Mondociné

DANS SES YEUX (critique)

Partagez cet article
Spectateurs

affiche-Dans-ses-yeux-El-Secreto-de-sus-ojos-2009-1Mondo-mètre :
note 8
Carte d’identité :
Nom : El secreto de sus ojos
Père : Juan José Campanella
Livret de famille : Ricardo Darin (Benjamin), Soledad Villamil (Irene), Pablo Rago (Ricardo), Javier Godino (Isidoro), Guillermo Francella (Pablo), José Luis Gioia (Baez), Carla Quevedo (Coloto), Rudy Romano (Ordonez)…
Date de naissance : 2009 / Nationalité : Espagne, Argentine
Taille/Poids : 2h09 – 2 millions $

Signes particuliers (+) : Un scénario brillant, une construction redoutablement intelligente, une mise en scène hallucinante de maestria et d’excellents comédiens. Que demander de plus à ce film bourré de génie, de séquences cultes (entre intrigue policière et pics de tension) et de dialogues percutants.

Signes particuliers (-) : x

 

L’ARGENTINE, C’EST PAS JUSTE LE FOOT ET LE PAPE…

Résumé : 25 ans après avoir enquêté sur le viol et le meurtre sauvage d’une jeune femme mariée, un écrivain se lance dans l’écriture d’un roman sur l’affaire. Petit à petit, il revient sur ce drame qui l’a tant obsédé depuis tout ce temps et sur le contexte particulier de l’époque…

photo-Dans-ses-yeux-El-Secreto-de-sus-ojos-2009-5

Dans ses Yeux est l’une des plus belles perles offertes au cinéma mondial par l’Argentine ces dernières années. Si la vitalité du cinéma local n’est pas nouvelle, le cinéaste Juan José Campanella le place à nouveau sous les feux des projecteurs, huit ans après déjà fait figurer son pays dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger avec Le Fils de la Mariée. Sauf que cette fois-ci, c’est avec la précieuse statuette qu’il repartira de la Cérémonie américaine et autant l’avouer, c’était bien mérité !

Capture d’écran 2013-03-26 à 09.19.56

Dans ses Yeux impressionne par l’incroyable réussite qu’il impose aussi bien au niveau stylistique que thématique. Partant d’une volonté de parler de « la mémoire », thème central du film, dans toute sa complexité, Campanella montre, de son aveu, la faculté qu’elle a à nous affecter plusieurs années ou décennies plus tard sur des points et évènements antérieurs que le cerveau humain ou par extension l’imaginaire collectif a besoin de digérer. Si la mémoire immédiate est une chose, la mémoire à long terme en est une autre, tout aussi importante et peut-être bien plus intéressante à bien des égards que ce soit sur un plan personnel ou sociologique. Ici, le récit prend pour point de départ Benjamin Esposito, ancien agent fédéral désormais à la retraite cherchant à se reconvertir dans l’écriture. C’est à la faveur de son premier livre qu’il va voir ses démons passés remonter à la surface et en particulier ce meurtre, en 1974, qui l’avait tant affecté, qui avait été un chapitre important dans sa vie. Au gré de son travail actuel, c’est tout un passé aujourd’hui assimilé et regardé avec un certain recul temporel et mental, qui va remonter à la surface entre l’obstination d’un mari veuf prêt à tout pour que le coupable soit retrouvé, entre son acharnement avec son adjoint de l’époque pour résoudre cette enquête l’ayant amené à désobéir à sa hiérarchie, mais aussi entre l’amour inavoué qu’il éprouvait pour sa supérieure et le regard qu’il porte aujourd’hui sur l’Argentine d’une époque révolue. Campanella montre comment, 25 ans plus tard, une petite étincelle fait ressurgir un passé, des souvenirs, comment des évènements trouvent une résonance bien des années plus tard alors qu’on les observe sous un nouveau jour, avec une maturité différente, une situation personnelle différente donnant un autre éclairage sur des faits qu’à chaud, on ne percevait pas de la même manière. Il montre également comment certains faits ont besoin de temps pour être compris, pour être assimilés, comment ils peuvent perdurer de façon latente, rangés de côté par volonté immédiate d’oublier un traumatisme mais revenant plus tard, une fois la sérénité venue et le recul suffisant établi, pour les étudier sous un  nouveau jour, délesté du poids du choc à évacuer sur le moment.

film-401-4

Cette analyse universelle, Campanella ne va pas la livrer dans un métrage pompeusement existentiel mais à la force d’une intrigue passionnante, construite sur des fondations diverses et variées en termes de genres, allant du thriller au mélodrame, du policier complexe au polar sombre, en passant par le film politico-historique matinée d’une touche de comédie judicieusement glissée (via un duo de policiers renvoyant délicieusement au duo de shérifs Wayne-Martin dans le Rio Bravo de Hawks). Ce brassage des genres aurait pu conduire Dans ses Yeux a un équilibre précaire voire bancal mais la construction millimétrée et brillamment orchestrée par Campanella éblouit d’intelligence. Optant pour une structure narrative à double temporalité allant et venant entre 1974 et 1999, entre l’enquête d’époque et l’écriture du roman policier actuel par un jeu de montage exceptionnel de cohérence et de malice aboutissant à une introspection du récit dans lui-même, le film réussit à ne jamais s’éparpiller, à ne jamais perdre le spectateur en route, le plongeant au contraire dans un remarquable jeu d’histoires parallèles parfaitement ficelées et mises en scène. Captivant dans son histoire, Dans ses Yeux se paye le luxe d’une perfection intense à tous les étages possibles. Des dialogues lorgnant vers Scorsese ou Tarantino au brillant jeu des comédiens (Ricardo Darin, Guillermo Francella et Soledad Villamil en tête), des émotions ressenties entre compassion, rire et terreur à sa superbe photographie tantôt noire tantôt lumineuse sans oublier une réalisation inspirée dans laquelle se démarque l’un des plus incroyable plan-séquence que le cinéma nous ait offert depuis ceux d’un De Palma de la grande époque.

javier

D’une grande richesse nous faisant passer par tous les stades, à la fois beau, émouvant et dur et poignant, Dans ses Yeux est l’une des réussites indéniables de cette année 2010. Du grand cinéma arrivé à maturité et du grand art tout court.

Bande-annonce :

One thought on “DANS SES YEUX (critique)

  1. After examine just a number of of the weblog posts in your website now, and I actually like your way of blogging. I bookmarked it to my bookmark website record and can be checking again soon. Pls try my website as well and permit me know what you believe. [url=http://www.jordan2013outlet.com]authentic jordans[/url] authentic jordans

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux