Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Der Anständige
Pères : Vanessa Lapa
Date de naissance : 2014
Majorité : 14 janvier 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Autriche, Allemagne, Israël,
Taille : 1h36 / Poids : NC
Genre : Documentaire
Livret de famille : Heinrich Himmler (lui-même), Tobias Moretti, Sophie Rois, Pauline Knof…
Signes particuliers : Un documentaire passionnant, fort d’une nouvelle approche de l’un des hommes forts du régime nazi.
IL SE DÉFINISSAIT COMME UN « HOMME DÉCENT »…
LA CRITIQUE
Résumé : Le 6 mai 1945, des soldats de l’armée américaine investissent la maison de Himmler, à Gmund en Allemagne. Ils y découvrent des centaines de lettres personnelles, de journaux intimes et de photos. Le film s’est basé sur ces documents pour esquisser sa biographie et révéler l’état d’esprit, les plans et les secrets du Reichsführer SS, architecte de la Solution Finale: Heinrich Himmler. Comment ce jeune bourgeois catholique, nationaliste de la classe moyenne, est-il devenu le bras droit d’Hitler responsable de la mort de millions de Juifs, d’homosexuels, de Communistes et de Roms? Comment est né son idéologie? Comment se voyait-il et comment était-il perçu par sa femme Margerete, sa fille Gudrun et sa maîtresse Hedwig? Comment un homme qui se référait souvent aux soi-disant vertus germaniques telles que l’ordre, la correction et le respect, pouvait-il écrire à sa femme en pleine guerre et durant l’Holocauste : “Malgré toute cette charge de travail, je suis en forme et je dors très bien.” ? Comment un homme peut -il se voir comme un héros et être aux yeux du monde un meurtrier de masse ? L’INTRO :
700 documents dont près de 300 lettres issues d’une correspondance avec sa première femme, des documents personnels laissés dormants sous un lit pendant 60 ans, sept ans de travail pour regrouper un corpus titanesque, la participation de la petite-nièce d’Himmler… Le travail de la réalisatrice Vanessa Lapa n’aura pas été simple pour matérialiser son projet de documentaire baptisé Heinrich Himmler – The Descent One, récit de la vie du tristement célèbre responsable nazi, qui s’auto-considérait comme un homme « décent », d’où le titre de ce travail historique impressionnant. Un travail harassant finalement récompensé dans de nombreux festivals, Jérusalem, Berlin, Venise, New York ou encore Paris et Los Angeles.L’AVIS :
On aura beau lire, écouter, apprendre, réapprendre, fouiller, le mystère du nazisme et ses terrifiantes dérives restera sans doute à jamais insondable pour le commun des mortels. Comment l’homme a pu procéder à de telles exactions sur l’homme ? Comment, pourquoi, une telle horreur dépassant l’entendement ? Comment une telle barbarie a pu éclabousser et salir la face du monde ? Si Heinrich Himmler – The Descent One ne viendra pas résoudre définitivement des questions qui resteront à jamais en suspens tant elles appartiennent à un registre de l’abstraitement inconcevable, le travail de Vanessa Lapa nous apporte un regard nouvellement éclairé en s’immisçant dans l’intimité de l’un des « hommes forts » du régime hitlérien.En pénétrant ainsi dans les conversations personnelles d’Himmler, la réalisatrice dessine le portrait troublant d’un homme apparaissant tour à tour bienveillant et monstrueux, révolutionnaire et réactionnaire, ordinaire et tragiquement extraordinaire. Himmler incarnait la quintessence de l’homme aveuglé, dont les convictions l’ont amené sur le pire des chemins jamais entrepris par l’être humain. Le parti pris formel et narratif du documentaire de Vanessa Lapa, juxtaposant ces lettres lues par des comédiens sur des documents d’archives inédits et fruit d’un travail minutieux et impressionnant, est aussi remarquable que passionnant, et sort des sentiers balisés du scolaire pour livrer une approche plus intimiste de son sujet. On aura beau eu avoir affaire à de nombreux documentaires sur le nazisme et ses principaux instigateurs, force est d’avouer que Heinrich Himmler – The Descent One affiche une différence et une originalité qui le démarque et le rend d’autant plus captivant. Effrayant aussi. A voir !
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux