Aujourd’hui, on a du mal à imaginer Harry Potter autrement que sous les traits de Daniel Radcliffe. On a du mal à imaginer Hermione sans la moue d’Emma Watson et ça n’a pas été tout de suite évident de s’habituer au changement d’acteur pour Dumbledore à la mort de Richard Harris en 2002. Si les livres sont des succès planétaires, les films Harry Potter sont eux aussi très ancrés dans l’imaginaire collectif tels qu’on les connaît. Parmi l’immense galerie de personnages secondaires que beaucoup adorent dans la saga, il y a Hagrid, le semi-géant gardien/paysagiste de Poudlard. En gros, une sorte de concierge amélioré. Un personnage que l’on connaît tous avec la trogne du massif Robbie Coltrane. Et s’il en avait été autrement ? Et si cela avait été Robin Williams ?
Remontons au début des années 2000. Steven Spielberg rêve de porter à l’écran Harry Potter. Le cinéaste se lance dans la bataille mais un problème de taille va se poser sur sa route : J.K. Rowling. L’écrivaine superstar (et super-riche) veut garder le contrôle sur son bébé, y compris son adaptation cinématographique. Spielberg avait une seule et unique envie, que l’apprenti sorcier soit joué par Joel Haley Osment. Sauf qu’à l’autre bout du fil, J.K. Rowling exige que l’acteur soit anglais. Non négociable. Osment étant américain, Spielberg abandonne et file faire Intelligence Artificielle avec son petit protégé. L’inconnu Daniel Radcliffe (entrevu dans Le Tailleur de Panama de John Boorman) rafle la mise au nez et à la barbe de milliers de postulants. Côté mise en scène, c’est une autre agitation. Les noms défilent, de Robert Zemeckis à Ivan Reitman, en passant par M. Night Shyamalan, Alan Parker, Rob Reiner ou encore Terry Gilliam, le coup de cœur de Rowling. Mais ce dernier ne parviendra pas à s’entendre avec la production sur les choix artistiques. L’heureux gagnant sera finalement Chris Columbus, qui s’y connaît bien en films familiaux après avoir fait, entre autres, Maman, j’ai raté l’avion ou Madame Doubtfire. Et justement, voilà qu’on en arrive à Robin Williams…
Le comédien avait une envie folle d’être dans Harry Potter et il s’était empressé d’appeler son ami Chris Columbus pour le convaincre de le prendre. Il n’a pas eu besoin d’essayer bien longtemps, Chris Columbus aurait adoré embaucher son vieil ami. Malheureusement, J.K. Rowling avait pris soin de blinder son contrat de cession des droits, stipulant notamment que le casting ne serait composé que d’acteurs anglais. Pas seulement le rôle de Potter (qui venait de mettre hors piste Osment et Spielberg), mais l’intégralité du casting ! Cette petite ligne de contrat allait donc fermer irrémédiablement la porte de la saga à Robin Williams, natif de Chicago, et qui visait précisément le rôle… du barbu Hagrid. Si l’on a beau aimer Robbie Coltrane, reste que l’on aurait quand même été très curieux d’y voir le regretté Robin. L’acteur adulé de tous a donc rejoint la très (très très) longue liste d’acteurs et actrices qui « auraient pu » jouer dans Potter, liste où l’on retrouve des noms tels que Hugh Grant, Kate Winslet, Tim Roth, Naomi Watts, Tilda Swinton, Rosamund Pike…
Pour plus les curieux, Hugh Grant aurait pu jouer Gilderoy Lockhart à la place de Kenneth Branagh, et on avait proposé le rôle de Sybille Trelawney à Tilda Swinton avant Emma Thompson. Mais les deux ont dû refuser pour un conflit d’agenda. Tim Roth a décliné le costume de Severus Rogue, et l’a regretté par la suite, reconnaissant toutefois que « la bonne bonne personne avait eu le rôle » en signe d’admiration et de respect pour la classe et le talent d’Alan Rickman. Pour Naomi Watts, merci à son agent qui a jugé le rôle proposé trop mineur pour elle (la mère de Drago Malefoy). Idem pour Rosamund Pike mais là, ce n’était pas son agent mais elle-même qui refusa. Le rôle de la journaliste doucement barrée Rita Skeeter n’était pas assez « important » à ses yeux et de surcroît, la miss Rosamund ne voulait pas s’engager sur plusieurs films. Enfin concernant Kate Winslet, elle n’avait pas donné suite en 2004 pour incarner la sorcière française Fleur Delacour (finalement jouée par Clémence Poésy) et rebelote en 2011 quand on lui a offert Helena « la Dame Grise » Serdaigle (finalement incarnée par Kelly Macdonald). Cette fois, comme pour Naomi Watts, c’est son agent qui a jugé le rôle trop petit pour sa star, disant qu’elle n’avait pas le temps pour ce type de prestation anecdotique. Kate Winslet a par la suite fait part de ses regrets car… elle aurait bien aimé le faire. Ballot.