Mondociné

ÉVASION de Mikael Hafström
En salles – critique (action)

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Spectateurs

21041625_20130919114531457.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre :
note 4
Carte d’identité :
Nom : Escape Plan
Père : Mikael Hafström
Livret de famille : Sylvester Stallone (Ray Breslin), Arnold Schwarzenegger (Rottmayer), Jim Caviezel (Willard Hobes), Sam Neill (Dr Kyrie), Vincent D’Onofrio (Lester), Amy Ryan (Abigail), 50 Cents (Hush), Vinnie Jones (Drake)…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 13 novembre 203
Nationalité : USA
Taille : 1h56
Poids : 70 millions $

Signes particuliers (+) : Un concept bisseux attirant, un casting alléchant et des promesses…

Signes particuliers (-) : …malheureusement non tenues. Terne, fade et cousu de fil blanc, Evasion déroule laborieusement sa mécanique tellement dénuée de folie et de second degré, qu’elle en devient ennuyeuse et sans grand intérêt. Balancer Stallone et Schwarzy dans un actionner est loin d’être suffisant pour crier au « film old school ».

 

STALLONE vs SCHWARZY : RENDEZ-VOUS MANQUÉ

Résumé : Ray Breslin est un ingénieur spécialisé dans la conception de prisons ultrasécurisées. Il teste lui-même l’efficacité de ses bâtiments en se faisant enfermer puis en s’évadant. Contacté par une société privée souhaitant tester un concept révolutionnaire de prison hi-tech, il se retrouve prisonnier. Piégé dans ce complexe ultra-moderne, harcelé par un directeur impitoyable et son gardien corrompu, Ray découvre une conspiration pour le faire disparaître à jamais. Sa seule chance de survie : une alliance avec Emil Rottmayer, un co-détenu ayant lui aussi un secret. Pour avoir une chance de s’évader, ils vont d’abord devoir se faire confiance.

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L’INTRO :

Les retrouvailles sur grand écran des deux amis à la ville que sont Stallone et Schwarzenegger avaient de quoi faire fantasmer les geeks que nous sommes. D’autant que  contrairement à un Expendables où ils se sont déjà croisés il y a peu, ils sont cette fois-ci les seules véritables stars mises en lumière par ce Évasion, film d’action bisseux signé Mikael Hafström, le responsable du lamentable pastiche de L’Exorciste avec Anthony Hopkins alias Le Rite. Evasion (Escape Plan en VO), c’est l’histoire à dormir debout d’un architecte spécialisé dans les prisons de haute sécurité (Stallone) qui fait fructifier ses connaissances en se faisant roi de l’évasion des plus grands centres de détention ricains pour en tester leur sécurité et pointer du doigt leurs failles. Jusqu’au jour où il tombe dans un traquenard monté de toutes pièces pour qu’il ne ressorte pas d’un nouveau concept de prison ultra-technologique, où l’on souhaite l’abandonner définitivement. Et Schwarzy dans tout ça ? Le colosse autrichien sera Rottmayer, détenu germanique avec lequel notre héros Stallone va devoir s’associer s’il veut espérer sortir de cet enfer et découvrir qui l’a piégé. Autour de cette tonne de muscles pas de première fraîcheur mais encore sacrément bien conservée, Hafström se paye du beau monde pour animer sa galerie de seconds rôles. Jim Cazaviel en directeur glaçant limite sadique, Sam Neill en toubib carcéral, Vincent d’Onofrio en associé de Stallone dans son business lucratif, 50 Cents en employé génie de l’informatique (eh non, il ne joue pas un taulard pour le coup !) ou encore Vinnie Jones en gardien sans pitié. Un film de mecs, clairement, dont la seule présence féminine se résume à Amy Ryan (The Wire, The Office) amie et partenaire de notre magicien de l’escapade. Allez, du viril, des tronches, du pognon (70 millions) et une idée efficace : let’s fight begin !

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L’AVIS :

Première mission pour le spectateur, passer outre l’improbabilité générale d’un script complètement con. Mais ça, c’est pas bien compliqué. On sait bien en venant voir Evasion, qu’on n’est pas là pour trouver les restes d’un docu-fiction auteuriste tout droit sorti de la sélection Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes. Cet effort là, tout fan d’action old school qui se respecte sera prêt à le consentir, d’autant qu’il se dégage d’un tel pitch, un côté série B d’exploitation eighties pas des plus désagréables. Mieux, on imagine même déjà le résultat non sans une pointe de délectation jubilatoire alors qu’un doux parfum de rétro embaume les narines et commence à se dégager de l’écran…

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Sauf qu’on veut bien que ce soit sympathiquement « old school » de retrouver ces deux mythes du cinéma eighties ensemble en co-vedettes d’un actionner qui fleure bon le vintage patiné comme du vieux cuir de blouson, mais il y a des limites que nos yeux aimeraient bien arrêter de franchir à longueur d’année, à chaque fois que le cinéma hollywoodien décide de nous balancer un nouvelle « bourrinerie » pétaradante décérébrée se traînant avec une nonchalance passablement énervante. Car en l’occurrence ici, c’est de la salle dont on voudrait s’évader tant le pathétique de l’entreprise nous confronte face une réalité que l’on refuse parfois de voir : certaines légendes sont fatiguées, voire dépassées. Mais le détail qui fait tiquer, c’est que les récents exploits de ce tandem d’icones de légende du cinéma d’action, dans les Expendables par exemple, comme dans leurs derniers films solo (Du Plomb dans la Tête pour l’un, Le Dernier Rempart pour l’autre) avaient eu tendance à montrer que Stallone comme le Gouvernator, étaient certes marqués mais pas encore complètement HS, loin de là. Les regards se tournent donc vers Mikael Hafström, potentiel nouveau coupable d’un crime de lèse-majesté envers le cinéma…

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Cinéaste de la référence passionné par le cinéma d’antan qui l’a fait rêvé gamin (comme nous), Hafström n’a de cesse d’aller piller dans nos mémoires collectives pour essayer de ramener à la vie ce qui l’a marqué en étant que fan de cinoche pop corn d’une époque. Le problème, c’est qu’il existe un réel décalage entre ce qu’il souhaiterait faire et ce qu’il fait, parce qu’il est tout simplement un tâcheron et un bien mauvais représentant de la caste. Sa tentative de ressusciter L’Exorciste était affligeante, celle d’exhumer l’épouvante à l’ancienne avec Chambre 1408 ne valait pas grand-chose et le thriller Dérapage (avec Clive Owen et Aniston) était aussi inutile qu’anecdotique. Le voir aux commandes d’un blockbuster bis tout en baston, en action et en punchlines avait de quoi faire flipper. Craintes confirmées.

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On ne demandait pourtant pas grand-chose à Hafström, juste de nous servir au moins un actionner décomplexé quitte à faire dans le mimétisme d’une époque en essayant de s’appliquer tout en se reposant sur des stars expérimentées qui savent faire le job. Sauf que le duo a beau faire le sien, le cinéaste lui, semble bien incapable d’assumer son poste. Evasion est réalisé avec une mollesse qui n’a d’égale que son manque d’âme et de souffle carcéral, il manque de rythme malgré ses vaines tentatives d’énervement qui prennent autant qu’une mauvaise mayonnaise avariée, ses personnages paraissent sous-considérés entre un héros anémique campé par un Stallone en roue libre et un Schwarzy consigné au rôle de sidekick sans caractère, et même son humour mis au régime ne parvient pas à extraire l’exercice de son sérieux plombant que trois punchlines faiblardes ne sauvent pas. En observateur du genre qui a essayé de bien étudier son affaire sans en comprendre l’essence, Hafström rame comme un galérien à tous les niveaux et, peut-être trop impressionné par son projet, il rate surtout le coche essentiel de la folie. Là où les précités Le Dernier Rempart de Kim Jee-won ou Du Plomb dans la Tête de Walter Hill savaient trouver au moins un juste tempo entre l’action bien balancée et le second degré caractérisé, Evasion lui, lorgne plutôt du côté du cinéma de Steven Seagal : fade, plat, terne et sans inspiration. On finit par s’y ennuyer aussi ferme que devant un DTV lambda fainéant et formaté, qui n’aurait de luxueux que sa distribution derrière sa facture d’épisode de série télé sans grand dynamisme ou emballement. Poussif de bout en bout, Evasion est un bel exemple d’acte manqué désincarné à la mécanique laborieuse, qui ne tient aucune des promesses qu’il affichait.

 

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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