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GODZILLA MINUS ONE : test Blu-ray et critique du film

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Spectateurs

 

Nom : Godzilla Minus One
Père : Takashi Yamazaki
Date de naissance : 04 décembre 2024
Type : sortie Blu-ray/DVD
Nationalité : Japon
Taille : 2h04 / Poids : NC
Genre : Fantastique

Livret de Famille : Ryûnosuke KamikiMinami HamabeYûki Yamada

Signes particuliers : L’un des meilleurs « blockbusters » de l’année. 

Synopsis : Le Japon se remet à grand peine de la Seconde Guerre mondiale qu’un péril gigantesque émerge au large de Tokyo. Koichi, un kamikaze déserteur traumatisé par sa première confrontation avec Godzilla, voit là l’occasion de racheter sa conduite pendant la guerre.

LE RETOUR DU ROI !

NOTRE AVIS SUR GODZILLA MINUS ONE

Le Roi des Kaiju est de retour au cinéma dans sa meilleure version. Après avoir laissé les ricains faire mumuse avec plusieurs pitreries hollywoodiennes qui ne lui ont pas rendu justice (Godzilla II, les Godzilla vs Kong), les japonais tapent du poing sur la table et remettent leur super-monstre sur pieds avec un blockbuster fantastique, de loin le meilleur film consacré au colosse Godzilla depuis bien longtemps. Réalisé par Takashi Yamazaki (l’excellent Lupin III), Minus One a connu une distribution étonnante et furtive, deux jours à l’affiche en décembre dernier dans certaines salles spécifiques. Une nouvelle méthode de distribution événementielle frustrante pour beaucoup, mais qui s’est avéré payante avec un beau succès à la clé et une hype qui a grimpé en flèche. Ce qui est rare est précieux dit-on. Pour répondre justement à la frustration d’un public pris de court, Godzilla Minus One ressort de nouveau en salles en ce mois de janvier, cette fois pour deux semaines (du 17 au 31 janvier). L’occasion de rattraper l’un des meilleurs blockbusters de l’année 2023… et probablement de 2024 !

Le mythe de Godzilla a été retourné dans tous les sens depuis sa création en 1954. Minus One ambitionnait de rebooter l’histoire du dino-lézard atomique en respectant tous les fondamentaux présents lors de sa naissance dans le film d’Ishiro Honda, y compris son look ! Hasard du calendrier, le film de Takashi Yamazaki a surgi au même moment que la bande-annonce du prochain Godzilla x Kong : The New Empire. Le choc entre les deux interprétations du Roi des Monstres n’en a été que plus criant. D’un côté, il est un écrou participant à la mécanique d’un giga-divertissement neuneu dont l’abondance d’effets spéciaux n’est là que pour combler la vacuité du scénario. De l’autre, il est GODZILLA en lettres majuscules, cette incarnation crainte et respectée d’une page d’histoire que les japonais ne peuvent et ne pourront jamais oublier. Dans le Japon post-deuxième guerre mondiale, les habitants tentent de se reconstruire après les ravages du feu nucléaire. Quand une nouvelle menace jaillit de la mer : un lézard géant irradié qui détruit tout sur son passage.

Tout reboot qu’il est, Minus One pourrait presque être perçu comme un remake modernisé tant il se reconnecte avec les origines, tant Yamazaki plonge dans le mythe avec nostalgie et amour de la culture godzillesque. Son Godzilla est ramené comme jamais à sa plus pure essence allégorique, une créature mythologique destructrice qui incarne les traumas d’une nation à terre, ravagée et écrasée par une abomination surpuissante, et qui tente de se relever, peinant tout de même à remettre un genou debout. Et alors que le monstre rôde, la peur gagne du terrain, terrorisant toute une population apeurée car sentant cette présence mortifère tapie comme une épée de Damoclès prête à refrapper ici ou ailleurs. C’est d’ailleurs pour cette illustration que le cinéaste s’octroie une différence notable d’avec l’original de 1954, son film ne se se situe pas dans les années 50 où le Japon commençait à essayer de digérer ses traumas, mais dans l’immédiate post-guerre, dès 1945-1946, quand le pays était encore accablé par le choc. Pas encore remis sur pieds, le Japon doit repartir en guerre en mobilisant des forces lasses et terrassées.

La principale force du film de Tamayaki est de parvenir à un équilibre de plus en plus rare dans le cinéma dit « spectacle ». Minus One conjugue le drame humain et le blockbuster spectaculaire. Quand le monstre est à l’écran, les scènes sont à la fois intenses et d’une force à couper le souffle. Quand il est absent, on sent sa présence et ce qu’elle inspire mais surtout, on voit évoluer de vrais personnages, construits, pensés, réels. Pas juste des ressorts ou des faire-valoir scénaristiques. A l’image d’un film qui en a dans le ventre, qui a des choses à raconter, qui ne se contente pas d’illustrer un bête spectacle sonnant creux en pensant que l’action et les SFX suffiront à alimenter le regard vide de ses spectateurs. Pour exemple, ce héros passionnant, pilote kamikaze qui traîne derrière lui la honte de n’avoir eu le courage de donner sa vie pour son pays. Rongé par la culpabilité d’avoir esquivé son devoir, il est désormais un lâche, de ceux que l’on accuse d’être responsable de la défaite. Sa trajectoire est poignante et Yamazaki s’attarde longuement sur la psychologie d’un anti-héros qui incarne à lui-seul le sentiment de honte et de peur qui gangrène tout un pays. Un homme qui a vu l’horreur de près et qui n’a rien pu faire (cf une séquence d’introduction géniale et qui donne le ton en nous présentant conjointement l’homme et le monstre dans une première rencontre terrifiante).

Mais s’il est une tragédie humaine profondément intelligente dans son écriture (qui au passage se drape d’un discours politique sur le Japon passé et présent), Godzilla Minus One n’en oublie pas d’impressionner en misant sur des scènes d’action placées avec parcimonie. Le trop est l’ennemi du bien et Yamazaki l’a compris. Plutôt que d’inonder son film de scènes « boum boum », le cinéaste ménage les apparitions de son monstre dans des morceaux de bravoure judicieusement choisis et dont l’impact est d’autant plus saisissant qu’elles sont bien réparties. Minus One a coûté 15 millions. Quand on voit le résultat, on ne peut s’empêcher de penser à l’indécence d’un Hollywood qui englouti des centaines de millions dans des productions incapables de se montrer si valeureuses, si généreuses, si belles, si cinématographiques. Chaque apparition de Big G est dantesque, avec en point d’orgue la destruction apocalyptique d’un quartier de Tokyo où émotions et peur se mêlent avec catastrophe et destruction. Une séquence hallucinante et mémorable, qui s’imposera comme l’un des plus grands moments de cinéma de l’année.

 

Film monumental qui rappelle ce qu’est vraiment Godzilla, à savoir un destructeur déshumanisé qui ravage tout sur son passage laissant cendres et ruines derrière lui -telle une certaine bombe tristement célèbre venue de loin pour anéantir- Minus One fait oublier tout ce que l’on a fait du mythe par la suite entre trahisons, dérives et conneries délirantes. Il fait aussi oublier tous ces looks hasardeux que l’on a connu, revenant à une apparence vintage et primaire. Extraordinaire, Godzilla Minus One pourrait bien prétendre au titre de blockbuster de l’année (il l’a déjà été pour certains l’an passé). Quelques toutes petites longueurs égratignent parfois son intensité mais rien de fondamentalement dommageable, le résultat reste ancré dans ce que le cinéma spectacle peut avoir de meilleur à proposer. C’est beau, intelligent, émouvant, furieux, grandiose.

 

LE TEST BLU-RAY

Si le film était déjà fantastique, quelle put*** d’édition que voilà ! On peut même pousser le bouchon jusqu’à dire que c’est l’édition Blu-ray la plus monumentale de l’année 2024. C’est simple, tout est parfait, du packaging au mastering du film, en passant par les suppléments qui l’accompagnent. Un chef-d’œuvre du genre. Disponible sous plusieurs formats (DVD, Blu-ray simple et édition collector 4K), c’est l’Édition Limitée Maxi Combo 4K qui nous a le plus séduit. Ok, le prix n’est pas donné (environ 80€) mais plus qu’une simple édition vidéo, c’est un véritable objet de collection que nous a pondu l’éditeur All The Anime. L’écrin est magnifique et renferme 4 galettes et un superbe livret.

Le film avait déjà une sacrée gueule en salles, il n’a rien perdu lors de son pressage en Blu-ray 4K. L’image est d’une définition ahurissante, on pourrait presque compter une à une les écailles du colosse Godzilla. Tourné en numérique, le film conserve toute sa saveur visuelle, son piqué et sa profondeur chromatique. En chipotant, on pourra toujours trouver que les passages de nuit sont un poil moins bien restitué que le reste mais c’est un détail à peine perceptible car même là, la conversion reste de haute volée. Et cela inclus les effets spéciaux qui souffrent parfois de l’Ultra-HD des Blu-ray 4K accentuant leur visibilité. Il n’en est (presque) rien ici. Côté son, la puissance et la qualité sonore est à la hauteur de l’image. En VO (ce qui nous intéresse car l’édition s’adresse à un public de cinéphiles qui n’aura probablement pas l’idée de se taper un film asiatique en VF), la piste japonaise nous balance la puissance d’un Dolby Atmos imparable. Mais outre la force du son, c’est le mixage et la spatialisation qui est à souligner. Parfaitement travaillé, le son se répartit à merveille sur les différentes enceintes, les grosses envolées sonores sont remarquablement équilibrées avec les effets, les moments dialogués ou la musique. Rien ne prend trop le pas sur rien et l’on n’est jamais obligé de jouer avec le volume pour pas déranger les voisins ou les gamins qui dorment. Et pour les moins bien équipés, le très bon travail se retrouve aussi si l’on coupe les enceintes pour regarder le film « normalement » avec un équipement plus minimal.
Les suppléments maintenant. 4 disques et un livre composent cette édition. Pour ce qui est des galettes, le Blu-ray simple, le Blu-ray 4K, le Blu-ray de Godzilla Minus Color et un disque de suppléments. A côté, un livre de 64 pages présentant le film et les personnages, donnant la parole à plusieurs membres de l’équipe et revenant sur les effets spéciaux qui ont menés le film jusqu’aux Oscars.
Concernant les disques Blu-ray, les deux premiers contiennent donc le film en version HD et UHD. Le troisième, Godzilla Minus One: Minus Color, reprend l’idée de Mad Max en proposant une version en noir et blanc. Cette version (formellement différente) permet d’appuyer les intentions artistiques d’un film qui cherchait à se reconnecter à l’essence du classique originel de Ishirō Honda sorti en 1954… soit il y a pile poil 70 ans. On y reviendra.
Godzilla Minus One / Minus Color
Viennent ensuite les suppléments. Et ils sont du genre « conséquents ». À commencer par un making of richissime puisqu’il tutoie presque la durée d’un film à lui-seul ! 1h48 au total, en immersion dans la production de ce 30ème Godzilla. Chapitré en trois parties, Les Dessous du Tournage revient d’abord minutieusement sur le tournage du film (67 minutes), puis sur les effets spéciaux tant salués (20 minutes), et enfin sur la genèse du projet qui coïncidait donc avec le 70ème anniversaire du lézard géant, d’où une légère pression face à la nécessité de bien faire les choses, à plus forte raison alors que les américains ont (une nouvelle fois) salopé le monstre culte avec leur saga débile Kong vs Godzilla. Passionnant, ce triptyque nous plonge complètement dans les coulisses du film. Deuxième supplément, Les Interviews avec le Réalisateur. Une série d’interviews/discussions réalisées à différents moments et dans lesquelles Takashi Yamazaki s’entretient avec différentes personnes comme Shinji Higushi ou Hideaki Anno (les co-réalisateurs de Shin Godzilla) ou Shūsuke Kaneko (réalisateur de Godzilla, Mothra et King Ghidorah). Ça parle d’inspirations, de collaborations, du projet, de vision respectueuse de Godzilla ou de la version noir et blanc du film. Enfin, Chroniques de la promotion japonaise revient sur la campagne promo du film entre avant-première mondiale au Japon, avant-première aux États-Unis, festivals et conférences de presse. Peut-être le bonus le moins passionnant car un poil trop long (plus d’une heure).
En bref, si vous cherchez le cadeau de Noël idéal pour un proche à la fibre cinéphile, vous serez sûr de ne pas vous tromper avec cette édition ultra-collector de Minus One.

 

 

Par Nicolas Rieux

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