Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : L’Emprise
Pères : Claude-Michel Rome
Date de naissance : 2014
Majorité : 26 janvier 2015
Type : Diffusion sur TF1 – 20h55
Nationalité : France
Taille : 1h45 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Odile Vuillemin (Alexandra), Fred Testot (Marcello), Marc Lavoine (le procureur), Sam Karmann (le père)…
Signes particuliers : Tiré d’une histoire vraie, une fiction télé soulignant le fléau encore trop d’actualité, des violences conjugales faites aux femmes.
L’AMOUR… PUIS L’HORREUR.
LA CRITIQUE
Résumé : Elle, c’est Alexandra. Lui, c’est Marcello. Ils sont tombés follement amoureux. Construit une vie ensemble. Eu des enfants. Tout paraissait idyllique sur le papier. Mais seulement sur le papier. Car très vite arrivent les coups. La peur. L’humiliation. Et les demandes de pardon de Marcello. Un va et vient incessant de ruptures et de réconciliations. Jusqu’au drame. L’INTRO :
Malgré de nombreuses campagnes de prévention, malgré des faits divers tragiques relayés presque quotidiennement par les médias, malgré des témoignages, malgré des articles ou livres, malgré le travail d’associations, de la justice ou de spécialistes, le fléau de la violence conjugales ou des violences commises sur les femmes en général n’est pas engagé sur une pente décroissante notable, bien au contraire. Au pire, il stagne, au mieux, il baisse dans des proportions anecdotiques. On estime aujourd’hui que près d’une femme tous les trois jours, succombe à des actes de violences conjugales. 146 en 2013. C’est trop. Beaucoup trop. Un bilan révoltant qui s’est retrouvé mis en lumière pour la énième fois en mars 2012, avec le procès d’Alexandra Lange, une mère de quatre enfants qui a comparu dans le box des accusés aux assises de Douai pou le meurtre de son mari. Un mari violent, qui la battait elle et sa progéniture depuis près de quinze ans. Le calvaire d’Alexandra Lange fera l’objet d’un livre, Acquitté, paru en librairie cette même année. La jeune femme de 33 ans y racontait son histoire, espérant qu’elle aiderait ainsi d’autres femmes à se rebeller et à sortir de l’anonymat. Leonis Productions, société affiliée au groupe Endemol s’est emparée de cette histoire poignante pour en tirer une fiction unitaire réalisée par l’expérimenté Claude-Michel Rome, un habitué du petit écran depuis les années 90 (la série Justice de Femme, Zodiaque ou encore Stavisky, l’escroc du siècle avec Tomer Sisley). Le 26 janvier prochain sur TF1, Alexandra Lange, ce sera Odile Vuillemin. L’ancien comique du SAV sur Canal+, Fred Testot, prêtera ses traits à son bourreau de mari. Marc Lavoine ou encore Sam Karmann complètent la distribution de cette fiction dramatique au sujet lourd.L’AVIS :
Avec L’Emprise, TF1 s’éloigne un peu des sempiternelles fictions policières et tente quelque-chose avec un drame dur et sombre, évoluant sur une corde sensible suspendue au-dessus d’un vide dangereux matérialisé par les risques d’appels du pied d’un pathos confectionné avec cynisme. Bonne surprise, la fiction de Claude-Michel Rome a survécu à un long processus d’écriture sans rien perdre de sa vision et de son essence. Mettre en lumière un fait divers tragique dénonçant l’horreur des violences conjugales et appelant les victimes à prendre la parole, oui, œuvrer dans la récupération glauque à des fins purement lacrymales, non. Plutôt habilement, L’Emprise surprend par ce refus de toute dramatisation excessive, du moins au-delà de celle du drame en lui-même de l’histoire d’Alexandra Lange. Terrifiant d’horreur tristement réaliste, ce téléfilm globalement soigné et répondant aux codes d’une mise en scène télévisuelle certes, mais somme toute agréable, parvient à cerner avec une certaine justesse « l’emprise » de ces situations désespérées et la difficulté de s’en extraire pour ces femmes-victimes de monstres révoltants. Cadre souvent marginal, torture psychologique quotidienne, instauration progressive d’une forme de dépendance, mise en rupture d’avec l’entourage potentiellement salvateur, oppression nourrie à la tyrannie de la peur, menaces, représailles, attitude lunatique alternant la douceur et la terreur… L’Emprise justifie son titre en s’attachant bien à démontrer ce qui tient ces femmes, à restituer comment leurs bourreaux les agrippent entre leurs griffes acérées et tuant toute possibilité de fuite.
L’autre grande énigme tenait dans les choix de casting audacieux opérés par la production, Fred Testot en tête, davantage connu pour son humour que pour sa capacité à tenir un drame. L’acteur met une bonne volonté évidente et donne tout ce qu’il a dans le coffre pour son rôle ô combien délicat et exigeant. Malheureusement, il se retrouvera vite confronté aux limites de son jeu. Difficile après autant d’années passées à faire rire sur Canal+, de se débarrasser d’une image et d’une façon de jouer. Excellent au théâtre dans la reprise d’Un Singe en Hiver où sa grandiloquence verbale collait bien alors qu’il passait derrière rien de moins que Belmondo, le comédien n’aura rarement eu l’occasion de briller dans des rôles plus dramatiques. Ici, il peine à rendre la pleine terreur imposée par son personnage malgré tous ses efforts sincères et le cœur mis à l’ouvrage. Si Marc Lavoine semble plus en roues libres qu’autre chose, exécutant sans éblouir, on notera en revanche l’excellente prestation d’un Sam Karmann qui parvient à transcender un second rôle d’appui pour en faire l’un des meilleurs personnages du récit. Au centre de l’histoire, Odile Vuillemin se révèle par moments aussi excellente de fragilité, qu’appelée par le surjeu de temps à autre.
Ambitieux dans sa démarche, L’Emprise est un téléfilm-évènement qui fait mouche et atteint une bonne partie de ses objectifs. Décrypter, révolter, rendre compte de la violence extrême de ces engrenages infernaux, émouvoir sans trop en faire, le film de Claude-Michel Rome n’est pas parfait mais il a du mérite dans le contexte de production télévisuel hexagonal et s’applique à ne pas trop lisser son sujet et à l’aborder à bras le corps, sans trop de concessions. Un pari plutôt réussi pour un téléfilm difficile, narrativement bien construit et équilibré.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
quelle estle nom de la chanson de la bande annonce l’emprise ???
Nous nous renseignons et te tenons au courant.
Le titre de cette chanson est « The sounds of silence ».