-être même qu’au fond, la fermeté de notre rationalité n’est qu’un moyen d’autoprotection pour fermer les yeux sur ce que l’on ne comprend pas. Dans ce thriller fantastique qui n’est pas sans rappeler le style des classiques passés tels que La Malédiction, L’Exorciste 1 et surtout 2 ou Rosemary’s Baby, il dépeint une folie qui gangrène la société, un mal galopant qui rampe, qui opère dans l’ombre des apparences normales. Les Envoûtés passe de ces banlieues propres sous tout rapport à la mégalopole new-yorkaise organisée et violente, où dans les interstices, s’agitent des pratiques occultes et macabres souterraines dont le commun des mortels ne soupçonne même pas l’existence. Ancré dans une réalité qui est la sienne, Les Envoûtés est un nouveau témoin d’une société en mal de repères, et qui se raccroche parfois à ce qui lui est tendu, au risque d’être manipulé par des forces maléfiques. Rappelons au passage, que le film s’inspire certes d’un livre, mais aussi de deux faits divers qui ont défrayé la chronique dans les années 80, les actes ignobles des serial killers et gourous Adolfo Constanzo & Sara Aldrete, criminels à la tête d’une secte pratiquant les sacrifices humains.Sans cesse sur une fine frontière perturbante entre le mysticisme et le surnaturel, Les Envoûtés est un thriller ésotérique troublant, où l’horreur longtemps psychologique et morale soutient quelques envolées monstrueuses, avant que gicle à l’image un effroyable frontal dans une progression montant crescendo dans l’oppressant en vu d’un final à la noirceur profondément amer. Teinté d’étrangeté, souvent perturbant, et porté par un sentiment d’angoisse sourd et ambigu, le film de Schlesinger ne manque pas d’effrayer par la fenêtre qu’il ouvre sur ce monde infernal de l’occulte et du vaudou auquel on semble ne pas pouvoir échapper. Malheureusement, les bons efforts du metteur en scène se heurtent à plusieurs problèmes, dominés par un sentiment de voir une œuvre factuellement en retard de dix ans sur son temps. Mais au-delà de cette impression d’un film un brin suranné ayant loupé le bon wagon, c’est son récit à la maîtrise aléatoire et auquel on a du mal à croire qui dérange le plus (pas arrangé par les innombrables invraisemblances), peinant ainsi à trouver une crédibilité forte qui soutiendrait les espoirs d’aspirer le spectateur dans un vortex régi par une terreur suffocante. Et les fulgurances du cinéaste ont beau fasciner, elles n’en demeurent pas moins parfois un peu veines.
LE BLU-RAY
Il y a des travaux de restauration d’anciens films qui permettent de redécouvrir totalement une oeuvre sous son meilleur jour. C’est le cas pour Les Envoûtés qui s’offre une nouvelle « jeunesse » avec cette édition HD restaurée sortant sous la bannière de l’éditeur-cinéphile, comme nous aimons l’appeler, Wild Side. Vieux de presque 30 ans, Les Envoûtés brille de mille feux sur cette galette à la propreté fabuleuse. Le travail effectué sur l’image est littéralement saisissant, la netteté de l’image épate, de même que l’effort de converser le grain si spécifique au rendu image des films des années 80. Techniquement, cette édition est un must. Notons que le format 1.85 a été respecté et que le son se déploie à travers un DTS Master Audio 2.0 qui n’a pas à rougir de ce qu’il propose en terme de puissance sonore.
Côté supplément, un seul et unique complément au film. En l’occurrence, un entretien avec le toujours passionnant Philippe Rouyer, spécialiste du cinéma de genre, qui nous parle du film avec tout son bagage. Baptisé « Manhattan Vaudou« , cet entretien de 25 minutes environ,
EXTRAIT Vost :
Par Nicolas Rieux