Carte d’identité :
Nom : Ba Bai
Père : Hu Guan
Date de naissance : 2020
Majorité : 28 avril 2021
Type : sortie Blu-ray/DVD
Nationalité : USA
Taille : 2h29 / Poids : NC
Genre : Guerre, Action
Livret de Famille : Zhi-Zhong Huang, Wu Jiang, Chun Du…
Signes particuliers : Spectaculaire, confus, dément, trop long.
LE FILM SUPERSTAR DU BOX OFFICE CHINOIS
NOTRE AVIS SUR LA BRIGADE DES 800
Synopsis : 1937 : Shanghaï est encerclé par l’armée japonaise.Huit cents soldats chinois se sont retranchés dans un entrepôt en plein coeur de la ville, et refusent d’abandonner la position. Commence alors le combat de leur vie, eux qui devinrent les héros d’une nation…
La Chine regorge d’histoires à raconter pour mettre en valeur l’héroïsme national dans des blockbusters patriotiquement complaisants. Cette fois, c’est celle des légendaires 800 qui est mise à l’honneur. Petit point d’histoire rapide. En 1937, Shanghai est encerclé par l’armée japonaise. 800 soldats se réfugient dans un entrepôt au centre de la ville. De là, ils vont lutter jusqu’au bout du bout contre l’envahisseur. Leur sacrifice permettra à l’armée et au peuple chinois de gagner du temps pour fuir. L’entrepôt, situé juste en face des concessions étrangères de la ville, placera les puissances occidentales dans un fauteuil de premières spectatrices impuissantes d’un affrontement impitoyable.
Certes la pandémie a aidé en repoussant la majorité des gros blockbusters américains mais quand même… Pour la première fois depuis des années, un film chinois a remporté la bataille du box office dans l’Empire du Milieu. Réalisé par Hu Guan, La Brigade des 800 est sans aucun doute le plus gros blockbuster que la Chine ait connu. 2h30 de spectacle équipe, le tout filmé en IMAX pour un budget record de plus de 80 millions de dollars. Le paquet a été mis et une chose est sûre, on ne peut nier qu’on le retrouve à l’écran.
D’un bout à l’autre, La Brigade des 800 impose un spectacle aussi massif que dantesque, au point d’en être parfois épuisant. A l’image même de ce qu’il raconte. La défense de l’entrepôt de Sihang, c’était des vagues d’assauts successives menées par l’armée japonaise contre un groupe de David face à ce Goliath surpuissant (en armement comme en nombre). Passée une attaque essuyée, les retranchés n’avaient qu’un bref temps de repos pour s’organiser avant que ça ne revienne, en plus fort. Le film de Hu Guan fonctionne sur le même principe. Les accalmies sont ici résumées en quelques minutes tentant la carte de l’intimisme pour nous attacher aux très nombreux protagonistes et ainsi faire naître de l’émotion. Puis ça repart, encore et encore, entre attaques, fusillades, explosions, empoignades, tentatives désespérées… La peur, la lassitude, l’épuisement, le sentiment de résilience, le courage, Hu Guan tente de tout capter avec ses caméras, au risque de s’y perdre.
Visuellement, le film est une apothéose de virtuosité avec des séquences de combat absolument sensationnelles, parmi les plus dingues que le cinéma de guerre ait pu offrir ces dernières années. Si Hu Guan n’avait pas été si gourmand, on aurait pu tenir un pur chef d’œuvre du genre. Malheureusement, le cinéaste a voulu tout traiter, tous les points de vue, tous les sujets, conjuguer l’épique et l’intime, donner un micro-temps à tous les personnages, évoquer l’aspect géopolitique, filmer les combats harassants… sur 2h30. Et La Brigade des 800 de finir par ressembler à un gros pavé indigeste pas toujours très intelligible tant la vitesse d’exécution se révèle indomptable avec la masse d’informations et la durée proposée. On finit par décrocher d’un blockbuster qui fonctionne comme un entonnoir placé dans une bouche d’un torturé. Le rythme non-stop incessant, justifié certes mais déjà pas facile à appréhender, finit par s’entrechoquer avec les moments de pause qui veulent profiter du « calme » de l’action pour balancer quantité de choses. Ultra-spectaculaire, ultra-patriotique aussi, La Brigade des 800 aurait pu être bien meilleur s’il avait su se discipliner un peu dans l’écriture au lieu de tant verser dans la surenchère exténuante et confusante. Ou, à l’opposé, s’il avait pris le temps pour devenir un vrai film fleuve de 4 heures (voire une mini-série).
Par Nicolas Rieux