Mondomètre
Carte d’identité :
Nom : Xi yan
Père : Ang Lee
Date de naissance : 1993
Majorité : 25 novembre 2015
Type : Sortie vidéo
(Éditeur : Carlotta Films)
Nationalité : USA
Taille : 1h48 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Winston Chao (Wai-Tung), May Chin (Wei-Wei), Mitchell Lichtenstein (Simon), Ah Lei Gu (Mme Gao), Long Sihung (Mr Gao), Dion Birney (Andrew)…
Signes particuliers : Retour sur les films des débuts de Ang Lee avec les films Garçon d’honneur et Sucré Salé, qui ressortent en Blu-ray et DVD chez Carlotta Films.
DRAME, COMÉDIE ET TOLÉRANCE
LA CRITIQUE
Résumé : Taïwanais naturalisé américain, Wei-Tong habite à New York avec son compagnon Simon. Ses parents, restés en Asie, ignorent son homosexualité et font tout pour lui trouver une femme. Simon a alors une idée : que Wei-Tong épouse Wei-Wei, sa locataire chinoise en quête d’une carte verte. C’est alors que les parents de Wei-Tong débarquent à New York pour le mariage…L’INTRO :
Garçon d’Honneur est l’un des films phares de la période chinoise d’Ang Lee, avant que ce dernier ne devienne le réalisateur à succès de gros films américains tels que Brokeback Mountain, Hulk (sic) ou L’Odyssée de Pi. En 1993, le cinéaste taïwanais signait son deuxième long-métrage, dans la foulée de l’inaugural Pushing Hands, qui avait connu les honneurs d’une sélection au festival de Berlin. Un second effort et un premier sacre international pour Ang Lee, dont cette seconde participation consécutive au réputé festival allemand, lui vaudra cette fois-ci l’Ours d’Or, avant de concourir aux Golden Globes et à l’Oscar du Meilleur film étranger. Brossant le portrait d’un jeune taïwanais immigré à New-York et essayant de cacher son homosexualité à ses parents très traditionalistes, Garçon d’Honneur est souvent présenté comme l’un des films pionniers ayant introduit cette thématique dans le difficile cinéma chinois, régi par un comité de censure assez strict à l’égard de la morale.L’AVIS :
C’est à mi-chemin entre le drame mélancolique et la comédie enlevée, qu’Ang Lee inscrit son Garçon d’Honneur. Sur un postulat de départ jouant dans la cour du vaudeville (un secret inavoué, une famille qui débarque, un quiproquo orchestré et des péripéties pour que la vérité ne soit pas révélée), le cinéaste signe une œuvre belle et délicate, s’amusant d’une idée dramatique autant qu’elle dramatise une idée potentiellement comique. Tapissé d’un doux message appelant à la tolérance en opposant les traditions passéistes à la modernité de la néo-société de l’époque, Garçon d’Honneur régale surtout par la finesse d’écriture de son personnage principal, sans cesse divisé entre ses deux visages, ses deux origines, ses deux cultures, ses deux univers, son être et son paraître. Wei-Tong est homosexuel et doit jouer les hétérosexuels, Wei-Tong est pris en étau entre devoir filial et volonté de s’affirmer, Wei-Tong est coincé entre poids des traditions et l’évolution de la société moderne, il est asiatique de culture et occidental dans le mode de vie… Subtil et intelligent, comme quand il s’infiltre entre les lignes pour montrer cette famille incapable de communiquer autrement que par le mensonge, Garçon d’Honneur est un film édifiant sur la (et les) différence(s), traité avec une humble et discrète virtuosité avant tout narrative.
L’ÉDITION BLU-RAY
Une bien belle édition que nous a (encore) concocté Carlotta Films. A commencer par le traitement réservé au film, qui s’affiche dans une image magnifique (nouveau master restauré HD) et un format 1:85 respecté. Côté son, un Dolby 2.0 bien restitué sur des pistes laissant le choix de la VO ou de la VF. On conseillera la VO, cela va sans dire.
Mais ce qui fera la différence, comme d’habitude avec Carlotta, c’est le soin apporté aux suppléments et à leur pertinence. Ils sont quatre au total, et tous de choix. D’abord, un premier sujet sur les débuts de la collaboration entre le cinéaste Ang Lee et le scénariste James Schamus, à cheval entre culture asiatique et new-yorkaise. Durant près de 24 minutes et à travers deux entretiens croisés, les artistes évoquent comment ils se sont rencontrés, comment ils sont devenus amis et comment ils ont commencé leur fructueuse collaboration (qui aura duré longtemps avec des succès tels que Tigre et Dragon ou Brokeback Mountain). L’occasion également d’en apprendre un peu plus sur le parcours d’Ang Lee et son arrivée difficile aux États-Unis. Valeurs Familiales, le second supplément (24 min.) est l’occasion d’écouter le metteur en scène s’étendre davantage sur Garçon d’honneur et les thématiques qui traversent le film, notamment l’homosexualité et la famille. On y apprend, au passage, qu’il s’agissait de son premier script, avant Pushing Hands, et Lee d’expliquer comment se sont montés les deux films dans l’ordre inverse. Dans La comédie du remariage, le troisième module (22 min.), le scénariste James Schamus revient essentiellement sur l’incroyable succès du film à Taïwan, qui avait même battu Jurassic Park au box office, évoquant ensuite l’impact et les conséquences sociologiques de ce succès en tentant de donner quelques clés explicatives sur cet engouement inattendu. Enfin, Le Garçon d’honneur donne la parole à l’acteur Mitchell Lichtenstein, qui se remémore le tournage du film avec une voix à la fois émue et timide. Au total, près de 1h20 d’entretiens passionnants pour les cinéphiles.
LA BANDE-ANNONCE (en VO) :
Par Nicolas Rieux