Les Dix Commandements est sans aucun doute l’un des péplums bibliques les plus célèbres de toute l’histoire du cinéma. À l’époque en 1956, le film de Cecil B. DeMille avec Charlton Heston connut un engouement mondial malgré sa durée imposante (3h40) avec plus de 122 millions de dollars de recettes dans le monde pour un budget de seulement 13 M€ (somme néanmoins colossale pour le Hollywood des années 50). En France, plus de 14 millions de spectateurs se ruèrent en salles pour voir l’odyssée de Moïse. En 2019, Les Dix Commandements pointait encore à la 8eme place du box office de tous les temps si l’on prenait en compte l’inflation. Bref, quelques chiffres qui donne une vague idée du triomphe que fût le film produit par la Paramount Pictures.
Mais comme souvent, qui dit film démesurément gigantesque, dit tournage compliqué. Les Dix Commandements n’aura pas échappé à la règle. La production fut hors norme, pour l’époque mais encore vu aujourd’hui. De la Californie à l’Égypte, elle nécessita plus de 1200 storyboard, 10.000 figurants et quelques 100.000 accessoires. Nombre de scènes ont également requis des trucages complexes… du moins sur le papier. Parmi elles, tout le passage illustrant les sept plaies qui frappent l’Égypte quand Moïse veut faire entendre la voix de son Dieu. Sans les technologies d’aujourd’hui (où n’importe qui aurait eu recours aux effets spéciaux numériques à gogo), il a fallu ruser, être imaginatif. Et l’équipe l’a été quand il a du notamment mettre en boîte la scène où un déluge de grêle divin s’abat sur la ville. Balancer de vrais glaçons aurait été impossible, tant à cause de la chaleur dans le studio que pour des raisons de sécurité. On imagine mal la production valider l’idée de balancer des morceaux de glace sur la poire des comédiens. Déjà que l’inquiétude régnait autour de Cecil B. DeMille, victime d’un infarctus en plein tournage et qui est revenu sur le plateau seulement deux jours après contre l’avis des médecins… Bref, le salut s’est incarné dans… le pop-corn ! Bien souvent au cinéma, les trucages les plus complexes se règlent avec les solutions les plus simples (et parfois fort amusantes). Pour simuler la grêle, l’équipe a donc eu l’idée de jeter du pop-corn en pagaille sur le plateau, le feu et le son ayant été rajoutés après coup. L’avantage du pop-corn dixit DeMille, c’est que c’était très léger et ça ne risquait pas de blesser ce bon vieux Yul Brynner. Du pop-corn dans le film, du pop-corn devant le film, la boucle a été bouclée !
Pour le reste, la scène où Moïse transforme l’eau du fleuve en sang a été réalisée avec de bons vieux tuyaux balançant de l’eau teintée en rouge. Tout simplement. Et la fameuse séquence culte où le leader du peuple d’Israël sépare la Mer Rouge en deux (trucage balèze), il a fallu superposer plusieurs images les unes sur les autres. Au milieu, l’une d’elles montrait des réservoirs d’eau qui se déversaient dans les studios de la Paramount. Un petit coup de lecture en arrière ensuite et hop, le tour était joué. L’eau qui se déversait devenait une eau… qui remontait. Moralité, avant que les effets spéciaux ne rendent tout presque « trop facile », on se creusait la tête pour trouver des solutions aux défis. Et c’était bien sympa !