Le cinéma est un art. Certes. Mais le cinéma c’est aussi -et surtout- du fric. C’est un fait, sans argent, on ne fait pas de films. Certains font avec peu, d’autres font avec beaucoup. Certains font des merveilles avec des bouts de ficelles, d’autres sont capables d’engloutir des sommes folles pour différentes raisons. Parce que le casting est gigantesquement onéreux (coucou Marvel), parce qu’il y a 72 effets spéciaux à la seconde, parce qu’il y un travail de reconstitution historique qui réclame pas mal de billets, parce qu’il y a un dépassement monumental du temps de tournage ou… cochez la case « autre ». Et dans la case « autre », on peut trouver ces films qui ont une scène qui a coûté excessivement cher. Un plan de quelques secondes, une scène ou une séquence de quelques minutes. Justement, petit tour d’horizon de ces scènes qui ont coûté une blinde pour des raisons diverses et variées.
La scène la plus emblématique, et probablement l’une des plus chères de l’histoire du cinéma si l’on se réfère au ratio coût/temps à l’écran, est à aller chercher dans Vanilla Sky, le remake américain de l’espagnol Ouvre les yeux avec Tom Cruise. La scène d’ouverture imagine un New-York entièrement vide. Pour se faire, il a fallu bloquer Time Square et les rues attenantes. Rien que ça. La mairie new-yorkaise a accepté exceptionnellement l’idée de bloquer l’un des points les plus touristiques de la ville, mais le coût du passage a grimpé à 1.5 millions de dollars pour seulement 30 secondes à l’écran ! Le passage est souvent cité en exemple comme « la scène la plus chère » mais il est loin d’être le seul.
Restons dans un New-York vide en évoquant le Je suis une Légende de Francis Lawrence avec Will Smith. La scène en flashback montrant l’évacuation de New-York et l’explosion du pont de Brooklyn a nécessité six nuits de tournage, plus de 1000 figurants, 150 gardes nationaux et l’accord de multiples institutions. Bilan, 5 millions de dollars pour 4 minutes de film.
Onéreux aussi, la célébrissime séquence de la course de chars dans le classique Ben-Hur de William Wyler. 4 millions de dollars pour un passage de 9 minutes. Converti en dollars d’aujourd’hui, ça ferait… 34 M$ ! Il faut dire qu’il a fallu le concours de 750 ouvriers pour construire les arènes et que le tournage de ce seul passage a duré 10 semaines.
Et parlons James Bond un peu, avec le Spectre de Sam Mendes. La production a détruit pour 32 millions de bagnoles dont sept Aston Martin, notamment pour la séquence de la course-poursuite dans Rome. A cela s’ajoute l’explosion finale de la base du méchant au Maroc qui est entrée dans le Guinness Book, considérée comme la plus grosse explosion de l’histoire du cinéma. 8418 litres de kérosène, 33 kilos de poudre explosive. Résultat, le budget du film est monté à 245 M$.
Côté franchise, Matrix n’est pas en reste. Sur Matrix Reloaded, les Wachowski n’ont pas trouvé d’autoroute capable d’accueillir le tournage de l’indispensable scène d’action centrale. Pas de problème, on a fait construire une autoroute de 3 kilomètres sur une ancienne base navale en Californie. Une autoroute à… 2.5 millions ! Sans compter que la séquence a nécessité un an de préparation, plus de six semaines de tournage et 300 véhicules détruits. Bon, cela dit, le morceau de bravoure dure 26 minutes à l’écran. C’est rentabilisé.
Et la palme revient à Superman Returns. Non pas que le film puisse se vanter d’avoir la ou l’une des scènes les plus chères mais parce que l’ironie du truc la plante en modèle du genre. Bryan Singer a dépensé 10 millions de dollars sur son budget évalué à 223 millions pour son passage imaginant la planète Krypton d’où vient Superman. Sauf que la scène a été coupée au montage, ce qui en fait la scène non utilisée la plus chère de tous les temps.
Petite mention enfin à Le Mécano de la General, le film de Buster Keaton. L’une des plus célèbres scènes du film associe 500 cavaliers et l’effondrement d’un pont au passage d’un train. Comme on s’en doute, il n’y avait pas d’effets spéciaux au temps du cinéma muet et Buster Keaton a mis ça en boîte pour de vrai. Le pont qui s’écroule, le train qui s’écrase en bas, les centaines de figurants… A l’arrivée, le passage a coûté 42.000$. Ca peut paraître dérisoire dit comme ça mais on était en 1926 et 42.000 dollars en 1926, c’était énorme et du jamais vu. Si l’on devait comparer avec le dollar de 2023, on serait au-delà des 700.000 dollars.
En vrac…
Le super-nanar Speed 2 avec Sandra Bullock et Jason Patric a coûté la bagatelle de 160 millions en 1997, ce qui correspondrait aujourd’hui à 260 millions de dollars en prenant en compte l’inflation. Pourquoi autant alors que le premier n’avait coûté que 30 M$ ? En partie à cause de sa scène finale où un super-paquebot vient s’encastrer dans le port de Saint-Martin. La construction d’une réplique d’un bateau de 300 tonnes et le tournage du passage ont coûté 25 millions… soit 1/6ème du budget !
La séquence du débarquement dans Il Faut Sauver le Soldat Ryan a coûté pas moins de 12 millions, ce qui en fait l’une des scènes de bataille les plus chères de l’histoire, loin devant celles du Seigneur des Anneaux par exemple. Mais bon, on l’excuse, elle dure 25 minutes.
Pearl Harbor de Michael Bay. La scène du bombardement a été réalisée sans effets spéciaux avec de vieux bateaux inutilisés de la Navy qui ont pété à coup d’essence et de dynamite. Coût : 5,5 millions.
Cliffangher. Oui, oui, le film de montagne avec Stallone. Vous ne voyez pas ce qui a pu coûter cher là-dedans ? Très simple, le film de Renny Harlin peut se targuer d’avoir l’une des cascades les plus chères de l’histoire. Dans une scène, un méchant saute d’un avion à un autre avec une tyrolienne à plusieurs centaines de mètres du sol. Un vrai cascadeur (Simon Crane) s’y est collé. Problème, aucune compagnie d’assurance n’a voulu assurer la chose. Les dix petites secondes de ce saut ont coûté 1 million, la somme empochée par Simon Crane pour mettre sa vie en danger.
Et sinon, puisqu’on y est, quel est le film le plus cher de l’histoire du cinéma ? Généralement, il est de coutume de citer Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence dont le budget s’est envolé aux alentours de 378 millions de dollars ! Quand on voit le résultat, on aurait presque envie de dire « tout ça pour ça ». La réalité est cependant plus nuancée. Selon certains historiens, le film le plus cher de l’histoire ne serait en rien le blockbuster américain mais un film soviétique, l’adaptation de Guerre et Paix par Sergey Bondarchuk en 1967. En pleine contexte de guerre froide, l’URSS aurait voulu prouver à l’ennemi américain qu’il était capable de faire aussi bien qu’Hollywood en réponse à la version de King Vidor sortie en 1956. Divisé en 4 parties et d’une durée totale de 8 heures, le film aurait eu carte blanche et un budget quasi illimité pour impressionner. Résultat, un tournage de 4 ans, des scènes de bataille avec 120.000 figurants, des caméras spéciales créées exprès, un format en 70 mm… Et un budget qui serait monté à près de 800 millions !
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