Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Oz : The Great and Powerful
Père : Sam Raimi
Livret de famille : James Franco (Oscar Diggs), Mila Kunis (Theodora), Rachel Weisz (Evanora), Michelle Williams (Glinda), Zach Braff (Frank), Joey King (la fillette en porcelaine), Tony Cox (Knuck), Bruce Campbell (le chef des Winkies), Abigail Spencer (May), Ted Raimi (Tinker)…
Date de naissance : 2013 / Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 2h07 – 200 millions $
Signes particuliers (+) : Un film plein de magie et de merveilleux auquel Raimi apporte tout son savoir-faire pour transporter, nous faire s’évader loin des murs de la salle de cinéma. Un bel hommage au pouvoir rêveur du 7ème art.
Signes particuliers (-) : Le scénario aurait pu gagner en densité.
RÉVEILLEZ L’ÂME D’ENFANT QUI SOMMEILLE EN VOUS
Résumé : Oscar Diggs, un illusionniste charlatan de fête foraine, est contraint de s’enfuir en catastrophe de la dernière foire où il joue ses tours pour éviter des ennuis. Grimpant dans une montgolfière, il va essuyer une tempête et une tornade afin d’atterrir dans le mystérieux et magique pays d’Oz. Le début d’une folle aventure où Oscar va se retrouver au milieu d’un conflit entre les habitants d’Oz et une ténébreuse sorcière…
Même si pour beaucoup Sam Raimi restera ad vitam eternam l’un des maîtres de l’horreur grâce à sa saga culte des Evil Dead, le cinéaste américain a déjà su, par le passé, montrer qu’il était multifonction, déjouant tous les pronostics qui le donnait perdant d’avance pour briller dans d’autres genre avec grâce et talent. Mort ou Vif, pour le western (qui s’est bonifié avec le temps) puis surtout Un Plan Simple pour le thriller, furent des arguments de taille montrant l’aisance du bonhomme dans des genres où on ne l’attendait pas forcément. Puis, début 2000, la consécration « grand public » avec la trilogie Spiderman, sommet du cinéma de super héros où Raimi virevolte tant avec le cœur des fans qu’avec les cimes du box office. Après un petit passage par la maison (l’horreur à petit budget) et le jubilatoire Jusqu’en Enfer, Raimi est de retour au gros blockbuster avec une nouvelle version de la féérique histoire du magicien d’Oz. Raimi dans le conte fantastique d’aventures ? Pourquoi pas, après tout, avec lui, on sait désormais que l’on peut s’attendre à toutes les réussites, peu importe le registre. Seule crainte, l’ombre ténébreuse qui plane sur son projet, celle du douloureux souvenir du récent Alice au Pays des Merveilles, la purge hideuse de Tim Burton.
Plutôt que de se lancer dans une nouvelle version du classique si bien transposé à l’écran en 1938 par Victor Fleming (avec Judy Garland), Sam Raimi préfère orienter son film dans une autre direction tout ne gardant le roman de L. Frank Baum en ligne de mire. Décryptant le célèbre best seller, Raimi décide alors de se focaliser sur le personnage du fameux magicien plutôt que sur la petite Dorothy et de s’attacher à son passé. En cela, Le Fantastique Monde d’Oz, grosse machine à 200 millions de dollars, mettra les moyens pour matérialiser l’histoire d’un charlatan devenu mythique en son nouveau royaume. Et le film de se poser comme une préquelle au roman de Baum (et au film) revenant aux origines de ce personnage auquel le génial James Franco (l’un des tous meilleurs acteurs de sa génération) prêtera ses traits (un choix nettement plus réjouissant que les Robert Downey Jr, malgré le respect que l’on a pour son talent, ou Johnny Depp un temps envisagés). Autour de lui, les « princesses » d’Hollywood se bousculent pour interpréter un trio de sorcières, Mila Kunis, Michelle Williams et Rachel Weisz, trois sœurs dotées de pouvoirs et régissant le magnifique pays d’Oz, pris dans des querelles que l’on va découvrir et au beau milieu desquelles va tomber notre personnage à la moralité douteuse mais au fond de lui, d’une grande générosité.
Vous l’aurez deviné, Le Fantastique Monde d’Oz est un vrai conte, une aventure agrémentée d’une âme d’enfant des plus délicieuses qui nous plonge dans un univers magique fait de créatures, belles, douces ou monstrueuses et terrifiantes, fait de magie blanche ou noire, d’illusions, de péripéties mais surtout d’humour et de douceur avec une pointe de drame vite effacé par le poids de l’envoutant pouvoir du cinéma qui a ce don inégalé pour nous transporter loin de notre fauteuil. Faut-il encore que les films soient réussis pour cela et Sam Raimi tape juste dans sa tentative à l’imaginaire plein de tendresse et de beauté.
Le cinéaste n’en est plus à une idée créative pour transformer ce qui aurait pu n’être qu’un blockbuster fade et indigeste (style le Alice de Burton) en un ravissant moment de joie et d’allégresse cinématographique. S’ouvrant en noir et blanc et en son mono dans un univers forain qui nous introduit Oscar Diggs, illusionniste charlatan dans un monde difficile et impitoyable appelant à la ruse pour survivre, le récit ne va pas tarder à rapidement nous conduire dans son second univers, en couleurs et en 3D, le pays d’Oz, où l’ingéniosité roublarde d’Oscar va devoir faire face à la sorcellerie et à la toute puissante magie. Comment le « magicien d’Oz » est arrivé au pays d’Oz, comment est-il devenu ce que l’on en connaît dans le roman et le film, Sam Raimi va répondre à toutes ces interrogations que l’on pouvait se poser par une histoire incroyable et rocambolesque, scénarisée par Mitchell Kapner (Mon Voisin le Tueur 1 et 2, Roméo doit Mourir ou Into the Blue 2… soit que du pas très bon) et David Lindsay-Abaire (l’animé acclamé Les Cinq Légendes).
En chef d’orchestre de tout ça, Sam Raimi va réussir à merveille à convoquer le merveilleux, appelant à lui la magie du cinéma pour une belle épopée ravivant notre âme d’enfant. Le pays d’Oz déploie toute sa beauté imaginaire, les personnages qui vont croiser la route du héros sont instantanément attachants (la petite fille en porcelaine, le singe rusé, la belle sorcière blanche Glinda) et tout ce qu’avait raté Burton sur son Alice fonctionne ici avec Raimi. La traversée de la forêt noire ténébreuse réserve son lot de frissons gentillets, les envolées en montgolfière nous soulève de notre fauteuil pour dominer la salle, les batailles et plus particulièrement LA bataille n’ont de magique pas que le sujet mais également la grâce avec laquelle Raimi capte et compose ses images pour un spectacle qui plaira aux petits (pas trop petits quand même – les créatures peuvent faire peur aux plus jeunes bambins) comme aux grands.
Spectacle magistral dominé par l’excellente composition d’un James Franco une fois de plus hilarant et à son aise dans tous les univers, qu’il soit coincé à cause d’un rocher comprimant son bras ou coursier à vélo dans New York, qu’il soit scientifique transformant la condition des singes ou le Harry Osborn de Spiderman (et oui, Sam Raimi et lui, c’est déjà une longue histoire), Le Fantastique Monde d’Oz a pour seul défaut de rester globalement au même niveau sans jamais trop progresser en intensité. Mais le résultat, féérique et enlevé est déjà largement suffisant pour satisfaire nos envies et nous combler de bonheur devant un divertissement plein de gentillesse, de tendresse et de douceur, doublé d’un remarquable hommage au cinéma auquel Raimi clame son amour comme Scorsese a pu le faire avec son Hugo Cabret. Il cite notamment, régulièrement et discrètement, le film de Fleming, dont il est un inconditionnel, et cette introduction passant par tous les stades techniques (noir et blanc mono, couleurs kitsch technicolor, couleurs moderne, 3D) ne manquera pas de nous rappeler à quel point le cinéma a changé sans pour autant ne jamais avoir perdu de son pouvoir magique pour transporter et faire rêver. Bravo M’sieur Raimi !
Bande-annonce :
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