Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Elvis & Nixon
Mère : Liza Johnson
Date de naissance : 2016
Majorité : 20 juillet 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h26 / Poids : NC
Genre : Comédie, biopic
Livret de famille : Michael Shannon, Kevin Spacey, Alex Pettyfer, Tate Donovan, Evan Peters, Johnny Knoxville, Colin Hanks…
Signes particuliers : Une véritable rencontre du passé restée dans l’histoire, et une véritable rencontre d’aujourd’hui, entre deux immenses comédiens.
LE KING DU ROCK vs LE KING DE LA MAISON BLANCHE
LA CRITIQUE DE ELVIS & NIXON
Résumé : La rencontre improbable et méconnue entre Elvis, la plus grande star de l’époque, et le Président Nixon l’homme le plus puissant du monde. Deux monuments que tout oppose.
En 1970, Elvis Presley se rend à Washington dans le but de convaincre le président Nixon de le nommer agent fédéral. Se présentant à l’improviste à la Maison Blanche, la rock-star réussit à faire remettre une lettre en mains propres au président pour solliciter un rendez-vous secret. Conseillers de Nixon, Egil « Bud » Krogh et Dwight Chapin expliquent à leur patron qu’une rencontre avec Elvis au cours d’une année électorale peut améliorer son image. Mais Nixon n’est pas d’humeur à donner satisfaction à l’artiste. C’est sans compter sur la détermination d’Elvis ! Il propose un « contrat » à Krogh et Chapin : il signera un autographe pour la fille de Nixon en échange d’un tête-à-tête avec le président. À la très grande surprise de Nixon et de ses conseillers, l’homme politique et le chanteur se découvrent des affinités. À commencer par leur mépris affiché pour la contreculture …Il est comme ça des rencontres entre célébrités totalement improbables tant leurs univers et ce qu’ils incarnent, diverge complètement. Des rencontres immortalisées par des clichés étonnants, souvent devenus aussi légendaires qu’amusants. Comme ce jour où Arnold Schwarzenegger posa fièrement avec l’illustre cinéaste japonais Akira Kurosawa. Comme ce jour où Chaplin s’afficha aux côtés de Gandhi puis Einstein, ou encore ce jour où Michael Jackson posa avec Mister T en faisant semblant de lui asséner un coup de poing dans le menton. Dans la même lignée, la rencontre entre le King Elvis Presley et le Président Richard Nixon ne manque pas de surprendre et de convoquer quelques sourires. Le premier était une star adulée, le second un Président décrié. Le premier était l’idole de la jeunesse, le second était un vieux rétrograde. Le premier était un « personnage » gentiment fou, le second un rustre pas fun pour un kopek. Et pourtant, le 21 décembre 1970, ils se sont retrouvés face à face à la Maison Blanche. Elvis, légèrement timbré sur les bords, avait sollicité cet entretien avec le « Boss de l’Amérique » via une longue lettre de six pages, pour lui proposer ses services dans la lutte contre le fléau de la drogue et lui suggérer de le nommer officiellement « Agent Fédéral Spécial » rattaché au Bureau des Narcotiques. Surréaliste. De son côté, Nixon voyait dans cette opportunité, l’occasion de faire remonter sa côte de popularité. Une rencontre immortalisée par un unique cliché plus que célèbre, et derrière, un bon lot de spéculations et de légendes urbaines.
Vingt ans après le Elvis Meets Nixon d’Allan Arkush, la réalisatrice Liza Johnson (Hateship Loveship, Return) porte de nouveau à l’écran, sur la base d’un scénario cosigné par le comédien Cary Elwes, cette rencontre improbable du troisième type entre deux icônes de l’histoire américaine ô combien différentes. Décidée à traiter cet épisode rocambolesque sur le ton d’un humour ravageur et délirant, Liza Johnson nous entraîne dans les coulisses de cette impayable entrevue inattendue et signe un film aussi modeste par l’apparence, que jouissif dans le résultat qu’il affiche. Devant sa caméra, c’est un truculent numéro d’acteurs qui s’orchestre, opposant le mésestimé Michael Shannon, parfait en Elvis touchant et délicieusement doux-dingue, et l’inestimable Kevin Spacey, qui retrouve son bureau ovale après avoir brillé dans la série House of Cards. Tous deux fabuleux dans leurs rôles respectifs, Shannon apportant toute sa singularité au déjanté Elvis, alors que Spacey cabotine pour mieux brocarder avec panache l’antipathique Nixon, cette réunion de talents donne lieu à un petit moment de cinéma débridé et quasi-théâtral, comme on voudrait en voir plus souvent.
Petite fantaisie portée par sa fraîcheur et son second degré assumé, Elvis & Nixon s’empare d’un fait réel recréé à partir de documents d’archives et de souvenirs relatés par certains des protagonistes impliqués dans ce jour très spécial, et brode, imagine, affabule. Mais surtout, Elvis & Nixon régale. Si beaucoup de choses sont inventées, particulièrement les dialogues tous fictifs, le gros de cette anecdote ubuesque narrée, a bel et bien eu lieu. Et pour ceux qui n’en ont jamais entendu parler, Elvis & Nixon est un voyage hallucinant dans l’absurde, alors qu’une superstar perchée dans ses nuages tente de convaincre un Président margoulin, de lui refiler un badge d’agent du FBI pour infiltrer « incognito », le monde drogué jusqu’à la moelle des Rolling Stones et des Black Panthers ! Comme ne pas se marrer d’avance devant pareil délire ? Et c’est justement parce qu’elle l’a pris sous l’angle du « délire », que Liza Johnson livre une réussite dont on se délecte à chaque instant, traversée de moments d’anthologie à l’indéniable pouvoir comique. A voir sans modération !
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux